Boulot ou bébé?

«Boulot ou bébé, la cruelle alternative regagne du terrain». L’agence Regus et la DARES ont mené des enquêtes en France montrant que la proportion des entreprises prêtes à embaucher davantage de mères de famille a chuté de près de 20% en un an. Toutefois, 57% d’entre elles apprécient les mères reprenant le travail car elles offrent leur expérience et leurs compétences sans demander des salaires élevés. En 2011, crise oblige, les vieux réflexes patriarcaux refont surface. Les entreprises exigent en outre de plus en plus de flexibilité (primant parfois sur la compétence) et sans vraie politique de conciliation vie professionnelle-vie familiale, où les femmes assument toujours la grande majorité des tâches domestiques.

Faute de crèches en suffisance, un peu plus de 60% des enfants de moins de 3 ans sont gardés par une maman qui cesse ses activités professionnelles. Les stéréotypes de rôles, le sentiment de culpabilité savamment entretenus par le milieu social, par certains psychologues «différentialistes» attribuant d’office la priorité parentale aux mères, la mentalité post-moderne du «libre-choix» et du «mieux vivre» et enfin les média. Toutes ces pressions culturelles cumulent leurs influences et ne font que renforcer les tendances de retour au foyer.

www.lesnouvellesnews.fr (janvier 2011)
www.femmes-emploi.fr/article/le-travail-les-enfants-et-moi

Harcèlement au travail

Malgré l’absence de nouveau gouvernement, certaines commissions parlementaires continuent leur travail. Ainsi la Commission des Affaires sociales de la Chambre vient de se transformer en «groupe de travail spécial» sur le harcèlement au travail et consacrera 2 séances par mois à cette problématique. Avec l’aide de l’administration fédérale de l’emploi, le groupe décrit et évalue la situation tant du point de vue de l’application de la législation que des actes de harcèlement dénoncés. Ensuite les partenaires sociaux donnent leurs points de vueet les victimes témoignent par écrit ou par le biez de leur avocat ou d’un médecin spécialiste du stress. L’objectif est d’aboutir à des propositions concrètes pour tenter de prévenir et d’enrayer un phénomène qui touche toutes les catégories de travailleur-euses au sein des entreprises. Le harcèlement va des pressions continues et tensions aux humiliations, dépressions? et même le harcèlement physique et sexuel dont sont victimes principalement des femmes.

www.ps.be/Source/PageContent.aspx?ParentID=884&MenID=30903&EntID=1

Congé de maternité

En octobre dernier, le Parlement européen a voté en faveur de l’allongement du congé de maternité jusqu’à 20 semaines de durée minimum et pour l’instauration d’un congé de paternité obligatoire de minimum 2 semaines consécutives non transférables à la mère, les deux étant rémunérés à 100%. Ce vote obtenu à l’arraché n’est pas bien accueilli par plusieurs Etats membres chez qui le congé de maternité est inférieur à 20 semaines. Au vu de l’étude menée par la Commission sur le coût très élevé qu’engendrerait cette mesure, les employeurs dénoncent le caractère irresponsable de cette décision en temps de crise économique et qui plus est, disent-ils, elle risque de créer un frein à l’embauche des femmes en âge de procréer et d’accentuer les écarts de salaires entre les sexes. La Présidente du CFEP (Centre féminin d’éducation permanente) relève le risque de stigmatisation accentuant le stéréotype de la mère «maternante» et le report du changement de rythme et de la charge du fardeau de la double journée. «Travailler avec les partenaires sociaux afin d’améliorer pour les 2 parents la combinaison de la vie professionnelle et des responsabilités familiales, pense-t-elle, serait la meilleure solution».

Périodique trimestriel du CFEP, janvier 2011- www.cfep.be/-Notre-bulletin-trimetriel

Les nouveaux enjeux du féminisme

En décembre dernier, l’édition 2010 des «Rencontres de la laïcité, de l’égalité et de la mixité», a été consacrée aux nouveaux enjeux du féminisme. Cette initiative commune du Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ), du Comité belge Ni Putes Ni Soumises et du Réseau d’Action pour la Promotion d’un Etat Laïque (RAPPEL), (réalisée dans le cadre du Parcours de la Diversité de Saint-Gilles), a rassemblé 3 oratrices d’horizons différents sur ce thème: Wassyla TAMZALI (Alger), Djemila BENHABIB (Québec), Nina SANKARI (Pologne).

