Wassyla Tamzali sera à Amazone

Réputée sur le plan international pour son oeuvre et son engagement féministe, avocate, ancienne directrice du programme « droits des femmes » à l’Unesco, Wassyla Tamzali est aussi co-fondatrice du Collectif Maghreb Egalité. Elle a récemment publié Une femme en colère. Lettre d’Alger aux Européens désabusés (2009, Gallimard). Elle y interpelle les intellectuels occidentaux « qui se sont battus pour l’universalité des droits de la personne humaine, et se montrent aujourd’hui incapables de penser cette universalité au-delà de l’Europe». Elle s’y interroge profondément sur le rôle qu’a rempli le féminisme laïc d’un point de vue historique. Prenant pour indices la condition d es femmes, la liberté de conscience ou la diversité culturelle, elle y passe au crible les concepts de tolérance, de « laïcité ouverte », d' »Islam modéré », de « droit à la culture » et leurs conséquences politiques dans les pays arabes et musulmans. De l’autre côté de la Méditerranée, en Belgique comme dans les autres pays européens, différentes tendances coexistent au sein du mouvement féministe et plus largement dans la société sur les approches à envisager pour réussir le défi d’une société multiculturelle qui préserve les droits des femmes en général Simone Susskind (présidente de Actions in the Mediterranean, engagée dans de nombreux projets visant à renforcer la position des femmes en Europe et dans les pays de la Méditerranée) interrogera tour à tour Wassyla Tamzali et Ouardia Derriche, militante féministe et des droits humains, ex vice-présidente du Conseil des Femmes Francophones de Belgique et de la Ligue des Droits de l’Homme, sur ces différents sujets. Une rencontre qui s’annonce passionnante!

Le lundi 22 février à 20.00h (10, rue du Méridien, 1210 Bruxelles) www.simonesusskind.be/

Lecture

Un livre «choc» qui fut d’abord interdit de diffusion en Arabie, raconte (traduction de l’arabe) le sujet tabou des relations des filles avec leur fiancé, leur mari et la façon dont elles peuvent vivre leur(s) amour(s) sans transgresser la loi; ce livre stupéfiant et choquant a été écrit par Rajaa Alsanea qui a grandi dans une famille de médecins à Riad. «Les filles de Riyad» Ed. Plon 2005

Journée internationale de la femme 2010: 100 ans

«Droits égaux, opportunités égales: progrès pour tous»

A l’occasion de la Journée internationale des femmes 2010, le Comité international de la Croix-Rouge met l’accent sur les épreuves endurées par les femmes déplacées. Les déplacements de population comptent parmi les conséquences les plus graves des conflits armés actuels. Ils touchent les femmes par bien des aspects. Les femmes déplacées par un conflit armé – qui vivent souvent seules avec leurs enfants – sont fréquemment victimes de violences sexuelles, de discrimination et d’intimidations. Elles sont nombreuses à souffrir en outre de la pauvreté et de l’exclusion sociale. C’est pourquoi le droit international humanitaire comprend des dispositions qui protègent spécifiquement les femmes, par exemple lorsque celles-ci sont enceintes ou ont des enfants en bas âge.

A cette occasion également, le Parlement européen lance une campagne de lutte contre les violences conjugales. La violence à l’égard des femmes doit être considérée comme une violation des droits de l’homme, et notamment du droit à la vie, à la sécurité, à la dignité et à l’intégrité physique et morale.

http://www.europarl.europa.eu/parliament/public/staticDisplay.do;.node2?language=FR&refreshCache=yes&id=75

«La femme en Europe aujourd’hui»

Le 1er mars dernier, l’Association Européenne de la Pensée Libre (AEPL) a organisé un Colloque au Parlement européen consacré à «La femme en Europe Aujourd’hui». Trois brillantes conférencières y ont exposé problèmes et avancées en matière d’égalité entre hommes et femmes en Europe: N. Delaise («Choisir la cause des femmes») a exposé le projet européen de la clause la plus favorable aux femmes, Jamila Si M’Hammed, (présidente du comité belge «Ni Putes Ni soumises» – notre photo) a montré le danger des pressions religieuses et traditionnelles sur les femmes et les jeunes filles issues de l’immigration (mariages forcés, crimes d’honneur, enfermement, etc.) et Bérengère Marques Pereira, (professeure ordinaire à l’Université Libre de Bruxelles) a montré l’importance de l’individuation progressive des femmes pour obtenir un statut social d’égale à égal avec les hommes.

Un compte-rendu plus détaillé est disponible ici.

Inégalités salariales toujours

Une étude sur les inégalités salariales Femme/Homme dans le monde: La Belgique s’y classe très mal (87e sur 134 pays en matière de réduction des inégalités!). En 2009, la Belgique y est épinglée comme un des deux pays où les disparités salariales se sont le plus accrues!! «The Global Gender Gap Report» démontre que seule la suppression de la discrimination de genre dans tous les domaines de la vie peut permettre d’établir les bases d’une société prospère et compétitive. Les dirigeants devraient en tenir compte dans leurs plans de reconstruction des économies déficitaires et mettre en application ces recommandations en vue d’une croissance plausible à long terme» co-auteur Laura Tyson, Professor of Business Administration and Economics, University of California, Berkeley, USA.

http://www.weforum.org/en/Communities/Women%20Leaders%20and%20Gender%20Parity/GenderGapNetwork/index.htm

Elisabeth Badinter contre les idéologies naturaliste et essentialiste

Dans son dernier livre «Le conflit – La femme et la mère» (éd. Flammarion), la philosophe dénonce dénonce la prosélyte «leche league» et les publications de certains théoriciens de «l’instinct maternel» cherchant à faire émerger un nouveau modèle qui fait de la maternité le c½ur de l’identité féminine .Nous reviendrons sur les arguments employés et les circonstances utilisées pour développer une tendance à un «féminisme naturaliste» et différentialiste revalorisant la maternité comme fonction principale de la femme.

