EDITORIAL : LA RENTRÉE SCOLAIRE.

En cette période de l’année, nous n’échapperons pas au sujet de saison : la rentrée.

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que l’obligation scolaire est la même pour les mineurs des deux sexes et que les jeunes filles sont de plus en plus nombreuses à poursuivre des études comme les jeunes gens.

Les responsables des études supérieures ont récemment insisté sur la répartition des étudiants des deux sexes dans les différentes filières d’études et expliqué qu’il est souhaitable que davantage de filles s’engagent dans la voie des sciences et techniques.

Rappelons qu’une fondation néerlandaise a, il y a déjà quelques années, édité des cartes postales montrant notamment une fille portant des tresses qui dit : «Il faudra s’habituer à un(e) électricien(ne) qui porte des tresses»; on montrait aussi une fille disant que son père considère qu’aide-dentiste est bien pour elle mais qu’elle veut être dentiste. Autre carte, l’ingénieure X.. : qu’y a-t-il de drôle à cette mention?

Dans un monde où le travail évolue et où, chaque jour, davantage de personnes doivent changer de profession ou de spécialisation pour des raisons diverses, il importe que les personnes des deux sexes prennent la voie des études à horaire décalé ou de l’enseignement de promotion sociale.

A cet égard il serait bon de voir quelle utilisation les hommes et les femmes font des congés éducation ou des horaires de travail à temps partiel et de voir si la moindre mobilité des femmes n’est pas un frein pour elles si elles ne disposent pas d’un moyen de transport personnel et résident dans des régions rurales; cette question se pose particulièrement pour les femmes «rentrantes» désireuses d’essayer de travailler à nouveau après une (trop) longue interruption de carrière.

A.H.

UNE POLITIQUE DE L’EMPLOI…

…est une préoccupation majeure de notre époque…… et peut être de tous les temps. C’est une préoccupation majeure pour les institutions, les gouvernements et les groupes d’états comme l’Union Européenne qui a une stratégie européenne pour l’emploi.

Dans notre pays, le Conseil Supérieur de l’Emploi vient de publier (juin 2003) un avis concernant la politique belge en la matière.

Nous y avons cueilli divers passages qui ont un intérêt pour la réflexion sur l’emploi des femmes. Les perspectives s’étendent jusqu’à l’horizon 2010 mais on lit aussi des constatations qui concernent la situation passée et l’incidence des conceptions sur la situation actuelle de l’emploi des femmes. C’est une reconnaissance officielle des constatations faites depuis longtemps par les mouvements féministes : les auteurs de l’avis constatent que le taux d’activité des femmes de Belgique est notablement plus bas que celui de hommes de Belgique et de la moyenne européenne pour les femmes.

Affinant l’analyse, ils étudient les divers groupes d’âge et constatent que le taux d’activité des femmes âgées est notablement plus faible que celui des femmes plus jeunes, conséquence du retrait des femmes hors du marché du travail, autrefois ou naguère pour raisons familiales. C’est une situation qui résulte de la conception patriarcale régnante selon laquelle le mari, le père, est le chef de famille, la femme restant au foyer pour les enfants. Cette conception vaut notamment si l’on constate le phénomène des «rentrantes» qui reprennent ou tentent de reprendre une activité professionnelle, une fois les enfants élevés.

Qu’on nous permette une digression. Lors de réformes ou de modernisations, on a toujours constaté une rigidité des conceptions en matière de condition des femmes; c’est ainsi qu’après la dernière guerre mondiale, la mise en place de la sécurité sociale a introduit une discrimination de sexe au détriment des femmes en introduisant dans ces mécanismes de protection la structure familiale de code Napoléon : pension de survie pour les veuves de travailleurs et absence de pension pour les veufs de travailleuses ayant cotisé.

Les auteurs de l’avis rappellent qu’il faudrait inciter les hommes à profiter des possibilités qui leur sont offertes de bénéficier de régimes de travail leur permettant de mieux concilier l’activité professionnelle et les charges familiales. Celles-ci ne sont pas uniquement financières mais exigent un engagement personnel.

L’avis ne souligne peut-être pas assez la charge que constituent les adultes handicapés et membres âgés de l’entourage des travailleurs et travailleuses.

Dans le cas des enfants, l’avis estime qu’il est important d’augmenter le nombre des structures d’accueil extra familial des enfants jeunes ou moins jeunes et, à cette fin, de rendre plus attrayant le métier de gardien(ne) d’enfants.

On souligne aussi la nécessité d’assurer les mêmes chances d’embauche, de revenu professionnel et de développement de carrière.

Qu’on n’attende pas patiemment l’année 2010.

DANS LE MONDE

Les constatations sont partout les mêmes. Malgré leurs capacités les femmes ont globalement partout une situation sociale inférieure à celle des hommes pris dans leur ensemble.

