Un enfant ou un travail.

Dans le n° de novembre du Monde diplomatique un article (1) relatant les principales conclusions d’une étude conduite dans les pays de l’OCDE (2) montre que le travail des femmes est fortement lié à l’existence ou non d’infrastructures d’accueil de la petite enfance.

Le taux d’activité des femmes augmente régulièrement dans l’ensemble des pays d’Europe Occidentale et parfois malgré un taux de chômage croissant. Cependant, on continue à observer que les jeunes femmes manquent d’aide en équipements collectifs.

Souvent, les politiques familiales visent à inciter les femmes à prendre un emploi à temps partiel.

Lorsque la qualification de ces femmes est relativement bas, le choix entre une garde privée coûteuse et le bas revenu de la travailleuse amène souvent ces femmes à abandonner leur emploi pour se consacrer à la garde de leur(s) enfant(s). Seulement 10% des femmes qui ont un enfant de moins de 5 ans travaillent à temps complet.

(1) Anne Daguerre, chercheuse à l’Université du Middlesex, Londres.
(2) Florence Jaumotte: «participation des femmes au marché du travail: tendances passées et principaux déterminants dans les pays de l’OCDE», 2003, OCDE, Paris.

Les femmes, l’université, les professions scientifiques et l’accès à l’emploi

«Malgré la meilleure réussite des filles à l’école, l’infériorisation des femmes dans l’emploi persiste?».

«Les filles ne tirent pas tous les avantages professionnels de leurs succès scolaires et le poids des structures familiales pèse sur leur vie professionnelle?».

«Les inégalités dans la répartition des charges familiales conduisent à faire peser différemment sur les femmes et sur les hommes les contraintes de la vie professionnelle, et à fragiliser les carrières féminines?» (1).

L’article dont sont extraites les citations ci dessus énonce quelques mesures propres à faciliter l’intégration des femmes notamment dans la recherche industrielle «milieu avec des valeurs et des critères mis en place par des hommes pour des hommes». Ces mesures visent essentiellement la coordination entre les diverses instances qui ont à intervenir dans ces questions.

Fort bien, mais on il arrive si souvent que les études de ce genre soulignent la persistance des mentalités archaïques relatives à la division des tâches entre les hommes et les femmes.

A quand une bonne étude sur «comment faire pour changer les mentalités?». Il est étrange de voir à quel point la propagande commerciale par exemple se permet de s’attaquer aux mentalités des consommateurs (voyez les phénomènes de mode etc..) alors qu’en matière de droits de l’humain le silence est assourdissant.

Les femmes, l’université, les professions scientifiques et l’accès à l’emploi. Par les équipes du TEF-Fac des sciences ULB et le DULBA-ETE; Esprit Libre, novembre 2004.

HOMMAGE À ADÈLE HAUWEL

Avant de vous parler d’Adèle Hauwel, je voudrais tout d’abord remercier la Présidente du Sénat qui a accepté de nous recevoir dans ses locaux.

Je profite de l’occasion pour exprimer notre joie concernant la nomination d’une femme à la présidence du Sénat et ce, pour la première fois de notre histoire; et pas n’importe quelle femme puisque madame Anne Marie LIZIN a toujours mené un réel combat pour défendre l’égalité femme-homme; je sais qu’Adèle et elle s’appréciaient.

Je remercie aussi le Comité d’avis pour l’égalité des chances et spécialement sa vice-présidente madame Marie-Josée LALOY pour nous avoir soutenu dans notre projet, l’avoir «marrainé» ainsi que la secrétaire du Comité madame HAENEN pour toute l’aide concrète qu’elle a fournie.

Adèle HAUWEL est née en 1920 et a été influencée par le milieu dans lequel elle vivait et par l’éducation reçue. Ces deux facteurs influencent encore et toujours la construction d’une personne.

Dans son cas, ils ont tous les deux une influence positive étant donné que sa mère et sa soeur aînée l’entraînent parfois à des réunions publiques ou dans des «cercles de réflexion» et mettent à sa disposition de nombreuses revues et livres amenant cette réflexion; elle se passionnera par exemple pour les récits des aventures de femmes exceptionnelles qui partirent à la découverte de l’Afghanistan comme Ella Maillart ou accomplirent un tour du monde en bateau comme Virginie Herriot.

A 15 ans, la lecture de «Fécondité» d’Emile Zola laisse Adèle scandalisée d’une telle utilisation du corps des femmes; la même année elle rencontre lors d’une réunion publique Louise De CRAENE-Van DUUREN, fondatrice du groupement belge de la Porte Ouverte.

