Télétravail: solutionmiracle ou «effet pervers»?

La revue informatique «ADA» spécialisée en matière de «femmes et informatique» publiait en décembre 05, les résultats d’une enquête ECATT et d’une autre menée par la DARES, qui entre autres abordait la question de savoir si ce mode de travail était utilisé par les femmes dans le but de concilier, travail professionnel et travail domestique.

L’enquête ECATT révélait que le télétravail était principalement pratiqué par des hommes et de haut niveau de qualification principalement entre 30 et 39 ans surtout dans le secteur des services aux entreprises. Alors que l’opinion serait plutôt d’y voir principalement des femmes, seules des femmes ayant des enfants de moins de 6 ans étaient renseignées par l’enquête.

Cette constatation n’était pourtant pas confirmée par l’enquête de la DARES qui concluait que «la probabilité qu’une femme soit télétravailleuse ne dépend pas du fait qu’elle ait des enfants ni de leur nombre éventuel et qu’elle semble infirmer l’hypothèse, parfois avancée, que les femmes choisiraient le télétravail pour mieux concilier vie professionnelle et vie familiale»

L’enquête menée de 2000 à 2002 à travers le projet européen «Families, work and IST» montre que si la femme qui télétravaille a pour objectif de réduire le temps de trajet et d’introduire plus de souplesse dans son emploi du temps pour mieux assumer les tâches domestiques, elle assumera encore plus qu’auparavant ce type de tâche: «ce n’est pas étonnant: si le télétravail est envisagé pour permettre une meilleure prise en charge des tâches domestiques, il va par définition requérir un investissement plus important en temps dans la gestion domestique par les femmes salariées.» Par contre, si c’est un homme qui télétravaille, on constate aussi une augmentation du temps consacré à la vie domestique bien que le plus souvent pour l’homme, ce sont des raisons liées au travail qui justifient le choix du télétravail.

Si le télétravail est choisi par un homme salarié comme moyen de réduire le temps de trajet, il amènera souvent un meilleur équilibre dans le couple. Il semblerait donc que si certaines formes de télétravail facilitent la gestion du temps entre famille et travail, la renégociation de la répartition des tâches dans le couple aille dans le sens de l’équité entre les sexes, seulement si le télétravailleur est un homme.

Deux physiciennes remarquables

Une jeune femme belge, ingénieure et astrophysicienne, Sophie Van Eck, vient de recevoir, fin d’année 2005, le prix Stroobant (Académie royale des Sciences de Belgique) pour les premières observations jamais réalisées d’étoiles à plomb, étoiles lourdes apparemment exceptionnelles relativement à nos moyens d’observation. Ces étoiles particulières ont une structure permettant aux atomes de fer de capter de plus en plus de neutrons, pour finalement produire des noyaux très lourds, dont le plomb.

Écologiste de renommée mondiale, l’Indienne Vandana Shiva lutte pour le droit des paysans de l’hémisphère sud, pour la préservation de notre terre, contre la biopiraterie (brevets de multinationales permettant l’appropriation du vivant et des ressources naturelles).

Physicienne de formation, elle a créé la Fondation pour la Recherche en Science, Technologie et Écologie en Inde. De passage à Bruxelles, elle disait entre bien d’autres vérités, que «des agricultrices indiennes ayant tout perdu de leurs ressources à la campagne, lui ont dit qu’elles allaient au marché pour vendre la seule chose qui me reste, mon corps? (un rein par exemple est vendu environ 450 euros) afin de rembourser leurs dettes.»

Lire: la collection «Pensée féministe»

Nombre de nos membres connaissent déjà les nombreuses activités féministes de l’Université des Femmes? L’Université des Femmes rassemble des féministes avec la volonté de développer et de diffuser un savoir féministe accessible à tous et à toutes. Ses travaux et recherches portent sur l’actualité socio-politique en lien avec les femmes. Les principales activités de l’Université des Femmes sont la construction d’un savoir féministe et de la bibliothèque féministe Léonie La Fontaine. Depuis 1982, elle publie sa remarquable «Chronique féministe» qui traite régulièrement d’un thème de société dans une perspective féministe et informe des événements et des luttes de femmes d’ici et d’ailleurs.

L’Université des Femmes annonce à présent la parution de sa nouvelle collection «Pensées féministes». Elle vient de publier dans cette nouvelle collection: «Quelles vieillesses pour les femmes» (photo ci-contre) et «Familles? attachantes?»

Ce dernier recueil d’exposés «scrute les principaux éléments d’une contradiction intense propre à la condition des femmes et par conséquent au mouvement féministe. Il part de la constatation que ce sont les femmes qui, concrètement «font» la famille, que les femmes, féministes ou non, sont très attachées aux structures et relations familiales mais qu’en même temps, comme le montrent les féministes, la famille est un pilier de l’oppression des femmes, un foyer de relations arbitraires, parfois violentes, et que la charge des responsabilités familiales, toujours si inégalement partagées, est une source de l’infériorisation des femmes dans la vie professionnelle, sociale et politique.» Site: http://www.universitedesfemmes.be/

Rendez-vous le 8 mars!

