GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

En cette période de rentrée scolaire il nous semble important de rappeler les résultats d’une recherche que nous avons déjà évoquée précédemment (Bulletin d’octobre 2007): le pédopsychiatre Jean-Paul Matot y expose notamment que « la phobie scolaire apparaît souvent dans des familles qui vivent un peu en vase clos, où le lien mère-enfant a du mal à évoluer». Ce qui va clairement à l’encontre du préjugé courant qui postule qu’une mère au foyer protège et s’occupe «  mieux» de son enfant qu’une mère qui travaille à l’extérieur .

Le Conseil wallon de l’égalité entre hommes et femmes et l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique viennent de publier conjointement un rapport 2008 s’intitulant «Les facteurs de précarité ; photographie statistique de la situation des femmes et des hommes en Wallonie». Ce rapport a pour but de montrer que les niveaux et les chiffres de la croissance présentés habituellement cachent souvent de grandes disparités entre les individus au sein d’une même catégorie car les réalités vécues par les femmes et les hommes sont parfois très différentes. La problématique du genre a été abordée ici sous l’angle de la précarité car l’insécurité et la vulnérabilité sont souvent multidimensionnelles pour certaines femmes et concernent tout à la fois le revenu, le logement, la situation familiale, l’accès à l’emploi, le « capital social»?

Un chapitre sur « l’emploi du temps» est particulièrement révélateur des discriminations subsistantes entre les femmes et les hommes et tout particulièrement dans la relation entre « situation professionnelle et emploi du temps». Une bibliographie intéressante termine le rapport.  Pour en savoir plus: statistiques.wallonie.be et info@iweps.be

La dernière étude de l’Institut pour un développement durable propose et analyse quelques statistiques originales relatives aux bénéficiaires du Droit à l’intégration sociale. Il constate que 90% des bénéficiaires de ce droit bénéficient d’un revenu d’intégration (ancien minimex). Les chiffres montrent que dans toutes les grandes villes, les Femmes et les jeunes sont «surreprésentés». Par exemple, c’est à La Louvière que la proportion de femmes est la plus importante à savoir 63,3%. La Wallonie comptait en 2007 un total de 40.095 bénéficiaires du DIS dont 59,7% de femmes. L’indicateur de «précarité» mis au point dans le cadre de l’observation des réalités locales est original en accordant un poids important à la variable «taille moyenne des ménages».

Sources: Le Soir du 12/9/08 et pour plus d’informations: Institut pour un développement durable: http://www.developpementdurable.be

La Ministre fédérale de l’emploi actuelle vient d’affirmer auprès des partenaires sociaux qu’elle souhaitait des avancées en matière de «diversité» dans le prochain accord interprofessionnel tout en ajoutant «je veux des avancées sur l’harmonisation des salaires hommes-femmes et pour la classification des fonctions». Elle a également remis le label «égalité… diversité» fédéral à 2 entreprises s’étant fixé pour objectif d’éliminer les discriminations au travail via un plan d’action spécifique; il s’agit de la SNCB et de l’ASBL «Boulot».

Rappelons que le Groupement Belge de la Porte Ouverte réclame depuis de très nombreuses années une révision de la classification des fonctions dans TOUS les secteurs, gage incontournable de plus d’égalité salariale repris sous le slogan bien connu «à travail égal-salaire égal».

Nous profitons de l’occasion pour faire en outre remarquer que le terme «diversité» a été homologué par tous les pouvoirs régionaux qui y ont également fourré la dimension du «genre», comme s’il s’agissait d’un clivage comme les autres. Depuis l’émergence de ce terme fédérateur, nous avons fait remarquer l’amalgame créé par ce terme en matière de discriminations: le genre traverse tous les autres clivages et additionne la discrimination sexuelle à d’autres discriminations (handicap, milieu socio-culturel, race, langue, homosexualité…). Il n’est en outre pas caractéristique d’une «minorité», mais bien d’une majorité de la population.

Source: «L’Echo» du 18/9/08

Le RING annonce un colloque prometteur, au thème intéressant et provocateur qui se tiendra le 30 janvier 2009. Ce colloque est organisé par la «Mission pour l’égalité entre les femmes et les hommes» de l’Université de Lyon; son thème: «Comment la science contribue à la construction des inégalités? Comment peut-elle contribuer à leur réduction?». Les questions suivantes seront, entre autres, abordées: sur quoi se fondent les différences? par quels processus ces différences sont-elles hiérarchisées? via quelles sciences? quels sont les acteurs de la production des connaissances?…

Informations: ring@iresco.fr

Le Cercle Marie Guisse, via sa revue «femmes pour la paix», annonce dans ses «Brèves» que c’est une femme, la journaliste tunisienne Souhayr Belhassem qui a été élue présidente de la Fédération internationale des droits humains; malgré les harcèlements subis, elle dénonce les violences infligées aux femmes …et aux hommes, que ce soit au nom de la religion, de l’argent ou de la lutte contre le terrorisme.

