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Un site à voir absolument! Plan Belgique propose de réagir à ce que nous avons déjà plusieurs fois dénoncé comme le scandale du siècle: la situation faite aux Filles et aux Femmes dans le monde.

Parce que je suis une fille… (extrait)

En théorie, tous les garçons et les filles ont les mêmes droits et devraient être traités de la même manière. C’est du moins ce que stipule la Convention internationale des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, le document le plus ratifié au monde (seuls la Somalie et les États-Unis font exception). Tous les États signataires se sont engagés à faire appliquer les droits de l’enfant sans distinction de sexe. Mais la réalité déçoit et inquiète: indéniablement, les filles sont encore trop souvent victimes de discrimination.

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Plafond de verre et organisation de réseaux

Un récent rapport de la Commission européenne intitulé «Women and men in decisionmaking; analysis of the situation and trends» souligne que malgré de récents progrès, les femmes restent exclues des postes à responsabilité tout particulièrement dans le secteur privé et les affaires. Bien que dans la sphère publique, la Belgique ait accompli de grands efforts, l’existence d’un «plafond de verre» freine les femmes compétentes aux postes les plus élevés dans les entreprises ou dans les conseils d’administration.

Partant de ce constat et de l’exemple des hommes occupant des fonctions de décision, dans plusieurs secteurs, des femmes ont créé des réseaux féminins car elles sont minoritaires dans les réseaux classiques. Par exemple, le réseau des Femmes chefs d’entreprise (www.fce-vvb.be); le réseau du Club L Benelux (evelyn.gessler@deciders.eu); le réseau des femmes dans la construction (www.perles.be), celui des femmes travaillant dans les TIC (www.brusselsgirlgeekdinner.be).

La participation à des cercles de connaissance constitue en effet un facteur important dans le développement d’une activité ou la progression dans une carrière. Nous reviendrons dans la prochaine circulaire sur certains de ces réseaux et leurs avantages.

Une étudiante en sociologie de l’Université Libre de Bruxelles, Laureline Leurquin, dont le mémoire* avait pour ambition de vérifier si ce plafond de verre avait une semblable réalité dans le monde académique vient d’être nominée au prix de l’ASPEBr (Association post facultaire des diplômés (licenciés et docteurs) des Sections de Sciences Sociales, Politiques et Économiques,  Informatique et Sciences Humaines de l’Université libre de Bruxelles) pour l’originalité, la rigueur et le courage de sa démarche et de ses résultats.

Elle vient également de recevoir le premier prix du concours de mémoires de L’Université des femmes, qui a reconnu dans son travail un outil innovant susceptible de faire progresser la cause de l’égalité entre Hommes et Femmes.

*Laureline Leurquin, Le plafond de verre «académique» à l’ULB – Examen des parcours académiques des hommes et des femmes au sein d’une cohorte de Docteurs, sous la direction de Gisèle De Meur.

Une rue Marie Popelin…

…vient d’être inaugurée ce 5 juin à Saint-Josse-ten-Noode, non loin de la Place Rogier. Nos membres se souviendront de l’insistance de la Porte Ouverte et de quelques autres associations auprès des pouvoirs publics pour que des hommages soient rendus à la première femme diplômée en droit en Belgique.

Marie Popelin était née à Schaerbeek en 1846; à 37 ans, elle entame ses études de droit qu’elle réussit brillamment. Première femme à obtenir un diplôme de docteur en droit, elle se vit toutefois refuser l’accès au barreau de Bruxelles parce qu’elle était femme; en appel, la Cour lui oppose un arrêt justifiant le refus en invoquant «la nature de la femme, sa mission sociale» et mêmes des «formes féminines susceptibles d’influencer le jury».

La manifestation de la volonté de Marie Popelin d’utiliser professionnellement ses compétences marqua un pas important dans la prise de conscience des discriminations vécues par les femmes au XIXe siècle. Aujourd’hui, elle nous rappelle l’âpreté des combats menés par les femmes pour conquérir un statut égal à celui des hommes… et devrait nous mettre en garde sur les dangers d’un retour en arrière sous l’influence de traditions importées des nombreux endroits du Monde où les femmes n’ont pas encore conquis leur émancipation.

