Projet de Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne

Un document important à l’échelon de l’UE est en projet.

Nous y lisons à l’article 5, 3, que «La traite des être humains est interdite». On sait que le commerce des êtres humains à des fins sexuelles concerne majoritairement des femmes.

L’article 15,1, prévoit que: «Toute personne a le droit de travailler et d’exercer une profession librement choisie ou acceptée». On peut penser qu’il serait utile de préciser: «en tout temps».

Le chapitre III porte sur l’égalité et son article 20 stipule: «Toutes les personnes sont égales en droit».

L’article 21 concerne la non-discrimination et nous relevons que c’est le sexe qui est cité en premier lieu. Dans un autre chapitre, l’article 33 se rapporte à la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale. Il y est précisé que toute personne a droit à des congés concernant la vie familiale notamment en cas de naissance ou d’adoption.

Il importe que l’autorité publique sanctionne toute discrimination de sexe faite par des particuliers ou des groupes.

La femme du siècle

Un siècle s’achète et l’Association internationale de la Femme de l’année a récemment désigné la cosmonaute russe Valentina Tereshkova, âgée aujourd’hui de 63 ans, comme la femme du siècle («le Soir» 13 octobre 2000).

Elle est restée seule pendant trois jours dans sa capsule lancée dans l’espace. Elle est la première femme à avoir accompli cet exploit mais pas la première personne à l’avoir accompli. En effet, c’est à un homme qu’est revenu l’honneur d’être le premier être humain lancé dans l’espace.

Nous ferons à ce sujet deux observations

  1. Ce qui importe, c’est qu’une femme aussi a accompli cette prouesse,
  2. Quand il s’agit d’êtres qui ne peuvent se prévaloir ou se glorifier d’être «le premier», on ne cherche pas à assurer la primauté à un être de sexe masculin: c’est à la malheureuse chienne Laïka qui s’est désintégré au retour – qu’est revenu l’honneur d’être à la fois la première chienne et le premier chien (non générique) de l’espace.

Travail, vie privée, violence

Lors de la Marche 2000, le Groupement belge de la Porte Ouverte a organisé un atelier sur le sujet «femmes immigrées, travail, violence». Le sujet mérite d’être encore approfondi.

Il y a les violences individuelles qui tendent à interdire aux femmes de sortir de chez elle pour suivre une formation, solliciter un emploi ou exercer une profession. Ce sont des violences physiques évidentes ou des menaces ou encore le poids de toute une tradition et d’une société.

Il importe de tenir compte de ces facteurs lorsqu’une femme, immigrée ou non, «exprime le libre choix de rester au foyer». Rappelons que la Fédération européenne des femmes actives au foyer a récemment déclaré: que leur dépendance les empêche non seulement de se défendre elles-mêmes contre la violence familiale mais encore de défendre leurs enfants.

La violence contre «l’intrusion» des femmes sur le marché du travail peut prendre la forme du harcèlement sexuel contre les femmes qui osent s’introduire dans les chasses gardées masculines. C’est ainsi que, si le 25ème anniversaire de l’entrée des femmes à l’armée a été dûment souligné lors du défilé de la fête nationale, la presse relate, en octobre (par ex.«Vers l’avenir»- 12 octobre 2000) qu’à l’armée une femme sur trois subit, sous des formes diverses, le harcèlement sexuel. Peut-on considérer comme une véritable sanction le renvoi dans la mère-patrie d’un militaire en «mission humanitaire» à l’étranger, ce qui lui fait simplement perdre de l’argent. Aucune réprobation n’est organisée contre les auteurs et les victimes font parfois même l’objet d’un harcèlement moral. Quel citoyen, quelle citoyenne peut-il (elle) garder sa confiance ou sa neutralité à l’égard d’une institution dont la hiérarchie tolère la discrimination sexuelle et le harcèlement ?

D’autre part, la conférence diplomatique qui se réunit au ministère des affaires européennes a aussi eu des retentissements dans la presse et les médias et l’accent a été, presque officiellement, mis sur la présence des femmes.

