Quelle Europe pour quelle égalité?

L’Université des femmes vient de publier dans ses «Chroniques féministes» (juillet-décembre2007 n°99): «Quelle Europe pour quelle égalité». Le numéro évalue les avancées, les reculs, les vagues et les ressacs de l’égalité à un moment où nous craignons de vivre l’absorption du concept de l’égalité pour les femmes dans celui du concept «tolérance de la diversité culturelle».Le numéro révèle, entre autres, le travail d’amendements et de propositions exercé par de nombreuses femmes qui ont pu se faire entendre. Des chapitres très variés et intéressants composent le document en évoquant par exemple, aussi bien «30 ans d’égalité de genre en droit social» que, le rôle des Fonds structurels ou l’importance du rôle du Conseil de l’Europe en la matière, la «feuille de route» actuelle…

Commande auprès de Marcelle Diop, Université des Femmes 02/2293825 au prix de 7,5€ (abonnement également possible).

Le Guide du respect

Bonne nouvelle pour notre jeunesse et son apprentissage de l’égalité entre garçons et filles et du respect mutuel: trousse de secours, ouvrage pratique, moyen d’information, 84 pages simples et directes: le guide belge du respect est à la disposition de tous. Depuis le 15 janvier, la version belge du Guide du respect est en vente en librairie au prix ultra abordable de 1€.

Spécialement conçu pour un public jeune, cet ouvrage format poche donne des réponses pratiques à des questions concrètes autour de trois grands thèmes: les violences, les traditions qui enferment et la sexualité. Témoignages, références juridiques, adresses d’urgence et informations pratiques en font un outil d’information et d’aide au quotidien. Le Guide du Respect a pour vocation de briser les tabous et apporter des solutions concrètes à des personnes en détresse, confrontées à des violences verbales, physiques ou sexuelles (viol, mariage forcé, drogue, excision, homophobie, discrimination, racisme, viol, racket…). Le Guide permet de mettre des mots sur des situations dramatiques, illustrées par de nombreux témoignages, mais apporte aussi des solutions concrètes d’urgence, avec de nombreuses adresses et informations pratiques.

En savoir plus: http://www.niputesnisoumises.be

Le ver est-il dans …le VERT?

Mais cette bonne nouvelle n’a pas plu à tout le monde… Nous avons eu la désagréable surprise de lire sous la plume d’un Conseiller communal Ecolo à Saint-Gilles que selon lui, par la publication du «Guide du respect», l’association «Ni Putes Ni Soumises» incite (avec la complicité et les subventions des pouvoirs publics) à la débauche des mineurs! et de réclamer que la diffusion du Guide du Respect soit immédiatement interrompue… On croit rêver. Enfin, à ce stade, ce serait davantage de l’ordre du cauchemar.

En savoir plus: http://nadiageerts.over-blog.com/article-17243317.html

Désexualiser le congé de paternité?

Une question parlementaire posée à la chambre concernant le congé de paternité et la neutralité de genre demandait, entre autres, au ministre de l’emploi s’il envisageait de «désexualiser» le congé de paternité afin que les «co-mères», dans le cadre d’une relation homosexuelle, puissent également en bénéficier. La réponse du ministre précisait, entre autres, que les chiffres dont nous disposons ne concernent que l’assurance indemnités dont l’intervention ne commence qu’à partir du quatrième jour du congé de paternité. Les trois premiers jours sont pris en charge par l’employeur et le travailleur reçoit son salaire habituel. Il est très probable que certains travailleurs ne prennent seulement que trois jours de congé de paternité. Ces travailleurs ne sont pas repris dans les chiffres de l’INAMI. Le coût pour les employeurs ne peut donc pas être établi.

Dans le cadre de la réglementation relative au congé de paternité, un droit de s’absenter du travail (petit chômage) à été reconnu à l’occasion de la naissance d’un enfant dont la filiation est établie à l’égard du travailleur concerné. Les règles relatives à la filiation relèvent du droit civil.

L’application de la réglementation en matière de congé de paternité dépend donc directement du contenu des règles de filiation précitées telles que prévues par le même droit civil. Le droit actuel de la filiation ne prévoit pas que, pour les couples composés de personnes du même sexe, la filiation de l’enfant soit établie dans le chef du compagnon ou de la compagne qui n’est pas la mère ou l’adoptant de cet enfant. Dès lors et dans l’état actuel de la législation, ce compagnon ou cette compagne ne pourra pas bénéficier de la réglementation en matière de congé de paternité.

Dans son récent avis n°1623 du 6 novembre 2007, le Conseil National du Travail a adopté le point de vue selon lequel la compagne de la mère biologique devrait pouvoir obtenir un congé de paternité aux mêmes conditions que les pères biologiques, afin qu’un égal accès soit garanti en matière de congé. La situation en est là actuellement.

Plus de femmes, plus de croissance

Les études du Crédit Suisse montrent qu’une augmentation de la proportion des femmes actives peut considérablement élever le potentiel de croissance d’une économie. Les femmes revêtent de plus en plus d’importance pour l’économie mondiale. Leur contribution au produit intérieur brut (PIB) augment d’une part à travers la consommation accrue de biens et services et d’autre part, à travers une plus grande productivité.

