Benoîte Groult

A l’occasion de la sortie de son dernier livre (La touche étoile, Grasset), Benoîte Groult qui mène depuis de longues années des combats pour la reconnaissance des droits des femmes se dit déçue, lors d’une récente interview, de la facilité avec laquelle des jeunes femmes actuelles ont oublié (ou ne se rendent pas compte) les luttes menées pour obtenir le droit de vote et plus d’égalité dans tous les domaines. Elles ne supportent pas d’être cataloguées de féministes, comme «s’il s’agissait d’une étiquette qui les empêchent d’être aimées, d’être séduisantes».

Entre 1968 et 1980, le féminisme était une cause très populaire mais depuis lors «la société s’est refermée, elle a eu très peur de l’avancée des femmes. Aujourd’hui, il y a une espèce de retour au cocooning; les magazines féminins par exemple engagent à pouponner pendant 7 ou 8 ans? et après? Le marché de l’emploi sera fermé; c’est très dangereux comme politique».

Lorsque le journaliste lui demande si elle vote systématiquement pour une femme, elle répond «à valeur à peu près égale, oui»; et celui-ci de lui rétorquer que c’est du sexisme à l’envers sur quoi B. Groult, qui compte aujourd’hui 86 années, de répondre «Il y a tellement de sexisme à l’endroit que je rétablis l’équilibre si je le peux».

Folles de vin

Oenologues, sommelière, viticultrices, négociantes et? consommatrices, les femmes investissent actuellement sans complexe le monde du vin. Alors qu’il y a peu encore, suite à des siècles de préjugés, le vin était affaires d’hommes car les femmes en étaient éloignées par certaines cultures et religions – consommer des boissons alcoolisées fut longtemps l’apanage des femmes «de moeurs légères», prostituées et concubines – les femmes sont devenues des consommatrices écoutées.

Conséquence de leur émancipation qui a suivi les luttes pour l’égalité, les femmes se sont mises à en consommer et sont devenues les responsables des achats dans ce domaine (grandes surfaces surtout).

Ces clientes ouvrent de nouveaux débouchés au secteur car il semblerait qu’elles boivent moins en quantité mais privilégient la qualité, tout en préférant l’aspect festif occasionnel à la consommation quotidienne. En parallèle, le bastion des professions relatives au jus de la vigne s’est ouvert aux femmes et plusieurs sociétés de divers pays se sont associées pour créer une «International Associated Women in Wine».

Pour citer un grand nom connu comme les vins «Château d’Yquem», c’est Sandrine Garbay qui en est devenue «maître » de chai.

Un peu de droit

Le statut civil du (de la) cohabitant-e légal-e en matière de droit de succession est bien moins favorable que le statut d’époux/se.

En effet, prenons l’exemple de deux parents; s’ils sont mariés légalement et qu’un des 2 décède alors que celui-ci possédait 100, le (la) conjoint survivant (e)aura droit à 100 en usufruit et les enfants auront 100 en nue-propriété (la somme leur appartient mais ils ne peuvent y toucher tant que l’usufruitier est en vie). Si les parents sont cohabitants légaux, le (la) cohabitant-e survivant-e ne recevra rien et les enfants auront les 100 en pleine propriété. Lorsqu’il s’agit de l’habitation familiale, dans le cas de cohabitation, l’usufruit de l’habitation n’est acquise au survivant(e) qu’à condition que la valeur de ce bien ne dépasse pas la part qui pourrait lui revenir par testament. Après conversion, il se pourrait que des enfants contestent cette disposition. Moralité ou plutôt, piste de réflexion: il convient de bien réfléchir à toutes les conséquences de choix de mode de vie en commun.

Pinceur de fesses pincé

Pour avoir pincé les fesses ou effleuré les seins d’une douzaine de Québécoises, un cycliste a été condamné à 17 mois de prison. Ce cycliste de 28 ans est considéré comme un criminel en droit canadien et sera inscrit pour 20 ans au registre canadien des délinquants sexuels. Ces gestes sont considérés comme harcèlement sexuel.