On a évidemment constaté la faible proportion des femmes qui sont chefs de poste et on a analysé l’attitude des familles. Dans une profession qui implique des séjours variés à l’étranger, l’attitude du conjoint et le souci des études des enfants entrent en ligne de compte. Les conjoints masculins doivent avoir un métier compatible avec cette situation tandis qu’il est probable que, les épouses des diplomates renoncent plus facilement à leur propre activité professionnelle pour devenir «Madame l’ambassadrice», qui a un rôle à jouer et que la «situation de papa» serait bénéfique à l’éducation des enfants, même en cas d’éloignement.

Est-il étonnant que le féminin d’ambassadeur soit ambassadeure ?

Dans une autre sphère avez-vous suivi quelques réunions préélectorales ?

Avez-vous remarqué que les épouses des candidats sont plus souvent présentes et actives que les époux des candidates qui ont, eux, leurs propres occupations qu’ils ne sacrifient pas au profit de la carrière de leur épouse. Qu’est-ce qui manque le plus aux candidates, demande-t-on. Est-ce le temps, est-ce l’argent ? Non, elles n’ont pas, elles, une épouse dévouée à leur cause, sauf si le conjoint peut se prévaloir d’être l’organisateur de la réunion mais non le secrétaire de Madame. PREPARATION de l’Assemblée générale des membres qui doit avoir lieu le jeudi 22 février 2001.

Parmi les points qui seront à l’ordre du jour se trouve l’élection de membres du comité.

Seront sortantes en 2001 Mmes:

  • Ascherman Renna
  • Collart Anne-Françoise
  • Exsteyl Marie-Christine
  • Rochette-Remy Yvonne

Les candidatures doivent être présentées par écrit au moins par trois membres du Groupement et être acceptées par écrit par les candidat(e)s. Les présentations et les acceptations doivent parvenir au siège social avant le 8 janvier 2000.

Notre livre «Deux féministes»

Il s’agit d’un volume de 86 pages comprenant les biographies des deux féministes, les témoignages de personnes qui les ont connues, des articles de leur plume et des photos. Il est vendu au prix de 100 F.B. s’il est acquis sur place (à nos réunions, au siège social sur rendez-vous, dans le cadre de l’exposition ou à la librairie féministe ARTEMYS, galerie Bortier 8 à 1000 Bruxelles (près de la gare centrale et de la bibliothèque Albertine) qui est ouverte les mardis, mercredis et jeudis de 12h. à 19h., les samedis de 10h. à 19h.

Commémoration 2000

FIN DE SIECLE-FIN DE MILLENAIRE / Nouveau siècle-Nouveau millénaire

Au cours de la dernière année du XXème siècle, nous avons eu l’occasion de consacrer plusieurs mois à la Commémoration 2000 en mémoire de Louise De Craene-Van Duuren (1875-1938) et de Georgette Ciselet (1900-1983) par diverses manifestations qui nous ont permis de faire le point de la condition des femmes.

Il nous reste à vous souhaiter, ainsi qu’aux vôtres, SANTE, JOIE et ACTIVITE pour l’année qui commence.

Les métiers du sport

Nous avons déjà abordé le sujet: le sport peut être une activité exercée pendant les loisirs; il peut aussi – et il semble l’être de plus en plus – devenir une profession, une profession que l’on n’exerce peut-être pas pendant la durée normale d’une carrière mais qui peut déboucher sur des activités professionnelles, de gestion par exemple, dérivant du sport. Il y a aussi autour du sport et des sportifs et des sportives, une série de professionnels, organisateurs, etc.

Le sujet de la femme dans le sport, dans les sports, n’a pas assez retenu l’attention jusqu’à présent et les femmes sont moins nombreuses que les hommes à faire du sport une carrière professionnelle.