Marie Popelin meurt en 1913 et il faudra attendre 1922 pour qu’une loi permette l’accès des femmes à la profession d’avocate.

Le Tribunal du Moyen Âge

Le tribunal de Lille a défrayé la chronique par sa décision d’annuler un mariage entre deux musulmans à la demande du conjoint (présenté comme «lettré» et «modéré»). Le motif invoqué par l’époux était qu’il estimait avoir été trompé sur la marchandise, n’ayant pas pu constater la virginité de l’épousée lors de la nuit de noce?et de n’avoir pu, comme le veut la tradition de sa Communauté d’origine, exhiber un drap taché de sang devant les invités de la noce.

Malgré une première levée de boucliers d’hommes et femmes politiques (de gauche comme de droite) et de plusieurs personnalités qui défendent l’égalité entre les femmes et les hommes, la Ministre de la Justice, Rachida Dati, légitimait ce jugement sous prétexte que cette annulation de mariage constituait un moyen de protéger l’épouse.

S’il nous semble effectivement très plausible que la séparation devait correspondre aussi au souhait et à l’intérêt de cette femme, il nous apparaît au contraire que la décision prise est extrêmement dangereuse et préjudiciable pour d’autres femmes à l’avenir. Il serait scandaleux qu’un système judiciaire européen se déclare incapable de protéger les femmes autrement qu’en se rangeant à des arguments phallocratiques d’un autre âge. Le divorce, en particulier, a pour fonction de séparer les époux qui ne souhaitent plus rester liés?et les deux époux de commun accord, auraient pu y recourir. La décision du tribunal de Lille est grave parce qu’elle donne à penser que la loi reconnaît des exigences non symétriques entre les deux époux. Et par le sous-entendu que des représailles de la part de l’époux viendraient «naturellement» menacer la «fautive».

Parmi les nombreux commentaires atterrés à la suite de la publication du jugement, relevons un extrait de l’article de l’association française Pro choix (Caroline Fourest: prochoix@prochoix.org) arguant que c’est la nature de la plainte qui est scandaleuse et qu’«elle révèle au grand public ce que tous les gynécologues et centres de planning familial savent déjà, à savoir qu’en 2008, alors que les hommes se vantent volontiers d’être expérimentés, on considère une femme comme un produit dont la date de validation serait périmée dès lors qu’elle a eu une vie sexuelle et amoureuse avant le mariage»?  «certaines jeunes femmes vont même jusqu’à débourser 2700 euros pour se faire recoudre l’hymen en cachette»? «cette tradition sexiste consistant à faire peser l’honneur de la famille entre les cuisses des femmes a une histoire aussi longue que le péché originel»

«Le Soir» du 4 juin, annonçait que suite aux remous créés par l’affaire, une Cour d’Appel reprendra l’affaire à zéro; en cas de jugement confirmé, le Premier Ministre laissait entendre qu’un pourvoi serait introduit en cassation; afin d’éviter le danger de création d’antécédents conduisant à une jurisprudence plus qu’indésirable.

Flexicurité et Genre

Le Conseil pour l’égalité des chances entre hommes et femmes a organisé récemment un séminaire intitulé «Flexicurité et genre». Une politique de flexicurité consiste à combiner la flexibilité sur le marché du travail pour les employeur-euses avec la sécurité d’emploi pour les travailleur-euses. Lors des discussions et des rédactions de textes au niveau européen, l’impact sur le genre n’a pas été analysé alors que celui-ci aura des répercussions tant sur les conditions de travail et la sécurité juridique des travailleuses que sur les perspectives de carrière, la répartition du temps de travail, la sécurité des revenus aussi bien en termes de salaires qu’au niveau du montant des pensions?

