La double violence !

Une attitude consistant à criminaliser les victimes et dédouaner les agresseurs refait massivement surface partout dans le monde.

Les Femmes victimes de viols… mais aussi d’autres personnes victimes d’actes violents sont accusés d’avoir « provoqué » leurs agresseurs par leur habillement, leur vie affective, leur différence… justifiant les actions violentes à leur encontre… quand ce n’est pas, l’horreur absolue, une rétorsion à leur égard, par la société civile (rejet, répudiation,…) ou même par les tribunaux (allant de l’emprisonnement… jusqu’à la peine de mort).

L’ampleur de cette incroyable injustice nous a décidés à lui consacrer ce Bulletin thématique.

En Italie

Une phrase choc dans un tract placardé sur une porte d’église italienne le jour de Noël scandalise toute la péninsule. Et à juste titre. Jugez-en : « Les femmes qui provoquent par leur habillement succinct provoquent les instincts ».

Il est vrai que le curé de la paroisse de San Terenzo, sur la côte Ligure n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Don Piero Corsi, plus catholique que le Pape, apparemment, n’a pas hésité le jour de Noël à placarder un tract invitant les femmes à s’interroger sur leur façon de se vêtir : « Les femmes qui provoquent par leur habillement succinct, qui s’éloignent de la vie vertueuse et de la famille, provoquent les instincts et doivent se livrer à un sain examen de conscience, en se demandant : peut-être le cherchons-nous ? »

Inutile de dire que ce texte a soulevé une vague d’indignations non seulement au sein de la paroisse mais aussi dans toute l’Italie d’autant plus que le bilan des femmes assassinées en 2012 a été particulièrement lourd selon un décompte de la presse.

Certes, Monseigneur Ernesto Palletti, évêque de La Spezia, a aussitôt intimé au prêtre contesté l’ordre de retirer ce texte infâmant pour les femmes, ce qui fut fait. Mais ce qui est vraiment inquiétant, c’est de constater que des « Autorités morales » puissent, en Europe, de nos jours, envoyer au peuple de tels messages… et même, tout simplement avoir des convictions aussi rétrogrades et sexistes.

Sous-entendre que les femmes pourraient être responsables de leur propre agression physique (sexuelle) en raison de leur tenue vestimentaire : c’est tout bonnement inacceptable. D’une part les lois européennes prescrivent – pour les deux sexes – ce qui sera considéré légalement comme indécent (exhibitionnisme) ; nul n’a à imposer à autrui des limites supplémentaires à sa liberté.

Mais en outre, on sait que nulle femme n’est à l’abri des agressions et violences.

Nous suggérons plutôt que certains hommes apprennent à mieux contrôler leur violence, leurs pulsions, leurs bas instincts.

Et que tous, hommes et femmes apprennent à respecter autrui, en particulier la Femme en tant qu’être humain à part entière et non corps-objet voué à la satisfaction des désirs d’autrui et/ou de procréation.

Une question d’éducation, à instiller dès le plus jeune âge. Aux parents, à l’école et à nous tous d’inculquer ce principe fondamental à nos jeunes : le RESPECT DE LA FEMME, le respect de l’autre !

S D

Source : www.lepoint.fr 27 décembre 2012

En Inde

Elle n’était qu’une simple étudiante de 23 ans qui voulait prendre le bus, à Delhi, quand six hommes ont verrouillé les portes et l’ont violée sauvagement pendant plusieurs heures avec une barre de fer avant de la jeter, nue, dans la rue. Après s’être battue courageusement pour rester en vie, elle est finalement décédée, fin décembre 2012.

Dans toute l’Inde, certes, des citoyens organisent des actions de protestation pour que ces agressions cessent. En Inde, une femme est violée toutes les 22 minutes, et seule une infime fraction d’entre elles voient ce crime condamné par des juges.

Il faut instaurer de toute urgence un meilleur suivi judiciaire et un programme de sensibilisation pour changer les comportements masculins qui engendrent des violences envers les femmes.

Le meneur de la bande d’hommes accusés du viol a déclaré que l’étudiante avait mérité son sort car elle avait osé lui tenir tête. La culpabilisation de la victime et ces comportements indignes sont courants dans la société indienne, y compris dans la police, qui néglige régulièrement les affaires de viol. Dans le monde entier, ces attitudes participent à la répression des femmes et encouragent certains hommes dans leurs violences.