Il y a des préjugés et on peut encore rencontrer des gens qui considèrent que certains sports ne «conviennent» pas aux femmes, que le sport ne doit pas être pratiqué par les femmes comme par les hommes: c’est l’idée de la grâce opposée à la force et la conception que certains milieux se font du «rôle» des femmes dans la famille et la société éloigne les fillettes des milieux sportifs.

On rapporte que, sur les 200 délégations présentes aux Jeux olympiques de Sydney, 12 «seulement» ne comptaient aucune femme.

Combien y a-t-il de femmes qui ont le sport dans leurs compétences?

Le Comité olympique international ne brille pas par le nombre de femmes qui y siègent et le Comité olympique belge ne compte qu’une seule femme. Combien de femmes arbitrent dans les divers sports pratiqués dans notre pays? A quels niveaux de qualification exercent-elles? Voit-on beaucoup de femmes arbitrer des matchs d’hommes?

L’arbitrage d’un match de sportives est-il toujours payé autant que celui d’un match d’hommes de la même discipline et de même niveau? Combien de femmes parmi les gestionnaires du sport aux divers niveaux et dans les diverses disciplines.

Et dans la haute administration du sport, une seule femme, Mme Carla Gall, à la tête du BLOSO (Communauté flamande). Le ministère de la Communauté française a commandé une étude universitaire sur la question des femmes dans le sport et consacre, le 1er décembre 2000, une journée d’étude à cette question.

Une opinion

On reconnaît de plus en plus souvent que l’émancipation des femmes est non seulement un droit individuel et collectif pour elles mais encore que leur émancipation est un facteur essentiel d’amélioration de l’ensemble de la société.

C’est ainsi que nous pouvons souligner un passage essentiel de la mise en oeuvre des recommandations faites par le Conseil économique et social des Nations Unies à sa session de fond de 2000 sur «Le rôle de l’emploi et du travail dans l’élimination de la pauvreté: renforcement des moyens d’action et promotion de la femme» (document E/2000/64 page 29). «L’éducation est un droit de l’homme et un instrument essentiel de la réalisation des objectifs d’égalité, de développement et de paix? Investir dans l’éducation de type scolaire et non scolaire et dans la formation des filles et des femmes s’est révélé être l’un des meilleurs moyens de réaliser un développement durable et une croissance économique à la fois soutenue et durable» (N.D.L.R. c’est nous qui soulignons).

En Arabie séoudite

Amnesty International vient de publier (septembre 2000) un rapport intitulé: «Le triste sort réservé aux femmes». La violence familiale est coutumière mais n’est pas l’objet de sanctions. Toute une série de mesures légales réduisent la liberté de mouvement et la liberté d’expression des femmes.

Le pays ne respecte pas les engagements contractés par les traités internationaux au sujet de la condition des femmes auxquels il a adhéré et de nouvelles interdictions sont promulguées, c’est ainsi que, à la suite d’une manifestation de femmes conduisant des voitures automobiles, une nouvelle loi fut adoptée pour interdire cette activité aux femmes. (N.B. Cette constatation apporte-t-elle de l’eau au moulin de ceux et celles qui, à chaque revendication des femmes, déclarent que la revendication entraînera l’effet opposé à celui qu’on recherche?).

Malgré le grand nombre de femmes qui ont bénéficié d’un enseignement de niveau supérieur, «force est de constater que l’accès des femmes à l’éducation n’a pas pour corollaire leur intégration dans le monde du travail». Le but officiel de l’éducation de la fille est de faire d’elle «une maîtresse de maison accomplie, une épouse exemplaire et une bonne mère?».

Il y a deux ministres distincts un pour l’éducation des garçons et un pour l’éducation des filles et la ségrégation des élèves des deux sexes dans les écoles «se traduit souvent par une inégalité de traitement et de chances au détriment des femmes».

Et le royaume saoudien prévoit la possibilité pour les filles d’accéder «aux disciplines correspondant aux dispositions naturelles des femmes.» (N.D.L.R. C’est nous qui soulignons. Nous savons ce que cette locution veut dire!).