Aussi bien les interventions que le débat présidé par le président du Conseil national du Travail avec les syndicats ont mis en exergue les dangers spécifiques pour l’emploi des femmes et leurs liens avec la sécurité et la protection sociales. L’exposé de Pascale Vieille, professeure à l’UCL, était particulièrement fouillé et critique. Elle démontre que les textes européens adoptés sont «partiaux» et incomplets car ils avancent des propositions concrètes de flexibilisation et de déréglementation du droit du travail sans cadre renouvelé de la sécurité sociale susceptible d’intégrer les nouveaux risques et éventualités qu’affronteront les personnes dans leurs trajectoires professionnelles et familiales.

L’outil classique de la sécurité sociale est la mutualisation de certains risques considérés socialement comme «légitimes», alors que la protection sociale pourrait, en vue de s’adapter aux changements sociétaux, recourir à d’autres outils comme les services d’intérêt général ou la fiscalité. Comme la mutualisation, le développement de services d’intérêt généraux accessibles et de qualité, participe d’une politique de régulation et de structuration collective du temps et de l’espace, paradoxalement fondamentale dans une société flexible.

Par exemple, «la prévisibilité et l’homogénéité des horaires de structures d’accueil ou scolaires, de transports ou d’autres services publics contribuent à soutenir employeurs et travailleurs dans l’organisation de la flexibilité du marché du travail et sont indispensables pour les ménages qui doivent concilier vie professionnelle et vie privée». Les politiques d’organisation du «temps des cités» («Bureau du temps» comme l’expérience en Italie) ou le droit familial peuvent aussi contribuer à cette réorganisation des temps et de l’espace social, familial et de travail pour tous et toutes.

Lire plus: «Flexicurité: redéfinir la sécurité des citoyens européens» par Pascale Vielle (UCL); exposé présenté à «L’Observatoire social européen»; octobre 2007; www.ose.be.

Le genre sous l’angle des politiques sociales

Placé sous la direction de Bernard Fusulier et Annie Cornet, le dernier numéro de la revue «LES POLITIQUES SOCIALES» pose la question du genre: Quels sont les a priori sexués qui traversent la relation d’aide ? Comment s’attaquer aux causes des inégalités attachées aux différences de genre ? Comment assurer l’égalité dans le respect des différences ? Le genre marque-t-il l’articulation travail-famille des professionnel-le-s du travail social ? Dans ce numéro, quelques bons éléments de réponse et de réflexion.

Plus d’info: www.lespolitiquessociales.org

Femmes et recherche scientifique en Europe

Le Parlement européen a adopté, le mercredi 21 mai 2008, un rapport d’initiative sur la sous-représentation des femmes dans le monde scientifique, à 416 voix pour, 75 contre et 164 abstentions. Le Parlement appelle ainsi la Commission européenne et les États membres à «engager des actions pour encourager les femmes chercheurs, comme la mise en place de programme de soutien pour les jeunes femmes scientifiques et la poursuite de la mise en réseau les regroupant au niveau local, national et européen».

Par le biais de ce rapport, le Parlement demande également aux États membres d’opter pour « des processus de recrutement plus transparents » et d’exiger un « équilibre dans les organes décisionnels, tels que les groupes d’évaluation et comités de sélection, en s’assurant qu’ils soient au moins composés de 40% de femmes ».

Selon le Parlement, l’objectif de l’UE, qui est de viser « l’objectif de 25% des femmes occupant un poste à responsabilité dans le secteur de la recherche publique », est « insuffisant et manque d’ambition ». Il rappelle que la parité implique « au moins 40% de femmes ».

Selon la stratégie de Lisbonne, l’Europe devrait recruter 700 000 chercheurs supplémentaires. Mais les femmes restent minoritaires dans la recherche en Europe. Elles représentent 35% des chercheurs dans le public et seulement 18% dans le privé. Bien que les femmes représentent la moitié des étudiants européens et 43% des titulaires de doctorats, seules 15% d’entre elles occupent des postes supérieurs (« senior ») à l’université, ce qui réduit leur influence au niveau des prises de décision dans la recherche.