Source : www.avaaz.org

Et après ? incroyable mais vrai Une brigade anti-harcèlement de la police indienne mise en place dans un district près de Bombay verbalise en priorité les femmes seules et les jeunes couples qu’ils surprennent dans les rues à la nuit tombée, une initiative prise après le viol collectif et la mort de l’étudiante de Delhi. « Les couples non mariés et les femmes seules, que l’on repère dans des lieux isolés ou dans des recoins de parcs et de jardins tard le soir ont été priés de ne pas fréquenter ce genre d’endroits », a commenté un policier. Lorsque nous les attrapons, nous leur disons de ne pas fréquenter ces lieux et de ne pas causer de nuisances dans les lieux publics ».

source : Nouvel Obs: amendes pour femmes seules et jeunes couples denors la nuit

En Belgique

Rappelons, tout simplement, quelques informations déplorables d’intolérance violente dont nous avons fait état dans les précédentes circulaires (et qui peuvent encore se trouver sur internet) :

  • viol d’un étudiant déguisé en femme, et réaction de son Université : la direction de la HUB ayant décidé dans un premier temps d’interdire aux associations d’étudiants le fait de se déguiser en fille
  • reportage « Femme de la Rue »… (de Sofie Peeters) qui montre le cauchemar des jeunes femmes dans les « quartiers » (faut-il vraiment préciser ?) de Bruxelles…
  • reportage RTBF sur l’homophobie en Belgique : www.rtbf.be/video
  • assassinat d’un jeune homosexuel dans les environs de Liège

Dans le monde: délires d’intolérance liberticide

Délires d’un sénateur américain au sujet du viol des femmes (prétendant que lorsqu’une femme est victime d’un « véritable viol », elle tombe rarement enceinte, « le corps de la femme essayant par tous les moyens de bloquer tout ça » !) ; délires de haine contre les féministes (« femen » et les homos en France) ; reculs dans divers pays européens en matière d’avortement ; un archevêque espagnol déclare en 2012 : ‘Violez les femmes, parce qu’elles le méritent ; la parlementaire républicaine Cathrynn Brown a déposé (janvier 2013) un projet de loi qui vise à définir l’avortement « comme une destruction de preuve dans les cas de viols ou d’inceste », et de punir la victime d’emprisonnement ; en Afrique, une femme juge a instauré une procédure de déstabilisation des femmes victimes de viols, afin de pouvoir les accuser d’affabulation et les condamner en retour ;…

Nous n’avons pas assez de place dans ce numéro pour compléter cette liste, fort loin d’être exhaustive…

Aidez-nous à défendre les droits des Femmes: rejoignez notre équipe rédactionnelle

Vos commentaires critiques d’ouvrages, films, œuvres artistiques concernant la cause des femmes nous intéressent! Mais aussi: vos éventuelles contributions «spécialisées» dans l’un ou l’autre domaine du féminisme: femmes et travail, l’éducation et le genre, les comportements sexistes et la discrimination de genre, législation belge ou européenne concernant l’égalité (ou comportant des marche-arrière), mise à l’honneur de femmes d’exception, etc.

Envoyez-nous un courriel à info@porteouverte.be ou un courrier postal pour toute proposition en ce sens.

Combattre la violence

A l’occasion de son Assemblée Générale de 2013, le Groupement belge de la porte ouverte a constaté que ses objectifs d’atteindre l’égalité de fait entre les Femmes et les Hommes étaient constamment battus en brèche par la permanence – dans le monde entier – de violences perpétrées contre les femmes. Notre résolution 2013 s’adresse donc à l’ensemble des décideurs afin qu’ils oeuvrent plus efficacement afin d’éradiquer ces violences.

Nous saluons, à cette occasion, quelques avancées. Aux USA, on se réjouit de la réussite d’Obama à faire accepter la loi dite VAWA (Violence Against Women Act), votée ce 28 février après 500 jours de carence dus au blocage de la loi par les Républicains… et la très immorale NRA (National Rifle Association) voyait d’un mauvais oeil qu’on puisse  dissuader les hommes violents d’assassiner leurs compagnes!

Source: laconnectrice.wordpress.com

En Belgique, on se félicite d’une autorisation élargie de rompre le secret professionnel pour les médecins, les psychologues, les assistant(e)s sociaux(ales) dans certaines circonstances: attentat à la pudeur et viol; homicide; coups et blessures volontaires; mutilations génitales sur des personnes de sexe féminin; délaissement ou abandon; privation d’aliments ou de soins. Ainsi, le droit de parole auparavant strictement limité à la protection des mineurs, est maintenant étendu au groupe-cible spécifique de la violence entre partenaires.

Plus d’infos sur www.osezdirenon.be

Résolution 2013 du Groupement belge de la Porte ouverte

NON à la double violence faite aux femmes
NON à l’impunité des agresseurs
NON aux systèmes qui criminalisent les victimes au lieu de les protéger

Au vu des actualités de l’année écoulée, le Groupement belge de la Porte Ouverte pour l’Emancipation économique de la Travailleuse constate que les atteintes aux libertés, à l’honneur et à l’intégrité physique des femmes sont bien loin de régresser,