Durant la seconde guerre mondiale, elle participe très activement à la résistance tout en ayant décidé de suivre des études de médecine.

La trempe d’Adèle se manifesta tout au long de sa vie au bénéfice de la défense de son idéal.

La guerre finie, elle ouvre un cabinet médical avec l’intention d’aider les femmes en leur offrant la possibilité d’avoir recours à un moyen de contraception mais aussi à la contraception d’urgence du «lendemain».

Par la suite elle les oriente aussi si nécessaire vers des cliniques pratiquant des avortements ou vers des médecins acceptant de pratiquer des déflorations artificielles pour celles qui n’admettaient pas qu’un homme se rengorge ou vive un sentiment de fierté et ce, qu’il l’étale ou non, d’avoir «eu» une vierge.

Via sa profession elle avait aussi trouvé le moyen d’aider les plus démunis en ne leur faisant pas payer leur consultation mais aussi de conseiller et de soutenir les prostituées qui voulaient sortir de leur enfer.

Parallèlement, avec les membres du comité P.O. de l’époque – mais aussi avec les sections européennes de P.O. développées principalement en Angleterre et au Danemark – elle pratique une veille continue quant aux écrits, aux publications journalistiques, aux prises de position des organes officiels tant belges qu’étrangers et particulièrement ceux des Nations Unies.

Elle constitue ainsi un fond de documentation, souvent sollicité, et qui se retrouve en partie maintenant au CARHIF.

Cette veille permanente lui permettait ainsi d’être constamment «sur la balle» pour nous informer, écrire dans le bulletin ou proposer des actions de visibilité, de lobbying exprimant le mécontentement des adeptes de l’égalité.

Il va sans dire que tout son temps libre y est consacré.

Se calquant sur l’évolution de la société, des mentalités et des droits, elle se battit d’abord pour l’égalité des droits notamment en matière de droit civil avec, entre autre, Georgette CISELET et Stella WOLF.

Elle pratiqua aussi une longue lutte avec d’autres instances pour obtenir le droit à l’égalité de rémunération qui a finalement été concrétisé par l’article 119 du Traité de ROME devenu l’article 141 du Traité d’Amsterdam et par la Directive du 10 février 1975.

Bien qu’en droit, l’égalité soit actuellement assurée, une série de discriminations indirectes et le système de classification des professions ont perpétué une inégalité de fait dans les salaires mais aussi en matière de carrière.

Une enquête toute récente menée par un Secrétariat social témoigne que dans le secteur privé, en prenant en compte le seul salaire fixe, les femmes continuent à gagner moins que les hommes à compétence égale et cet écart grandit avec l’âge et le niveau de fonction:

  • entre 25 et 29 ans les femmes gagnent un salaire brut inférieur de 3,1% de celui des hommes;
  • pour les plus de cinquante ans la différence atteint 9,6%;
  • pour les fonctions de direction, cadres supérieurs et moyens elle atteint 9,2 %;

nous voyons donc comment l’âge et le niveau dans la carrière peuvent s’interconnecter.

Pendant de longues années, son combat principal et celui de la P.O. furent dirigés contre l’interdiction du travail de nuit faite aux femmes.

Partant du principe que toute législation protectrice ou dite telle, datant d’ailleurs parfois d’une époque révolue (ainsi en allait-il de l’interdiction de soulever des charges alors que des clarks et autres engins modernes de manutention avaient fait leur apparition) était une entrave au libre accès à l’emploi ou à un travail bien rémunéré pour les femmes (primes horaires), elle argumente inlassablement pour leur laisser au moins le choix et la possibilité d’y accéder en cas de besoin, besoin financier car effectivement il n’est un secret pour personne que actuellement la paupérisation et l’état de précarité se féminisent de plus en plus.

Le travail de nuit étant peu recommandé pour tout un chacun, les débats furent longs et passionnels mêlant ONG et instances européennes comme l’OIT et les amenant à prendre position.

Finalement le travail de nuit a été interdit pour tout le monde entre 20h et 06h avec une série de dérogations s’appliquant indistinctement aux travailleurs qu’ils soient masculins ou féminins à condition qu’ils ou elles aient atteint l’âge de 18 ans.

