Hommage d’une femme remarquable aux hommes d’avant-garde

Benoite Groult a récemment publié un livre «Le féminisme au masculin», intéressant en tant que source historique se rapportant aux hommes qui au cours des siècles passés défendaient déjà l’égalité pour les femmes et dénonçaient «l’abus de pouvoir» exercé sur elles.

B. Groult, «Le féminisme au masculin», Grasset, Paris, juin 2010.

Interdiction d’informer? les tabous sont de retour!

Informer les jeunes sur la législation belge en matière d’IVG serait, aux dires de certains journalistes et de certaines personnalités politiques, intolérable et contraire à la loi instaurant la neutralité dans l’enseignement! Un dossier pédagogique et un film consacrés aux 20 ans de la loi dépénalisant partiellement l’avortement, ont été récemment édités par le C.A.L.

La Communauté française, par la voie de sa DG Enseignement, a choisi de contribuer à la diffusion de ce dossier pédagogique dans les établissements d’enseignement obligatoire; nous saluons cette initiative, manifestement de nature à donner aux enseignants un outil se voulant le plus objectif possible sur une disposition légale en vigueur dans notre pays.

Mais nous nous étonnons de lire les accusations d’incitation à l’avortement sous la plume d’opposants à ce partage d’information!

Ainsi, la loi devrait rester dans l’ombre, ignorée par notre jeunesse? Ce serait une position grotesque, si elle n’était une tragique manifestation de la langue de bois et da censure puritaine qui s’installent tranquillement sur nos terres… à la une de nos journaux.

En savoir plus:
http://www.calbw.be/Ne-pas-confondre-contribuer-au-libre-choix-et-plebisciter-l-avortement-_a676.html
http://nadiageerts.over-blog.com/article-pro-avortement-ou-pro-information-67413465.html

Une femme Premier Ministre au Mali

Un nouveau gouvernement vient d’être constitué au Mali. Pour la première fois de l’histoire du pays, une femme est nommée chef du gouvernement. Ceci est un grand progrès pour le Mali dans le cadre de l’émancipation des femmes. Mariam Kaidama Cissé, une haut fonctionnaire déjà ministre à deux reprises, aura fort à faire dans un pays où l’autorité féminine peine à s’inscrire dans la sphère publique. Plus d’infos par ce lien.

«Le retour des 343 salopes»

Titre de la Une de Libération le 2 avril dernier pour évoquer le manifeste pour «l’égalité maintenant», 40 ans après celui pour l’avortement. Salope sans guillemets !!! Ce nouveau manifeste appelle à «atteindre l’égalité femme-hommes dans les têtes et dans les faits». L’avortement «C’est un parcours jonché d’obstacles», observe Marie-Pierre Martinet. Pour Caroline de Haas, du réseau «Osez le féminisme !», «le droit n’est pas remis en cause mais dans les faits, il recule, parce que la loi n’est pas appliquée». «Nous sommes continuellement renvoyées à la sphère privée: notre corps, notre apparence, notre fonction de mère, disent-elles. Des mesures doivent être prises rapidement pour garantir l’égalité dans l’emploi, en faisant reculer la précarité du travail des femmes et en imposant l’égalité salariale. Il est temps aussi de prévoir une éducation dès le plus jeune âge pour comprendre et remettre en cause les mécanismes de domination. Nous demandons que chaque femme puisse accéder à une contraception libre et gratuite, puisse avorter dans de bonnes conditions, être mère si elle en fait le choix. Il faut en finir avec les violences sexistes qui pèsent sur chacune d’entre nous…». «Salope» est le summum de l’injonction paradoxale. Il faut l’être pour séduire mais pas trop pour être respectée. Et quoi que fasse une femme, elle ne réussira jamais à ressembler aux différents modèles. Donc, elle culpabilise, perd confiance en elle. Ronger l’estime de soi est le plus sûr moyen de soumettre un individu. Il n’y a bien sûr pas d’équivalent masculin à «salope». Le mot «salope» est le rempart contre l’égalité entre les sexes. Tant que les femmes seront «toutes des salopes» elles ne pourront accéder au pouvoir à égalité avec les hommes. La Présidente du Medef disait le huit mars dernier «le sexisme est un racisme». Faudra-t-il attendre 40 ans de plus pour que les femmes ne soient plus «toutes des salopes» ?