Voir: Revue «Femmes pour la paix» numéro 81 de septembre-octobre 08

Vendredi 3 octobre de 14h à 17h dans la salle de conférences de l’Iresco (59, rue Pouchet 75017 Paris) est organisé un débat à l’occasion de la parution du n°44 des «Cahiers du genre» consacré au gender mainstreaming (approche intégrée de l’égalité). Autour de deux tables rondes les articles composant le numéro seront commentés à partir d’une série de questions présentes de manière transversale dans les articles: comment le gender mainstreaming permet de repenser les liens entre égalité des chances et égalité des sexes, action positive et transversalité, dilution et diversité ? Peut-il être pensé comme un nouveau paradigme de l’égalité, principe de justice et d’action, applicable à tout groupe de la population considéré comme discriminé ?

Entrée libre, sans inscription. Source et plus d’infos: http://calenda.revues.org/nouvelle10975.html

Le Soir du 11/9/2008 signalait qu’un luxueux hôtel de Singapour avait décidé de réserver un étage entier rien que pour ses clientes; l’hôtel affirme qu’il a pris cette mesure afin que les femmes qui séjournent dans l’établissement se retrouvent dans «une atmosphère sûre et intime»; le taux d’occupation de cet étage est de 80% depuis son ouverture.

Cette approche de «ségrégation douce» est perverse à plus d’un titre. D’une part elle tend à avaliser le fait que la mixité serait dangereuse pour les femmes, et ce faisant à «justifier» les agressions qui seraient perpétrées à l’encontre des «imprudentes» qui se «risquent» à fréquenter les mêmes espaces que les hommes. En outre, ce type de mesures tend à créer une psychose grandissante chez les femmes, les confortant dans les préjugés et stéréotypes qui entourent le concept de genre: l’idée de l’infériorité physique des «faibles femmes», de leur incapacité à se défendre… autant que celle d’une soi-disant inévitable agressivité masculine à leur encontre.

Hommes et femmes ne doivent pas apprendre à vivre séparés, mais à vivre ensemble en bonne harmonie, et au lieu d’exacerber sans cesse leurs hypothétiques différences, il conviendrait d’apprendre aux jeunes garçons à se conduire de façon civilisée et aimable et aux jeunes filles à s’affirmer sans timidité et à se défendre.

Le Parlement européen vient d’adopter ce 3 septembre 2008 une Résolution sur l’impact du marketing et de la publicité sur l’égalité des genres. Le Parlement émet une série de considérations, dont les suivantes:

• considérant que la socialisation (par l’intermédiaire de l’éducation scolaire, du milieu familial et de l’environnement socioculturel) est un processus qui forge une identité, des valeurs, des croyances et des comportements conférant à l’individu une place et une fonction dans la société où il grandit; considérant que le concept d’identification est essentiel pour comprendre les mécanismes de ce processus,
• considérant que les publicités véhiculant des messages discriminatoires et/ou dégradants fondés sur le genre et toutes les formes de stéréotype de genre constituent un obstacle à l’émergence d’une société moderne et égalitaire,
• considérant que les stéréotypes peuvent contribuer à des comportements qui constituent autant de vecteurs d’identification,
• considérant que la publicité et le marketing sont le miroir d’une culture et qu’ils contribuent aussi à créer des courants culturels,
• considérant que la publicité peut parfois présenter de façon caricaturale la réalité des vies des hommes et des femmes,
• considérant que la discrimination fondée sur le genre est encore largement répandue dans les médias; considérant que l’on peut considérer que les stéréotypes de genre véhiculés par la publicité et les médias y concourent,
• considérant que la publicité véhiculant des stéréotypes de genre se fait ainsi l’écho d’un rapport de force inégal entre les genres,
• considérant que l’égalité entre les hommes et les femmes et l’importance de leur coopération, dans la sphère tant privée que publique, passent par la lutte contre les stéréotypes de genre à tous les niveaux de la société, etc. En conséquence, le Parlement:
• fait observer qu’il conviendrait d’approfondir les recherches afin de décrypter les éventuels liens existant entre la publicité véhiculant des stéréotypes de genre et l’absence d’égalité entre les genres;
• invite le Conseil, la Commission et les États membres à exploiter et à diffuser les résultats des recherches précitées;
• invite le Conseil, la Commission et les États membres à mettre en place des programmes d’action de sensibilisation contre les insultes sexistes ou les images dégradantes de la femme et de l’homme dans la publicité et le marketing;
• invite les États membres à étudier et faire rapport sur l’image des femmes et des hommes dans la publicité et le marketing;
• souligne que les stéréotypes véhiculés par la publicité diffusée lors des émissions de télévision pour enfants posent un problème particulier en raison de leur incidence potentielle sur la socialisation par genre et, partant, sur le regard que les enfants portent sur eux-mêmes, les membres de la famille et le monde extérieur; etc.

En savoir plus: www.europarl.europa.eu; référence: P6_TA-PROV(2008)0401 ou directement: http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P6-TA-2008-0401+0+DOC+XML+V0//FR

Nous avons appris avec tristesse le décès survenu ce mois-ci d’une figure emblématique du féminisme en Belgique, à savoir Charlotte Hauglustaine. Celle-ci a été en 1966 à la tête de la grève historique des «femmes-machines» à la FN de Herstal pour obtenir l’égalité de salaires entre hommes et femmes.