Autour de la Journée de la femme, le Cercle du libre examen de l’ULB organise plusieurs activités le 8 mars. Un colloque, monté en association avec le Centre Gavroche – centre d’étude et de recherche en littérature d’enfance et de jeunesse, aura lieu à la salle de vision de la bibliothèque des sciences humaines (salle 2Vis), de 9 h 30 à 15 h 30. Cette rencontre aura pour thème la femme, le sexisme et l’enfance. De 10 h à 16 h, des stands seront ouverts dans le bâtiment H. Plusieurs associations ont été invitées: le Groupement Belge de la Porte Ouverte pour l’émancipation économique de la travailleuse, Amnesty international, Ni putes ni soumises, et bien d’autres? Cette activité permettra notamment aux associations de se faire connaître auprès du public étudiant.

Egalement, une exposition, une distribution de mimosa, un concert de «Anik et Jean-Luc», groupe électro-pop féministe, dès 19 h 30.

Le stand de la Porte Ouverte vous attend, Hall du bâtiment H, av Héger, Campus du Solbosch (XL) de 10H à 16H.

Métiers sexués

Selon les chiffres récemment publiés par l’INS, certaines professions se profilent toujours clairement comme masculines et d’autres comme typiquement féminines.

Les femmes comme auparavant sont occupées le plus souvent dans les activités administratives et les secteurs des soins de santé. Il n’y a toujours presque pas de nettoyeurs ménagers (0,2%) ou de «maîtres de jardins d’enfants» (1%). À l’inverse, dans tous les types d’emploi appartenant au secteur du bâtiment, il y a une nette prédominance masculine. Des métiers techniques tels que mécanicien automobile (99%), menuisier (98%) ou peintre (98%) ne sont donc exercés quasiment que par des hommes.

Seules, les conductrices d’autobus (15%) font une ascension remarquée!

Les clichés sexistes perdurent au travers des stéréotypes

Selon le magazine américain «Fortune», alors que 50,3% des cadres sont de sexe féminin, les femmes représentent moins de 2% des PDG des 1000 plus grandes entreprises américaines et 7,9% des plus gros salaires dans les 500 premières sociétés. Les raisons invoquées se résument, comme en Europe, toujours à la même litanie: les femmes sont en âge d’avoir leur premier enfant au moment même où elles doivent faire leurs preuves au travail; elles rechignent à faire des semaines de 80 heures et à parcourir le monde; elles se concentrent trop sur les fonctions administratives comme les ressources humaines ou le marketing où elles n’acquirent pas de compétences en matière de gestion.

Bien qu’il soit prouvé qu’il n’y a pas de différences entre les styles de direction des patrons qui réussissent, qu’ils soient féminins ou masculins, les problèmes, selon le centre de recherche Catalyst, vient du fait que les deux sexes aveuglés par leurs préjugés, ne croient pas à cette réalité. Les femmes intérioriseraient les stéréotypes de la domination masculine, selon lesquels elles feraient des chefs moins efficaces.

Après avoir analysé une série d’enquêtes sur les modes de management sans trouver de différences notables, Catalyst a interrogé plusieurs centaines de cadres des deux sexes leur demandant d’évaluer l’efficacité des dirigeants hommes et femmes à partir de dix comportements différents en évitant les comparaisons directes de type «qui est le meilleur en matière de…?»

Les hommes disent qu’hommes et femmes sont à peu près égaux lorsqu’il s’agit de bâtir une équipe, de servir de mentor, de consulter et de se constituer un carnet d’adresses. Ils donnent aux femmes des notes plus élevées pour deux qualités: soutenir et récompenser. En revanche, ils s’estiment supérieurs en matière de résolutions de problèmes, de stimulation, de délégation et d’influence sur la hiérarchie, quatre qualités essentielles pour un dirigeant. Comme les hommes détiennent généralement le pouvoir dans les entreprises, ces opinions expliqueraient pourquoi les femmes sont si faiblement représentées au sommet de la hiérarchie.

De leur côté, les femmes s’estiment plus aptes à motiver et à récompenser les employés, à résoudre des problèmes, former une équipe, consulter et stimuler. Mais elles disent aussi que les hommes sont meilleurs pour bâtir un réseau, exercer une influence sur les supérieurs et déléguer.

«Or chacun sait que les perceptions influencent fortement la réalité tout en n’étant pas la réalité» disent les responsables de Catalyst. Ils conseillent aux entreprises de s’assurer que femmes et hommes sont jugés de la même manière lors des évaluations.

Femmes au pouvoir: c’est pourtant possible

Angela Merkel, première femme chancelière en Allemagne, n’est pas la seule au monde à diriger un gouvernement, bien que seulement 4 autres pays soient dans le même cas actuellement.