http://www.liberation.fr/societe/01012329402-le-nouveau-manifeste-des-feministes

Libye: Les femmes, actrices de l’ombre de la révolte

Drapeau lybien

Si l’on s’en tient aux images de télévisions, on pourrait croire que la Libye est peuplée d’hommes, exclusivement. Et pourtant, «ce sont les femmes qui, les premières, ont défié l’interdiction de manifester» raconte Naeïma Gebril, juge à la cour d’appel de Benghazi: «Le 15 février, les mères de milliers de prisonniers morts en détention sont venues se poster devant le tribunal de Benghazi avec les portraits de leurs fils. Elles n’ont pas été réprimées: il était impensable que les policiers frappent des femmes». Aux mères se sont progressivement joints des avocats et puis la jeunesse – masculine – a pris le relais et investi la rue. «Les femmes sont rentrées à la maison pendant les violences, mais elles ont toujours fait partie des manifestations. Dix jours plus tard, elles étaient toujours là.» Les femmes ne participent pas uniquement aux rassemblements populaires, mais aussi aux organes qui tentent de structurer la dissidence: le Conseil national de transition libyen en compte une, dont l’identité est tenue secrète, pour des raisons de sécurité. L’éducation, premier pas vers l’émancipation des libyennes. Lorsque la Libye devient indépendante, en 1951, le gouvernement met en place un système éducatif destiné aux filles: «C’est de là que sont parties les premières revendications du droit à travailler. Les premières ont été institutrices et infirmières. Cela a soutenu l’évolution du droit civil. En 1962, le droit de vote des femmes a été inscrit dans la constitution, beaucoup plus tôt que dans d’autres pays arabes.»

http://www.rue89.com/2011/03/12/les-femmes-actrices-de-lombre-de-la-revolte-en-libye-194144

Cantonales en France

Chantal Brunel

13,8 % de conseillères générales: la proportion de femmes élues a augmenté de 0,7 % par rapport à 2008. Un progrès minime, d’autant plus qu’il y avait cette année davantage de candidates qu’aux dernières élections cantonales. Si le féminin de «candidat» est «suppléante» ou «remplaçante», le féminin de conseiller général est «invisible». L’Observatoire de la parité a fait ses comptes. Alors qu’elles étaient 23,2 % parmi les candidats aux élections cantonales, elles ne sont que 13,8 % d’élues: 1 746 hommes, 280 femmes. Il faut dire que la loi n’est pas très incitative: les partis doivent juste faire en sorte que le candidat et son suppléant ne soient pas de même sexe. Et, comme à l’accoutumée, ils se donnent une vague bonne conscience en proposant des femmes candidates… mais les placent dans des circonscriptions dans lesquelles leur parti n’a aucune chance de remporter le scrutin.

L’inquiétude de l’Observatoire et de sa Rapporteuse générale Chantal Brunel (photo) est d’autant plus grande que l’élection au scrutin uninominal majoritaire à deux tours des futurs conseillers territoriaux ne favorise pas la parité.

http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/parite/947-cantonales-le-feminin-de-candidat-est-suppleante (Nouvelles news numéro 93 du 4 avril 2011)

Equal pay day

A l’occasion de la journée de l’égalité salariale « Equal Pay Day » organisé par Business & Professional Women France le 15 avril 2011 dans de nombreuses villes de France, un questionnaire en ligne pouvait être complété sur leur site. Ce questionnaire est composé de 9 questions(*), il fera l’objet d’une synthèse des réponses. Ces recommandations serviront aussi à la rédaction d’un rapport pour le gouvernement français et la commission CEDAW de l’ONU, BPW faisant partie des ONG habilitées à y présenter tous les 4 ans une analyse des avancées et des retards de la France en matière d’égalité femmes/hommes.

(*): Dans quel secteur d’activité travaillez-vous ? Quelle est la taille de votre entreprise? Combien de femmes font-elles partie du Comité de Direction? Le congé maternité est-il neutralisé dans votre entreprise ? (Pas d’impact sur votre salaire et votre carrière). Connaissez-vous des hommes qui prennent leur congé paternité ? Selon vous, quels seraient les moyens les plus pertinents à mettre en oeuvre dans les entreprises pour aller vers l’égalité salariale ?