Elle disait aussi: (lui redonner ici l’occasion d’exprimer ses idées en public est une manière de lui rendre hommage car sur son lit d’hôpital elle regrettait de n’avoir pas eu assez de temps pour écrire des pamphlets ou simplement un livre dénonçant une série de discriminations indirectes parfois insidieuses et reliquats de machisme ou d’attitudes hypocrites; elle considérait que celles-ci essayent sur la base du rôle traditionnel des femmes et de leur éducation au dévouement d’éloigner ces dernières de certains types de métier, d’horaires de travail ou d’une durée de carrière suffisante leur permettant d’entrevoir des possibilités de promotion et par là une meilleure pension de retraite), ainsi elle disait donc par exemple que les mesures de protection de la maternité ne correspondaient pas nécessairement au souhait ou à la physiologie de «toute une chacune».

Obliger une femme en congé de maternité à prester celui-ci jusqu’au dernier jour alors qu’une opportunité d’emploi se présente, à saisir immédiatement, ou bien qu’assister à une réunion professionnelle qui peut être déterminante pour obtenir une promotion est fixée trois ou quatre jours avant la fin du congé légal – alors que cette femme est physiquement capable d’y faire face – la pénalise. (sauf d’y répondre à ses risques et périls et à condition que l’employeur soit d’accord!).

Elle regrettait aussi une autre protection, concernant les travailleuses enceintes et celles qui allaitent, leur interdisant d’effectuer des heures supplémentaires; celle-ci peut les pénaliser alors que la législation prévoit qu’y sont autorisées les personnes occupant un poste de confiance ou celles exerçant une fonction dirigeante mentionnée dans la législation.

Bien que la législation interdise aux employeurs, lors d’un entretien de recrutement, de poser des questions concernant une éventuelle grossesse, ils le font dans certains cas allant même jusqu’à demander aux femmes leur intention de maternité future.

Elle insistait également sur le fait que les rôles traditionnellement considérés comme féminins, l’éducation, la publicité et le regard des autres en imposant une image de et à la femme, mettent en avant l’accent sur son corps et son rôle de séduction, freinant considérablement le sérieux que l’on peut attribuer au travail de la femme et à l’image de celle-ci comme travailleuse à part entière, dans son milieux de travail.

Tout dernièrement une thèse de doctorat néerlandaise a fait du bruit dans le secteur des ressources humaines en Belgique. Selon le chercheur, auteur de cette thèse, l’attitude sexuelle serait aussi un critère de recrutement; les recruteurs sont prêts à admettre que les clichés sur l’apparence physique ont eu un effet perturbateur sur l’embauche dans plus de 8 % des cas.

INDÉPENDANCE ÉCONOMIQUE? INDÉPENDANCE ÉCONOMIQUE… cette condition est nécessaire et même vitale pour les femmes en vue de se protéger d’éventuels imprévus dans leur parcours de vie (exemple: divorce, abandon, violence conjugale?) c’était toujours son credo et c’est encore celui de la P.O. actuellement.

VIGILANCE, VIGILANCE rien n’est jamais tout à fait acquis répétait-elle à juste titre.

Marie-Christine EXSTEYL


Appel à candidatures

L’assemblée générale annuelle du Groupement belge de la Porte Ouverte aura lieu en février 2005.

Le Comité rendra compte de sa gestion aux membres qui procéderont à l’élection de membres du comité.

Les candidatures accompagnées de l’acceptation écrite des candidat(e)s), doivent être présentées par écrit par au moins trois membres du Groupement et doivent parvenir au siège social (Boulevard général Jacques, 61, 1050, Bruxelles) avant la mi janvier 2005.

Le comité peut compter jusqu’à 15 membres.

On remercie chaleureusement les personnes qui manifesteront leur intérêt pour le Groupement en participant à cette procédure et celles qui s’engageront à travailler dans le comité.

Assemblée générale

L’assemblée générale de Groupement belge de la Porte Ouverte aura lieu le mercredi 23 février à 19h dans la salle H2.163 du bâtiment « H » de l’ULB, avenue Paul Héger (entrée en face de la Bibliothèque). Le parcours sera fléché dans le bâtiment.

Avancées futures en matière de transmission du nom de famille ?

Selon les recommandations du Conseil de l’Europe, les Etats membres sont supposés supprimer toute discrimination entre hommes et femmes en matière de transmission du nom.

En Belgique:

Au cours de la législature précédente, un projet de loi, visant à modifier l’Article 335 du code civil qui stipule que: «l’enfant dont la filiation paternelle est établie, ou dont les filiations paternelle et maternelle sont établies en même temps, porte le nom de son père», avait été proposé par le groupe Ecolo. Malheureusement, cette proposition, qui prévoyait de permettre aux parents de donner à leur-s enfant-s le nom de famille du papa, celui de la maman, ou les deux noms accolés selon un ordre à déterminer, fut rejetée.