  • En Nouvelle-Zélande, Helen Clark dirige le gouvernement depuis décembre 1999.
  • Au Bangladesh, Begum Khaleda Zia dirige le pays depuis octobre 2001 après avoir gagné les législatives.
  • Au Sao Tomé et Principe, Maria do Carmo Silveira a été nommée en juin 2005 et en Mozambique, Luisa Diogo est devenue Première Ministre en février 2004.

Rappelons qu’en ce qui concerne la présidence d’un pays, seulement trois femmes ont cet honneur dans le monde.

La force d’une Femme

Khadiatou DIALLO a remporté le prix «Femme de l’année» 2005 pour avoir fondé le GAMS (Groupement d’hommes et de femmes pour l’Abolitions des Mutilations Sexuelles); celui-ci existe déjà en France et fait partie d’un réseau européen contre les «pratiques traditionnelles néfastes».

Cette Peule d’origine sénégalaise sait de quoi elle parle: à l’âge de 7 ans, elle a été infibulée avec un couteau suisse et recousue; à 12 ans elle a été mariée de force (comme c’est la coutume dans certains pays) à un homme de 45 ans et donc à nouveau coupée, «décousue»; inconsciente, elle a été dit-elle «violée par le pédophile».

Divorcée, elle a été à nouveau mariée de force «pour que ma famille ne perde pas la face»; elle a eu son premier enfant à 15 ans et son mari la battait. Elle l’a abandonné après le décès de sa mère («on ne pouvait plus lui dire qu’elle n’avait pas su éduquer sa fille») et s’est mise à travailler sur un marché pour subvenir aux besoins de ses enfants. Arrivée en Belgique, elle a voulu briser les tabous et a enquêté auprès de nombreuses Africaines, en parallèle à de nombreuses lectures sur les origines sur ces pratiques pudiquement appelées «culturelles.»

Sous prétexte qu’une femme excisée serait plus fidèle, ces mutilations (qui d’ailleurs, précise-t-elle «ne sont pas dictées par le Coran») sont infligées à des millions de fillettes. Le GAMS a pour but d’être un lieu de paroles pour tenter de guérir les séquelles de ces horribles tortures, il offre aussi un soutien psychologique pour résister aux pressions familiales et tenter d’empêcher la perpétuation de cette tradition inacceptable. On sait à présent que ce terrible handicap à vie est vécu aussi par des enfants nées chez nous, certaines étant excisées en cachette en Europe ou encore dans le pays d’origine de leur famille, à l’occasion de bien cruelles «vacances».

Plus d’info sur le site: http://www.gams.be

Amnesty International dénonce la violence conjugale

Amnesty international a lancé une grande campagne de sensibilisation pour combattre la violence conjugale, en ciblant principalement les jeunes gens. A côté de spots et d’affiches, il publie «un guide pratique pour sortir de la violence conjugale» comprenant notamment des adresses où porter plainte, où se réfugier, une série de signaux d’alarme à prendre en compte pour la femme avec parmi ceux-ci par exemple: «s’opposer à ce que vous travailliez à l’extérieur» et «vous reprocher vos dépenses», «ne pas donner (ou pas assez) d’argent pour le ménage»; le site comporte également un lien vers un site d’aide aux hommes violents: http://www.viril-mais-pas-violent.be

On ne répétera jamais trop, en pensant à ces situations, que le travail professionnel, surtout à temps plein, permet d’acquérir une indépendance économique suffisante pour pouvoir échapper à ce piège de la violence conjugale: la victime économiquement autonome peut s’enfuir et s’assumer non seulement en cas de violences subies mais aussi en cas d’abandon ou de divorce.

Résolution de PO pour 2006

Garantir le principe universel et inaliénable d’Egalité entre les sexes

L’Assemblée Générale de notre Groupement, réunie ce 28 février 2006, a adopté à l’unanimité la résolution suivante:

Constatant la stagnation et parfois le recul des conditions permettant la totale émancipation économique des femmes, en Belgique, en Europe et dans le reste du monde, le Groupement Belge de la Porte Ouverte déclare n’accepter aucune remise en question des droits acquis par les Femmes ni du principe inaliénable de l’Egalité entre les sexes.

Le Groupement conteste toute exception à ces droits et principes, en particulier pour motifs culturels, religieux ou économiques.

Dans ce but, il soutient le primat des lois civiles (égales pour toutes et tous) sur les lois religieuses et sur les «lois du marché».

Il demande à l’Etat belge et à ses représentants de n’accepter aucune dérogation à ces principes en aucun endroit de l’espace public (monde de l’éducation, établissements de santé et de soins, monde du travail, tribunaux, lieux publics…) et de publier sa ferme volonté de faire respecter par tous le principe d’égalité entre les sexes.

© Porte Ouverte 2007