A propos du Japon, la revue «Asia Pacific perspectives» de août 2003, a publié un article intitulé «Help for working women» (aide aux femmes au travail).

L’article constate que les femmes de ce pays ont une bonne santé et un niveau d’éducation très élevé. Cependant divers obstacles les empêchent de mettre leurs compétences au service de la société. En raison de la situation démographique le gouvernement désire développer le travail des femmes. Il va donc mettre en place un système mesures de discrimination positive, d’études etc. Selon le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) le Japon est au 32ème rang (sur 66 nations développées) dans le domaine des questions de genre.

Mais 26% seulement des entreprises sont favorables à l’application de mesures de discrimination positive. Le Japon s’est fixé comme objectif qu’en 2020 (patientons!) il y ait 30% de femmes parmi les «managers» et postes d’autorité, pour 8,9% actuellement.

Passons dans un autre continent, le Brésil. La situation des femmes au Brésil est l’objet d’une étude intitulée «Agrarian change, gender and lands rights» (‘Réforme agraire, genre et droits fonciers’ in : politique sociale et développement, UN research Institute for social development- paper n° 14- juin 2003) de la professeure Julia S. Guivant de l’Université fédérale Santa Catarina du Brésil.

Cette étude met en évidence la marginalisation des femmes rurales par les institutions gouvernementales et même par les mouvements de paysans sans terre.

L’article analyse les changements survenus dans l’agriculture de cet immense pays en particulier au cours des 20 dernières années; les «travailleurs sans terre» n’ont pas de structure spéciale pour les femmes. Cependant, il y a des quota, dont le système est examiné par l’auteure, en vue d’assurer la représentation des femmes aux assemblées où les droits fonciers sont en cause.

La constitution de 1988 a établi le principe d’égalité des hommes et des femmes. L’auteure constate qu’il est important que les femmes rurales s’emploient à obtenir des postes clés dans les organisations représentatives. La structure basée sur la ferme familiale renforce la structure familiale : «…la ferme familiale (est) le modèle idéal d’organisation rurale qui tend à occulter les différences de pouvoir dans la structure familiale. Les hommes, encore considérés comme des chefs de famille, sont les principaux bénéficiaires des politiques visant à renforcer l’agriculture familiale» (ibidem, page V) .

L’autonomisation des femmes est en train de s’établir de façon non préméditée; les femmes ont joué un rôle actif dans les campements installés sur les terres occupées mais l’influence qu’elles y ont gagnée risque «de se diluer lorsque les populations se seront établies et que les relations entre hommes et femmes redeviendront ce qu’elles ont toujours été…» (page V). Comme d’habitude, après la guerre «tout rentrera dans l’ordre».

En ce qui concerne les droits fonciers en général, dans le monde et au cours de l’histoire rappelons que, dans beaucoup de cultures qui connaissent une appropriation collective du sol, les femmes sont privées du partage et que chez nous, le passage du régime hollandais à l’indépendance de la Belgique a eu pour effet que des femmes détentrices de droits politiques par leurs titres fonciers s’en sont vues privées : c’était une «modernisation» des structures politiques qui bénéficiait sans doute à certains groupes d’hommes.

Ces réflexions nous mènent peut-être loin de l’actualité au Brésil mais nous rappellent combien le sexisme est totalitaire et universel.

PERSONALIA P.O.

Notre vice-présidente néerlandophone, madame Reina Ascherman est traductrice avec madame Macha Snouckaert van Shauburg du livre qui vient d’être publié aux éditions Lannoo, Tielt, 2003, sous le titre «André De Staercke, Mémoires, Alles is voorbijgegaan als een schaduw». L’auteur a été secrétaire du prince régent.

DES FAITS SIGNIFICATIFS

Des nouvelles brèves qu’on lit dans la presse ont sans doute une signification pour la cause de l’émancipation économique des femmes quand on les regroupe.

A propos de journalisme, on apprend avec intérêt qu’une femme est la porte-parole du Tour de France (masculin) alors qu’à l’origine les femmes étaient exclues des voitures de la caravane…. Mais on parle moins du Tour de France des femmes cyclistes.

La présence de femmes plus nombreuses parmi les correspondants de guerre est sans doute un des facteurs qui ont fait mieux connaître les exactions et les crimes dont les femmes sont victimes dans les conflits armés, ainsi que les conditions de vie de ces femmes en général… Mais il faut en payer le prix : «une journaliste canado-iranienne a payé de sa vie sa « curiosité » en Iran».

Il importe que la presse et les media répercutent certains événements. Exemple : mentionnons le succès de foule (100.000 personnes présentes) à Mexico pour un match de football féminin; ou la présence, en Suède, d’une femme Suissesse arbitre d’un match de football de haut niveau qui a tenu à souligner qu’elle était arbitre ordinaire et pas une femme-arbitre.

