En mars dernier, les chefs d’état et de gouvernement européens se sont réunis afin de faire le point sur l’état d’avancement des objectifs de la stratégie de Lisbonne en matière de croissance et d’emploi. Si l’objectif d’atteindre 60% de taux d’emploi d’ici 2010 est en bonne voie, les emplois créés restent très accrochés à la dichotomie traditionnelle en emplois «masculins» ou «féminins», assortie des conséquences salariales tout aussi traditionnelles, en défaveur des emplois féminins. Pas de progrès non plus sur le plan des conditions de carrières féminines: caractère discontinu des carrières de femmes, indigence des modes de garde d’enfants, déficience en matière de partage des tâches ménagères (et donc d’une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale). Au contraire, l’introduction de nouveaux styles de gestion du personnel (flexibilité, «flexicurité») risquent d’augmenter l’instabilité de l’emploi d’une série de femmes, ainsi que les contraintes dues au découpage de leur temps de travail selon le bon vouloir de l’employeur (ou du secteur tout entier). Le risque est grand de voir ce nouveau mode de travail aboutir, non à la progression souhaitée vers plus d’égalité, mais au contraire à accentuer l’enfermement des travailleuses dans une vie écartelée entre emploi partiel peu gratifiant et travaux domestiques ingrats et non rémunérés.
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