Selon les statistiques officielles, les femmes exerçant une activité lucrative produisent environ 40% du PIB dans les pays industrialisés. Si on tient compte des travailleurs domestiques non rémunérés, leur participation passe nettement au -dessus de la barre des 50%. Les études prévoient notamment une progression du taux d’emploi des femmes dans les pays industrialisés avancés, où la part de la population active recule pour cause de vieillissement.


Sommet européen de printemps

En mars dernier, les chefs d’état et de gouvernement européens se sont réunis afin de faire le point sur l’état d’avancement des objectifs de la stratégie de Lisbonne en matière de croissance et d’emploi. Si l’objectif d’atteindre 60% de taux d’emploi d’ici 2010 est en bonne voie, les emplois créés restent très accrochés à la dichotomie traditionnelle en emplois «masculins» ou «féminins», assortie des conséquences salariales tout aussi traditionnelles, en défaveur des emplois féminins. Pas de progrès non plus sur le plan des conditions de carrières féminines: caractère discontinu des carrières de femmes, indigence des modes de garde d’enfants, déficience en matière de partage des tâches ménagères (et donc d’une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale). Au contraire, l’introduction de nouveaux styles de gestion du personnel (flexibilité, «flexicurité») risquent d’augmenter l’instabilité de l’emploi d’une série de femmes, ainsi que les contraintes dues au découpage de leur temps de travail selon le bon vouloir de l’employeur (ou du secteur tout entier). Le risque est grand de voir ce nouveau mode de travail aboutir, non à la progression souhaitée vers plus d’égalité, mais au contraire à accentuer l’enfermement des travailleuses dans une vie écartelée entre emploi partiel peu gratifiant et travaux domestiques ingrats et non rémunérés.

Affaires de femmes

Un projet lancé par Crédal en 2004 s’adresse aux femmes sans emploi qui souhaitent créer une activité mais sont confrontées à divers freins. Après 3 ans, plus de 99 femmes ont été accompagnées et 36 ont créé ou retrouvé de l’emploi. Vu ces résultats, le Crédal a décidé de créer un département à l’usage des candidates francophones. De plus en plus de femmes osent imaginer devenir entrepreneures mais souhaitent un accompagnement en début d’activités; pour ce faire, le programme accompagne les femmes qui ont auto-créé leur emploi durant 4 mois. Grâce à un travail en réseau, ces femmes peuvent aussi être aidées par d’autres opérateurs. Pour en savoir plus: www.credal.be

Contre les jouets sexistes

L’association antisexiste Mix-cité et le Collectif contre le «publisexisme» prennent la parole dans un ouvrage ambitieux et percutant, qui révèle l’ampleur de la discrimination sexiste que subissent les enfants et la manière dont se construisent le masculin et le féminin au travers des jouets et de leurs usages. Ce livre propose des pistes pour combattre et faire reculer le sexisme au quotidien dès le plus jeune âge.

Pour en savoir plus, lire: Contre les jouets sexistes, ouvrage collectif, édition L’échappée, collection Pour en finir avec? Ou surfer sur www.lechappee.org

EQUAL

Le mois dernier, l’Agence Fonds social européen a organisé un séminaire de clôture des projets du programme EQUAL. Ce programme avait pour but d’expérimenter au niveau national et transnational de nouveaux moyens de lutte contre les discriminations et les inégalités dans le domaine de l’emploi. Outre divers stands fournissant de la documentation, signalons la publication d’un guide de recueil de tous les projets qui était à la disposition des participant-e-s (service Animation de l’Agence du Fonds social européen; renseignements sur animationthematique@fse.be ou au 02/2343974).

Cinq axes avaient été choisis pour développer des projets:

  • la capacité d’insertion professionnelle et la réintégration sur le marché du travail;
  • l’esprit d’entreprise et la création d’entreprise;
  • la capacité d’adaptation et la formation tout au long de la vie;
  • l’égalité des chances entre les hommes et les femmes et la conciliation vie familiale et vie professionnelle;
  • les«demandeurs» d’asile;

Nous développerons les projets «égalité des chances» dans une prochaine circulaire.

Porno pour les ados

Une enquête menée en 2007 par les mutualités socialistes auprès de plusieurs centaines de parents d’adolescents de 15 à 20 ans (Le Vif, l’Express du 30/11/07) s’interroge sur la consommation de pornographie par leurs enfants. La moitié des parents reconnaissent l’influence du «porno» sur leurs grands garçons, mais parmi les 50% de parents qui croient que leur adolescent ne subit aucunement cette influence, nombre se font des illusions: en fait un tiers seulement de ces jeunes ne consomment la pornographie ni sur les sites appropriés, ni par des films et DVD, ni par des revues spécialisées. Le plus inquiétant n’est pas que 10% des jeunes consomment de la pornographie plusieurs fois par semaine, mais plutôt que chez eux la frontière entre la réalité et la fiction semble très mince et qu’ils risquent de vouloir reproduire les pratiques sexuelles qu’ils ont intériorisées de la sorte. Les commentaires issus de cette enquête ne témoignent pas tous d’une prise de conscience des risques qui en découlent, et nous le regrettons. Néanmoins, un médecin interrogé dénonce les idées reçues véhiculées par la pornographie et leur impact dangereux sur les relations entre les hommes et les femmes. Nous ajouterons que tout laxisme qui se manifeste face à un manque de respect vis-à-vis de l’autre sexe (et généralement, vis-à-vis des femmes) est une incitation aux dérives machistes.