En ce qui concerne l’enseignement professionnel, la Commission d’experts de l’Organisation internationale du travail a souligné les manquements du gouvernement dans le domaine de l’accès des femmes à des fonctions professionnelles menant à des emplois qui ne sont pas traditionnellement «féminins».

Les femmes rencontrent de grandes difficultés dans l’exercice de leur profession et le rapport cite un exemple: la coutume veut qu’une femme commerçante ne se rende pas en personne au ministère du commerce pour y accomplir des formalités administratives: cela ne «convient» pas. Elle doit y déléguer un fondé de pouvoir masculin; elle doit aussi se faire représenter par un homme dans les réunions et les transactions commerciales. Même actionnaire majoritaire, il serait «indécent» pour une femme de siéger en personne dans un conseil d’administration, bien que cela ne soit pas spécifiquement interdit par la loi islamique.

Majoritaires parmi les diplômés de l’enseignement supérieur, les femmes ne le sont pas dans l’emploi: 2 à 5% de la population active. On trouve des femmes surtout dans les services de santé et les établissements d’enseignement spécifiquement destinés aux filles et aux femmes.

Il y a de nombreuses domestiques qui sont souvent des immigrées et quelques femmes dans le secteur hôtelier, dans les banques et les bureaux, les femmes n’ont pas les mêmes possibilités que les hommes.

L’Assemblée Générale

Aura lieu le jeudi 22 février 2001 et comportera l’élection de membres du Comité.

Seront sortantes en 2001 MmesAscherman Renna, Collart Anne-Françoise, Exsteyl Marie-Christine, Rochette-Remy Yvonne

Les candidatures doivent être présentées par écrit au moins par trois membres du Groupement et être acceptées par écrit par les candidat(e)s. Les formulaires, même incomplets, doivent parvenir au siège social (rue Américaine 16 à 1000 Bruxelles) avant le 8 janvier 2000.

En Lithuanie

Les pays d’Europe qui ne font pas (encore?) partie de l’Union européenne méritenet de retenir notre attention; il importe de voir i la condition économique des femmes est comparable à elle que nous connaissons et l’égalité des hommes et des femmes sur le marché de l’emploi y est plus avancée que chez nous ou si le contraire est vrai.

Un document des Nations Unies nous permet de connaître la situation en Lituanie par exemple. IL S’agit du deuxième rapport périodique de ce pays sur l’application de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW/C/LITU/2)

L’article 11 de la Convention se rapporte au travail professionnel.

On lit évidemment avec satisfaction que «l’égalité des chances des hommes et des femmes et le niveau d’emploi sont actuellement très étroitement liés et que l’égalité des droits des femmes et des hommes sur le marché du travail est un indicateur non seulement de la justice sociale mais aussi de la stabilité économique».

Mais on déchante un peu même beaucoup quand on lit, plus loin, que le service militaire n’est pas obligatoire pour les femmes et que le départ de celles-ci à la retraite se fait cinq ans plus tôt que celui des hommes; certains travaux sont réservées à des personnes d’un seul sexe;

La proportion des femmes dans le monde du travail a diminué depuis 1996 mais elle atteint 47%. La Lituanie, comme de nombreux payx, est caractérisée par une segmentation verticale entre les personnes des deux sexes. Le taux de chômage des femmes s’est accru et est passé de 7,6 à 9%.

En moyenne, la rémunération des femmes est de 77% de celle des hommes et les femmes sont majoritaires dans les catégories professionnelles qui ont les salaires les plus bas.

Enfin, bien que le travail à temps partiel soit peu répandu dans le pays, ce sont les travailleuses qui sont les plus nombreuses dans cette catégorie de personnel. Mais la réduction d’horaire de ces travailleuses n’est pas liée aux tâches du foyer. Ce types de travail concerne 12,3% de l’ensemble des femmes et 10% des femmes mariées (p.35); tout simplement, il n’y a pas de travail disponible.

Là, comme ailleurs, les femmes sont bien le deuxième sexe!