  • témoin le viol d’un étudiant d’une haute école, déguisé en femme lors d’un bizutage, où la première réponse des autorités académiques a été l’interdiction du travestissement, comme s’il était normal de violer qui porte jupe; le comportement «provoquant» des femmes continue à excuser le crime de viol;
  • témoin le reportage « Femme de la Rue » de Sofie Peeters qui montre les insultes et harcèlements subis par les femmes dans les rues de la capitale de l’Europe;
  • témoin la charge de l’enfant né du viol qui incombe à la victime, à qui les églises interdisent l’avortement, ou déclaré inutile sous prétexte qu’«un véritable viol provoque rarement une grossesse», ou encore proscrit sous prétexte de détruire « la preuve du délit »;
  • témoin le viol endémique de femmes en Inde qui a surtout amené l’interdiction pour les femmes de sortir de chez elles sous peine d’amende, comme si la réponse légitime à l’agressivité de certains hommes passait par la disparition des femmes de la sphère publique;
  • témoin ces femmes victimes spécifiques des conflits d’Afrique centrale, systématiquement violées, torturées et mutilées, dont peu de médias sont l’écho (rendons hommage à Nicole Reumont qui nous en informe régulièrement dans son émission Afrik’Hebdo, RTBF, Prem1ère, le samedi de 18h30 à 19h) ;
  • témoin la systématisation du harcèlement sexuel collectif et du viol collectif, plus particulièrement en Egypte et au Congo (près de la Place Tahir au Caire, des femmes ont été isolées de leur groupe, puis pelotées par des dizaines d’hommes, avec comme objectif : écarter les femmes de l’espace public par la peur, les terroriser pour qu’elles restent à la maison ; au Congo, le viol est devenu une arme de guerre).

Sans prétendre être exhaustif, le Groupement belge de la Porte Ouverte pour l’Emancipation de la Travailleuse exige que le Gouvernement belge mette tout en oeuvre, par l’Europe ou les Nations-unies mais également en Belgique, pour éteindre ces violences et ces injustices, qui empêchent les femmes d’être citoyennes à part entière, des agents économiques à l’égal des travailleurs masculins ou simplement de naître libres et égales, droit prévu dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Nous demandons que des sanctions politiques et économiques soient appliquées vis à vis des partenaires étrangers qui ne respectent pas les droits des femmes et ne poursuivent pas leurs agresseurs.

ONU: accord historique pour dénoncer les violences faites aux Femmes

Une belle dernière victoire de Michelle Bachelet comme directrice exécutive de l’Onu femmes : il aura fallu deux semaines de négociations, mais ce 15 mars, l’ONU a adopté une déclaration « historique » dénonçant les violences faites aux femmes. Historique parce que les diplomates sont parvenus à convaincre des États très réticents, comme l’Iran, la Libye, le Soudan et d’autres pays musulmans. Ils ont accepté d’inclure un paragraphe qui précise que la violence contre les femmes et les filles ne pouvait se justifier « par aucune coutume, tradition ou considération religieuse ». De leur côté, les pays occidentaux qui poussaient à l’adoption d’un texte vigoureux ont dû faire des concessions sur le chapitre des droits des homosexuelles et des droits sexuels (contraception, avortement). Au cours des négociations, l’Iran, le Vatican ou la Russie s’étaient ligués dans une alliance conservatrice, pour tenter d’édulcorer le projet de déclaration finale soutenu par les Etats-Unis, le Canada et les Européens, notamment la Norvège et le Danemark. Les pays conservateurs s’opposaient aussi à ce que des relations sexuelles imposées à une femme par son mari ou son compagnon soient considérées comme un viol et les Frères musulmans, qui ont été portés au pouvoir en Egypte après la révolution de 2011, estimaient pour leur part que le texte en discussion à l’ONU est contraire à l’islam et conduirait à la « déchéance totale de la société » en cas d’adoption.

« La Commission demande instamment aux Etats de condamner avec force toutes formes de violence contre les femmes et les filles et de s’abstenir d’invoquer toute coutume, tradition ou considération religieuse pour se soustraire à leur obligation de mettre fin » à cette violence, proclame la déclaration. Elle ajoute que les Etats doivent « accorder une attention particulière à l’abolition des pratiques et des lois discriminatrices envers les femmes et les filles ou qui perpétuent ou considèrent comme acceptable la violence exercée à leur égard ». Les pays doivent « traiter et éradiquer en priorité les violences domestiques ».

Source: www.tv5.org

L’Inde fait tache

Cinq hommes ont avoué avoir participé au viol collectif d’une touriste suisse dans le centre de l’Inde, trois mois après celui d’une étudiante, qui en était morte, à New Delhi. La victime et son mari circulaient en vélo à travers l’Inde et avaient installé leur tente pour une étape dans l’Etat du Madhya Pradesh, quand plusieurs hommes ont attaqué le couple vendredi 15 mars 2013, attaché l’homme et violé sa femme en sa présence.

Une dentiste de Londres, en voyage en Inde, a sauté en pleine nuit, le 19 mars 2013, par la fenêtre de sa chambre d’hôtel à Agra, où se situe le célèbre mausolée du Taj Mahal, en voulant échapper à une agression sexuelle. La victime, âgée d’une trentaine d’années, a sauté du premier étage du bâtiment, pourchassée par deux hommes entrés dans sa chambre. La jeune femme avait rejeté les avances du gérant de l’hôtel.