L’entrée en vigueur, en France, ce 1er janvier 2005, d’un nouveau système ouvrant le choix des parents va relancer le débat en Belgique. Au cours de ce mois de janvier, deux députés socialistes, Karine Lalieux et Thierry Giet, redéposeront la proposition de loi, légèrement amendée, qui n’avait pas réussi à passer le cap de la commission de la Justice de la Chambre.

Cette proposition aurait-elle plus de chances d’être adoptée cette fois? oui, peut-être grâce au «modèle» français et compte tenu du fait qu’il y a maintenant bien plus de femmes au Parlement.

Malgré l’enthousiasme que cette proposition peut susciter dans les milieux féministes, on ne peut s’empêcher d’être amer-e-s ? En effet, la proposition prévoit qu’à défaut de choix des parents ou d’accord entre eux, les enfants continueraient à porter le nom du père ? il est si long le chemin de la véritable égalité!

En France:

Depuis le 1er janvier 2005, les parents peuvent transmettre à leurs enfants le nom du père, celui de la mère ou les deux accolés. Cette loi s’applique aussi bien aux enfants «naturels» qu’aux enfants «légitimes». En vue de sauvegarder l’unité de la fratrie le nom choisi lors de la naissance du premier enfant s’appliquera ensuite à ses frères et soeurs. Comme dans le projet belge, la loi française prévoit que le nom du père sera donné d’office à défaut de déclaration conjointe des parents.

Soulignons que cette réforme est réclamée par le Conseil de l’Europe depuis 1978. Majestueuse lenteur!

Appel à témoignages

En vue d’éditer une plaquette à la mémoire d’Adèle Hauwel nous recherchons des témoignages écrits de personnes qui ont connu Adèle.

Ecrivez nous vos souvenirs sur votre rencontre et sur vos relations avec elle et joignez-y éventuellement des photos de vous avec ou sans Adèle.

Merci d’avance.

Actualités

Commission européenne

Nouvelle équipe du président BARROSO à la Commission européenne: la moitié de la nouvelle équipe des 20 porte-parole de la commission sont des femmes y compris la porte-parole principale et ses deux adjointes.

Le rapport annuel 2004 de la COMMISSION EUROPEENNE SUR LES DROITS FONDAMENTAUX ET L’ANTI-DISCRIMINATION VIENT D’ÊTRE PUBLIE ET EST DISPONIBLE SUR LE SITE:
http://europa.eu.int/com/employment social/fundamental rights/index fr.htm

Le 12 décembre le Conseil européen a adopté à l’unanimité la directive mettant en oeuvre l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes qui vise à étendre le principe de l’égalité de traitement du domaine d l’emploi à l’accès et à la fourniture de biens et services.

Parlement européen

La Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres du Parlement européen a adopté en septembre 2004 une série de priorités pour ses travaux des mois à venir: le rôle des femmes en Turquie dans la vie sociale, économique et politique; les stratégies de lutte contre la traite des femmes et enfants vulnérables à l’exploitation sexuelle; les femmes et la pauvreté;la discrimination basée sur le genre dans les systèmes de soins de santé; l’évaluation intermédiaire de la stratégie de Lisbonne sous l’angle du genre; la lutte contre la violence envers les femmes

Lors d’une autre réunion de cette commission la présentation du programme de la présidence néerlandaise de l’UE en matière sociale et d’emploi a mis en lumière la volonté de garantir la participation à l’emploi indépendamment ,entre autres du sexe et de l’orientation sexuelle; le nouvel agenda pour la politique sociale de 2005 sera axé lui sur la conciliation de la vie familiale et professionnelle.

International:

Le tout dernier rapport sur les progrès des «Objectifs de développement pour le Millénaire» (3ième objectif: promouvoir l’égalité femmes-hommes et le renforcement du pouvoir des femmes) vient de sortir.

Le rapport complet, avec des diagrammes nationaux peut être consulté sur le site: http://millenniumindicators.un.org

Un portail de connaissance du processus de mise en application de la plate-forme d’action de «PEKIN + 10» vient d’être créé et comprend un nombre important d’informations et de liens vers des ressources supplémentaires; le site concerné: http://www.qweb.kvinnoforum.se/Bejing+10/