Société civile et démocratisation : les mouvements de femmes dans les pays arabes (Maroc, Autorité palestinienne, Tunisie, Koweït)

…donnée par Madame FUENCISLA CARMONA BLANCO, licenciée en philologie et histoire orientale (ULB), qui aura lieu le JEUDI 16 OCTOBRE 2003 à 19h dans la salle H 4.159; 4e étage du bâtiment H du campus du Solbosch de l’Université libre de Bruxelles, Avenue Héger, 6, 1050 BRUXELLES. Entré gratuite

  • Trams 90, 23 : Arrêt « étoile » au bas de l’avenue des courses.
  • Trams 93, 94  Bus 71 : Arrêt « ULB » au haut de l’avenue Héger.

Entrer dans le bâtiment H par la porte 6
Prendre ascenseur à droite
4ème étage – local: 4.159

Cette conférence et les suivantes, se placent dans le cadre des activités du G.I.E.F. (Groupe interdisciplinaire d’études sur les femmes), avec l’accord des professeures GUBIN et DE MEUR. PO conserve son autonomie à l’occasion de cette collaboration.

Les membres de l’U.L.B., en particulier les étudiants, sont cordialement invités.

Dates à retenir : jeudi 13 ou 27 novembre (à préciser) et le 18 décembre.

ÉDITORIAL

La mort brutale survenue récemment, de deux femmes en vue et l’attentat contre une femme ministre en Irak, nous amènent à méditer sur l’éclosion ou la poursuite possible d’une vague de féminicides, au sens propre et au sens figuré. On connaît l’élimination prénatale sélective des foetus féminins et la « pratique de l’exposition » des nouveau-nés de sexe féminin, le meurtre excusé ou l’exécution de la femme adultère (« Tue-la ») et d’autres pratiques qui ont un caractère sexospécifique. On se rappellera aussi assassinat, au Canada, d’un groupe de jeunes étudiantes qui avaient osé faire des études sur des matières jugées « masculines » par leur meurtrier.

Dans certains cas, les femmes sont recluses ou séquestrées, elles doivent être invisibles et on ne peut entendre leur voix. Des moyens spécifiques sont employés, par exemple dans les médias, pour dégrader l’image des femmes, par la pornographie, dans la publicité et aussi dans le cadre d’une complaisance faussement dénonciatrice.

Un quotidien ( La Capitale du 15 septembre 2003) intitulait un article consacré à deux de nos ministres : « Séduisantes ministres: deux tops au top ».

Est-ce pour les valoriser ? On peut s’interroger sur les motifs et les mécanismes de la résurgence de cette situation. Certains disent que c’est le prix à payer pour la réussite des femmes « arrivées » dans notre société. C’est une argumentation qu’il faut dénoncer, c’est une méthode traditionnelle de division des femmes et c’est oublier que les femmes ne sont pas « arrivées » à être les égales des hommes notamment dans la vie professionnelle et le monde économique.

Le gouvernement fédéral vient d’être annoncé : alors que l’Institut du genre se met en place, la mention de l’égalité entre hommes et femmes disparaît dans le titre officiel et protocolaire de la ministre qui a la charge de cette compétence dans ses attributions.

Voilà un long détour pour en arriver à l’actualité et souligner un détail !

A.H.

LA CONFÉRENCE NATIONALE POUR L’EMPLOI (19 septembre 2003)

Le Gouvernement n’a pas manqué de faire observer ««à qui de droit» que l’augmentation du taux d’activité des femmes doit être l’objectif majeur dans la perspective de la création de 200.000 emplois nouveaux en quatre ans. Rappelons que ce taux d’activité est notablement inférieur à celui des hommes du pays, que le chômage de longue durée des femmes les expose, lorsqu’elles sont cohabitantes, à la suppression de leur allocation de chômage plus fréquemment que les hommes. Par exemple, dans un ménage dans lequel un des conjoints est au chômage et l’autre au travail le plafond de cumul des revenus est plus vite atteint quand c’est la femme qui est au chômage que lorsque c’est le mari, puisque le gain professionnel du mari est généralement plus élevé que celui des femmes.

Et on semble se diriger vers la création d’emplois ««masculins» pour lesquels les chances d’embauche de femmes sont plus minces. La campagne ««200.000 emplois» doit être doublée d’une vigoureuse campagne : «Tous les emplois accessibles et offerts aussi aux femmes.» ou: «Embauches sans discrimination fondée sur le sexe».

PERSONALIA P.O.

Madame Lydia Deveen-Depauw, qui a fait carrière comme professeure d’université, sénatrice et secrétaire d’Etat, a aussi un talent artistique dans le domaine de la peinture et du dessin.

Une exposition de ses oeuvres a été organisées en septembre 2003 au Gemeenschaps-centrum Op-Weule à Woluwé-Saint-Lambert.