L’avocate de la partie civile a applaudi le verdict du juge en déclarant que «les femmes doivent avoir la possibilité de marcher sur la voie publique sans crainte d’être agressées». Nous applaudissons aussi car si «pincer les fesses» paraît à certains et même certaines comme une gaminerie, en transposant l’adage «qui vole un oeuf, vole un boeuf», nous disons que l’imposition volontaire à autrui d’un contact physique non désiré est à prendre au sérieux et à proscrire comme un harcèlement plus important puisqu’il est la voie et l’image de l’ atteinte à l’intégrité physique de la femme.

Tant que certains hommes se permettront (sans que sanctions s’ensuivent) des privautés d’ordre corporelles et sexuelles, la femme en temps que personne humaine sera toujours considérée dans la société comme un être «fragilisable»; cette image la suivra partout, diminuant sa crédibilité, jusque au sein de ses activités les plus sérieuses comme le travail professionnel.

Double travail

Un site français politiquement de «gauche» («pouvoir-ouvrier») écrivait dans son analyse des conditions pour aller vers une plus grande libération des femmes qu’un des grands freins à celle-ci consistait dans «le double travail des femmes travailleuses».

http://www.pouvoir-ouvrier.org/femmes/liberation/LdF6,double.html , (article d’août 2002)

Malgré le fait que, depuis la seconde guerre mondiale, la proportion des femmes travaillant en dehors du foyer familial a augmenté, cette tendance n’a pas changé les éléments fondamentaux de l’oppression des femmes, à savoir l’existence continue d’un modèle familial pesant lourdement sur les femmes en tant que sphère du travail privé (agissant pour la reproduction de la force de travail): «Parce que les femmes sont toujours responsables de la puériculture et font la majeure partie du travail domestique, le foyer demeure leur responsabilité principale, sans alternative». Bien que l’État ait pris en charge des services d’aide comme les crèches, les hôpitaux? aucun service ne remplace «le besoin» d’une personne centrale dans la famille responsable du bien-être social des autres.

Le fait que ce soit toujours les femmes qui occupent ce rôle «mine leur capacité à participer sur un pied d’égalité au travail (rémunéré)». Le fait que tant de femmes qui ont des responsabilités familiales travaillent aussi en dehors du foyer ne veut pas dire que leurs tâches domestiques sont réduites.

De ce fait, si en plus elles ont des enfants, elles doivent travailler pour participer aux charges de la famille mais bien souvent elles prennent (ou sont obligées de prendre) un type de travail organisé de façon à s’adapter aux responsabilités domestiques (équipes du soir, temps partiel?). Cette situation leur permet de combiner deux rôles, aux dépens du temps social pour elles-mêmes ou pour leur famille conclut le texte.

Nous ajoutons que si certaines femmes culpabilisaient (sentiment de culpabilité favorisé par la société) moins de travailler à l’extérieur et de ne pas consacrer «assez» (très subjectif et culturel) de temps à ses enfants, elles pourraient accepter – moralement – de partager avec leur compagnon ce «job» non rémunéré mais important de personnage central garant du bien-être de sa famille.

Personalia

C’est une femme qui a été choisie pour reprendre la présidence du Conseil d’Administration de Brussels South Charleroi Airport. Suite à l’Assemblée Générale tenue en juin dernier, Edmée De Groeve a pris les rênes du C.A. avec la charge du gros dossier d’ouverture de la nouvelle plate-forme aéroportuaire prévue pour l’an prochain. Ce chantier, dont le maître d’oeuvre est la Région Wallonne, est actuellement le plus important de Wallonie.

Les Universit’elles

L’Université des femmes annonce son prochain cycle de formation consacré à «Femmes et justice»; celui-ci débutera le 29 septembre et se terminera le 9 mars à raison d’un après-midi plus ou moins par semaine (renseignements et inscriptions auprès d’Aïcha Belghiti au 02-229.38.25 ou aicha@universitedesfemmes.be.