Depuis sa sortie vendredi dernier, le livre d’Elisabeth Badinter a suscité de vifs débats dans la presse, et au sein de nombreux mouvements féministes et politiques. Et pour cause? La philosophe et historienne explique dans son essai que nous vivons «une véritable guerre idéologique souterraine, dont on ne mesure pas encore pleinement les conséquences pour les femmes». Cette «guerre idéologique» mêlant le naturalisme et l’essentialisme vise à exacerber le sens du sacrifice des mères, mettant en danger leur liberté, en les incitant à «rester à la maison» pour le bien de l’enfant. http://www.blogjump.eu/?p=9671

A Paris comme en Afghanistan

Le 12 janvier dernier, une femme se faisait asperger d’essence par un homme qui tente de la faire brûler. On pourrait croire que la scène se passe en Afghanistan ou au Pakistan. Mais non, elle se passe en plein Paris!

La jeune femme, Rayhana, est une dramaturge algérienne, dont le «Théâtre contemporain» joue la pièce «A mon âge, je me cache encore pour fumer»: dans un hammam, des femmes se confient. L’une, 8 fois mère, est mariée à un homme paresseux et violent. Une autre raconte sa nuit de noces: elle avait 10 ans. Une jeune fille enceinte est menacée de mort par son frère, offensé ? C’est une pièce engagée dans la défense des femmes musulmanes. Dans son pays, cette pièce n’aurait, probablement, pas pu être jouée.

Par son geste, le meurtrier a voulu empêcher que l’on dénonce les violences faites aux femmes musulmanes. Exactement comme on a fait taire Théo van Gogh? Ajoutons que les comédiennes ne se sont pas laissé intimider et qu’elles ont eu le courage de continuer les représentations.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/14/l-auteure-et-comedienne-rayhana-agressee-a-paris_1291857_3224.html La pièce: http://www.maisondesmetallos.org/A-mon-age-je-me-cache-encore-pour.html

«La pauvreté au féminin»

Ce colloque international (organisé le2 mars dernier par l’ASBL «Collectif des femmes» de Louvain-la-Neuve www.collectifdesfemmes.be) a proposé plusieurs exposés concernant la précarité au féminin, accrue par la vulnérabilité aux violences physiques (en Belgique, ainsi qu’à des témoignages «de femmes du sud»). Notre pays dispose d’un plan fédéral de lutte contre la pauvreté et d’un «Réseau wallon de lutte contre la pauvreté» qui a produit un mémorandum en février 2009 bureau@rwlp.be. La précarité est la première forme d’exclusion y compris avec un fréquent corollaire, celui de ne pouvoir, savoir s’exprimer;16% de des femmes courent un risque de pauvreté contre 14% pour les hommes; les femmes isolées et monoparentales ont 36% de risques d’être précarisées ?

Citons également les travaux de Vie Féminine qui a mené plusieurs recherches et enquêtes auprès de femmes en situation précaire; une étude réalisée en 2006 a été complétée par une recherche-action sur les violences conjugales et la précarité en 2009, une étude réalisée pour leur congrès en mai 2010 (voir le site www.viefeminine.be et bureau-etude@viefemine.be).

Nous mentionnerons également l’étude de la Fondation Roi Baudouin. Une femme sur 5 (22%) dit «avoir du mal à joindre les deux bouts» et 40% disent «s’en sortir sans faire d’extra»; en vivant avec moins de 1000 euros par mois? Les difficultés invoquées sont multiples (comme «la vie chère») tout particulièrement ressentie par des femmes seules, séparées, veuves, divorcées ayant souvent charges d’enfants. Les femmes en couple avouent qu’elles dépendent financièrement de leur compagnon et 11% d’entre elles disent qu’elles continuent de vivre avec celui-ci uniquement parce qu’elles ne pourraient pas subvenir seules à leurs besoins matériels.

Salaires de femmes!

Une analyse syndicale relative aux salaires des femmes (voir www.ituc-csi.org) démontre que les femmes ayant des enfants gagnent en moyenne un tiers de moins que leurs homologues masculins et rencontrent des obstacles spécifiques de carrière. L’étude souligne l’importance sur la progression professionnelle du déséquilibre dans la participation aux tâches ménagères; les mères reçoivent 68% du salaire des hommes de même qualification et les femmes en général 74%; d’un autre côté, des employeurs n’hésitent pas à rogner sur les congés de maternité et continuent à faire passer des tests de grossesse illégaux avant l’embauche.

Maternité et allaitement

Dans son éditorial du 8 mars, la rédactrice en chef du Soir, Béatrice Delvaux remarquait que la société ne renvoyaient plus les femmes aux fourneaux avec mépris mais que la «stratégie» actuelle qui les maintient dans des emplois peu qualifiés et les empêche de traverser les «plafonds de verre» perpétue – hypocrisie en sus – l’exploitation des femmes, en y ajoutant un sentiment de culpabilité «femme-mère». Parmi les voies d’amélioration elle cite l’introduction de la garde alternée en cas de divorce. Mais à côté des timides propositions en ce sens qui voient le jour, on constate des tendances nouvelles à dévaloriser les femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfants (voir l’article «Faut-il être mère pour être reconnue femme?» sur le site de www.ripostlaique.com dans son numéro 130) ou qui ne souhaitent pas allaiter (longuement) leur enfant. Voir le livre d’ E. Badinter (cfr supra).