Contact : Parlement européen, Fabienne Gutmann Vormus, Presse,

Effets pervers

Un article publié par la fédération syndicale unitaire (FSU) s’inquiète de ce que le parlement français vient de voter dans le cadre d’une loi dite «de lutte contre les discriminations», un article qui est de fait porteur de dispositions discriminatoires permettant l’organisation d’enseignements séparant filles et garçons. Les auteurs de l’article craignent, à juste titre, que cette décision n’ouvre une brèche supplémentaire dans le système éducatif permettant aux écoles privées, parfois à caractère communautariste, de s’emparer de ce texte pour se développer selon une ségrégation des sexes. Le risque de voir se développer des activités spécifiquement masculines ou féminines en est accru ainsi que l’impossibilité d’apprendre comme dans une école mixte à se connaître, se respecter et faire l’expérience de l’égalité (dans au moins un domaine!)

En savoir plus: http://www.fsu.fr/spip.php?article979 «La mixité à l’école mise en cause». Nous constatons une fois de plus la tendance générale en Europe de grignotages des acquis en matière d’égalité entre hommes et femmes.

La Femme de l’année

Yaël Naze

Après le prix de la Haute Maurienne et le Prix de la Vulgarisation du Hainaut, pour son premier livre les «Couleurs de l’Univers», après le Prixde la Plume d’Or et le Prix Verdickt-Rijdams pour l’«Astronomie au Féminin», et après le prix de la SRSL pour ses recherches, Yaël NAZE a reçu le prix de femme de l’année 2007, décerné par le Conseil des Femmes francophones de Belgique.

Le CFFB en collaboration avec le Centre Féminin d’Education Permanente propose une conférence(*) et une rencontre avec Yaël NAZE dont le parcours exceptionnel d’astrophysicienne permet non seulement une contribution importante à cette discipline mais aussi à la présence des femmes dans un domaine scientifique plus traditionnellement masculin.

Pour plus d’informations:http://smooz.4your.net/cffb/files/ju08.pdf

(*) «Voyage dans le système solaire», le 25 septembre de 19h à 21h à l’Hôtel de Ville de ST. JOSSE.

Crimes d’honneur en hausse

Début juillet, Le Soir titrait qu’en Turquie «Les crimes d’honneur ont la cote»: un rapport dénonce la recrudescence d’une «pratique ancestrale» et montre que la«tendance s’accélère dans les grandes villes». Chaque jour, les médias turcs relatent des histoires sordides ou des suicides forcés de jeunes femmes et téléguidés par les familles; à Istanbul par exemple, la police constate un crime d’honneur par semaine pour «réparer» l’honneur d’une famille le plus souvent «souillé» par une fille VIOLEE, adultérine ou fugueuse.

Une explication viendrait du «très fort exode rural venant du sud-est de la Turquie, du centre de l’Anatolie ou de la Mer noire», exode accompagné des coutumes appliquées dans ces régions. Bien que les codes civil et pénal aient été modifiés, le viol marital reconnu comme crime et les peines augmentées dans les cas de crimes d’honneur, la réalité et les traditions de terrain persistent et des juges persistent à utiliser la notion de «provocation» pour réduire les peines. Des femmes sont encore «données» par leur famille à un homme d’une autre famille pour «réparer» d’autres types de crime, elles sont mariées de force, ou VENDUES pour environ 4000 euros (d’après le témoignage repris dans le quotidien) pour d’autres raisons comme par exemple, des résiliations de dette.

On peut s’inquiéter de constater en ce 21ième siècle des horreurs de ce type dans un pays qui postule son entrée dans l’Union européenne. En outre, la persistance de ces pratiques dans les pays voisins ne risque-t-elle pas de déteindre sur nos populations d’origine immigrée, produisant des conséquences rétrogrades dans les démocraties laïques, égalitaires et modernes de l’Europe?