L’Université a aussi remis ses prix récompensant un travail de fins d’études universitaire ou de hautes écoles; le premier prix de la première catégorie a été remis à Mme Vanessa Gemis pour l’étude «La Scène invisible; les femmes dramaturges en Belgique de M. Dumas à S. Lilar» -mémoire ULB; dans la seconde catégorie, c’est Delphine Michel avec «Pistes pédagogiques pour une approche de l’inégalité des genres en Belgique», mémoire HENAC. Bravo aux deux lauréates!

Elections: votons féministe!

Nos membres qui nous ont signalé se présenter comme candidat-es aux prochaines élections communales du 8 octobre 2006 sollicitent votre soutien: votez pour des féministes!

  • Annie Boisdenghien, liste Socialiste (PS) de Schaerbeek, 25è sur la liste
  • Gisèle De Meur, liste XLCitoyen, d’Ixelles, 28è sur la liste
  • Danielle Evraud, liste Pour l’Intérêt communal (MR) de Molenbeek St Jean, 11è sur la liste
  • Catherine François, Liste du Bourgmestre (LB-PS) de Saint-Gilles, 10è place.
  • Marie Gribomont, liste Ecolo, à Court-St-Etienne (Brabant wallon) à l’avant-dernière (20e) place.
  • Luce Hautier, Liste du Bourgmestre de Saint-Josse, 18è sur la liste
  • Lucienne Mohin, liste Renouveau Bruxellois (RB-libérale) de Bruxelles-Ville, 44è place.
  • Elise Van Der Borst, Liste du Bourgmestre (LBJ) de Jette, 9è sur la liste

Personalia

Viviane Pierrard, ancienne présidente de la Société belge de physique et scientifique attachée à l’Institut d’Aéronomie spatiale de Belgique vient de recevoir à Pékin la médaille Zeldovich. Cette récompense est décernée par le Comité pour la recherche spatiale du Conseil international pour la science et par l’Académie des Sciences de Russie à de jeunes scientifiques pour l’excellence de leurs travaux. Ce sont les travaux de la Dr Pierrard sur l’étude de l’atmosphère supérieure de la terre et des planètes du système solaire qui lui valent cette récompense.

PO, membre de la plate-forme «Vive la Vie»

Suite à l’appel du collectif «Papa, Maman et moi» destiné à faire du 25 juillet la première journée européenne contre l’avortement, les quatre fédérations de centres de planning familial en Communauté française ont pris l’initiative de mettre en place une plate-forme de vigilance par rapport aux risques actuels de dérives extrémistes et de recul des droits en matière de vie affective et sexuelle et particulièrement en matière de droit à l’avortement.

Réaffirmant son attachement aux valeurs démocratiques, «Vive la vie», défend une intangible liberté de choix que doivent pouvoir exercer, en âme et conscience, chacun et chacune de nous et tout particulièrement dans le domaine privé de la vie affective et sexuelle. La plate-forme revendique aussi le respect des différences et l’égalité des droits dans ces différences.

Cette plate-forme regroupe environ 40 associations allant de La Ligue des Familles au Conseil de la Jeunesse d’Expression française en passant par l’Université des Femmes et Vie Féminine?

Reprenant les commentaires d’un journaliste du journal «Le Soir», nous pensons aussi qu’il y a danger de reculs et de perte de nos droits chèrement acquis: on constate le retour de réactions patriarcales, simplistes, d’amalgames dans un domaine où la femme est la première victime de ceux et celles qui veulent un droit de regard sur ses droits génésiques?

Nous pouvons nous demander comme le journaliste «A force de remonter le temps des avancées démocratiques? les ultras de tous poils ont encore de solides sabliers à retourner pour en revenir au temps (béni) de la création originelle; après l’avortement, la contraception? après la caresse, le baiser et dans quelques années on en reviendra… au si bucolique duel sur le pré et à la très regrettée peine de mort».

N’oublions pas: répondant à une question parlementaire, le Ministre de l’Intérieur précisait que 2559 viols ont été déclarés à la police en 2004; mais on estimait que moins de 10% des crimes et délits sexuels étaient déclarés. Ceux et celles qui se proclament contre l’avortement n’ont probablement jamais été violés! ou bien alors ils et elles sont confits en dévotion et sans doute intégristes!