En savoir plus: European women’s lobby, http://www.womenlobby.org

Manifestation pour et contre l’IVG

Dimanche 27 mars, 2 manifestations se sont croisées. Une des marches était organisée par un nouveau collectif d’étudiant-es qui affirmaient représenter «le nouveau visage de la lutte contre l’avortement». Ces jeunes, en citant des déclarations du pape, demandent que soit abolie la loi du 3 avril 1990 dépénalisant partiellement l’avortement en Belgique. Cette loi permet une interruption volontaire de grossesse jusqu’à la 12ième semaine de gestation après un délai de réflexion de 6 jours à dater du premier contact avec le médecin. Au delà, l’IVG n’est autorisée que si la santé de la patiente est en danger ou si le foetus est atteint d’une malformation grave ou d’une maladie réputée incurable.

Comparaison de foetus de singe et d'humain

Les délais imposés par la loi actuelle sont basés sur des faits scientifiquement avérés, dont les jeunes «anti-avortement» – qui se disent soutenus par leur foi et «par le respect de la vie (humaine)» – semblent ignorer la portée: jusqu’à 12 semaines, l’embryon qui mesure environ 8cm n’a aucune possibilité de vie autonome, et se distingue difficilement des embryons d’autres espèces animales (ci-contre on constate la similitude entre un embryon humain et un singe).

Les réactions ou les perceptions conscientes (perception de la douleur par exemple) sont en outre impossibles avant la 24ème semaine, l’écorce cérébrale foetale (cortex) n’étant pas fonctionnelle avant. Il n’existe pas non plus d’ondes cérébrales régulières avant ce stade du développement. Il est tout de même paradoxal de parler d’être humain sans cerveau «humain» !

Même si l’avortement ne doit pas être pris à la légère, et si on privilégiera évidement d’autres formes de contraceptions, il reste comparable à d’autres interventions chirurgicales entraînant l’ablation de chair ou de partie d’organe. Par contre ne pas pouvoir mettre fin à une grossesse non désirée, voire résultant de violence, pénalise lourdement la femme pour le reste de son existence et peut également peser sur tout un équilibre familial et/ou professionnel.

http://archives.lesoir.be/societe-partisans-et-opposants-a-la-depenalisation_t-20110327-01ARKG.html
http://www.ulb.ac.be/cal/ivg/download/igv_final.pdf

Prostitution: tolérance réglementée ou responsabilisation des clients?

La pénalisation des clients de la prostitution, un des combats prioritaires de Regards de Femmes, dans sa lutte contre les violences envers les femmes, l’objetisation, la marchandisation et l’exploitation du corps des femmes, est à présent proposée en France par le rapport parlementaire de la mission sur la prostitution et a le soutien de Roselyne Bachelot, ministre de la cohésion sociale, en charge des droits des femmes. Cet interdit offrirait un fondement pour une éducation non sexiste incitant filles et garçons, à devenir des adultes respectueux de leur corps et de celui d’autrui. Le système prostitutionnel (souvent mafieux) est un des piliers de l’inégalité sexuelle et des violences envers les femmes. Le processus mis en place par les proxénètes pour conduire des personnes à la prostitution est classique: prendre au piège, créer de la dépendance, prendre le contrôle pour une domination totale. La situation dans les autres pays Européens montre d’un côté, des résultats positifs des pays qui pénalisent les clients, aussi bien pour les personnes prostituées mais également sur l’absence de réseaux maffieux, et de l’autre, la situation dramatique des femmes et des jeunes filles, parfois mineures, dans les pays «réglementaristes». Les rapports faits en Allemagne et au Pays-Bas attesteraient d’une augmentation des violences envers toutes les femmes ainsi que d’une dégradation de la situation réelle des personnes prostituées.

Voir: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/04/11/la-prostitution-n-est-pas-une-fatalite_1505882_3232.html

Réinsertion… à qui profite le crime?

Le meurtrier de Marie Trintignant, sa compagne, Bertrand Cantat est indésirable en France et au Canada mais le Directeur du théâtre de Namur l’autorise à se produire à Namur en 2012 au nom de la… réinsertion de ceux qui ont fait de la prison. Faut-il vraiment en arriver à donner en modèle pour la jeunesse (son public) un homme qui a battu sa compagne à mort?

Certes, on peut débattre longuement… mais n’est-ce pas traiter avec une certaine légèreté la violence contre les femmes? Un peu plus de réserve, de décence, de respect ne donneraient-ils pas un meilleur signal? A moins que… l’argument caché ne soit pas la «réinsertion» d’un criminel ayant purgé sa peine… mais l’espoir de gains plantureux attirés par la prestation d’une vedette très populaire. Qui sait. D’aucuns diront que le public n’a qu’à s’abstenir… là il faudrait que «la rue» décide de brader son plaisir pour une question de morale… On peut rêver.