Dès l’introduction, il fut souligné l’importance de séparer le droit, le politique de la foi. Il y fut question des reculs en Pologne sous l’influence de l’épiscopat notamment en matière d’avortement libéralisé. Djemila Benhabib venue du Canada (auteure de «Ma vie à contre Coran») souligne les dangers de lâcher du lest au religieux en matière d’égalité entre les sexes. Le paradigme de la liberté des religions a été introduit par les islamistes eux-mêmes qui ont appris à communiquer à partir des discours et valeurs occidentaux. Pour W.Tamzali (auteure de«Une femme en colère»), l’État de droit limite l’intrusion de la religion chrétienne dans les législations. Elle explique les régressions en Algérie en partie parce que la majorité des femmes «n’ont pas fait le travail de rupture avec l’ordre familial et avec l’ordre religieux».

Après la crise, les femmes au cœur de la reprise!

L’OIT célèbre la Journée internationale de la Femme. L’année 2011 marque le centenaire de la Journée internationale de la Femme, et le thème de la célébration de l’OIT est «Après la crise, les femmes au cœur de la reprise!», afin de montrer l’importance des politiques de relance axées sur les femmes pour résoudre la crise. Les mesures de reprise doivent s’orienter vers des solutions novatrices pour créer des emplois décents afin de garantir aux femmes, comme aux hommes, un accès égal à une meilleure éducation et à une formation leur garantissant un travail.

L’émergence de nouvelles professions et la reprise des emplois classiques devraient donner aux femmes les mêmes possibilités d’accéder à des carrières dans les sciences et la technologie qu’aux hommes. La crise présente de grandes différences régionales. L’impact de la récente crise économique sur l’emploi a sévèrement affecté les hommes et les femmes dans le monde du travail. Selon la Commission des Nations unies pour la condition de la femme, l’émergence de nouvelles professions et la reprise des emplois classiques devraient donner aux femmes les mêmes possibilités d’accéder à des carrières dans les sciences et la technologie qu’aux hommes.

Politiques de reprise: tous les moyens sont-ils bons pour les femmes? Certaines mesures d’austérité peuvent affecter de manière négative la situation financière des femmes, en particulier des femmes les plus vulnérables: les coupures dans les emplois du secteur public et dans le financement des organisations caritatives, car ces domaines emploient davantage de femmes que d’hommes; les coupures dans la protection sociale, comme les prestations pour enfants et les garderies d’enfants, car elles touchent les mères célibataires et les femmes à bas revenus.

In: Bureau pour l’Égalité entre hommes et femmes (GENDER) – Bureau international du Travail Courriel: gender@ilo.org – www.ilo.org/gender

Femmes et management

Amazone

Du 24 mars 2011 au 20 décembre 2011, Amazone, en collaboration avec MC2 – Chalude & Associates et le Centre pour la Formation et l’Intervention Psychosociologiques, proposera une nouvelle édition de la formation «Femmes et management»: une formation orientée vers le développement du leadership et les compétences managériales, avec un équilibre entre penser et agir, évolution à court terme, changement à long terme. Il s’agit de consolider les points forts des responsables d’organisations et de renforcer l’impact de leur action.

La formation s’adresse à des femmes occupant une position dirigeante ou de coordination au sein d’une organisation non marchande. Elle fournit des outils et des méthodes visant à améliorer le fonctionnement de l’organisation et à accroà®tre l’efficacité et le bien-être de l’équipe qui la gère. Les séances de formation contiennent des informations théoriques, des exercices et applications sur la base de cas proposés par les participantes.

Formulaire d’inscription par courriel à a.vanhoutvinck@amazone.be, par fax au 02 2293801 ou par courrier à Anita Vanhoutvinck, Amazone, rue du Méridien 10, 1210 Saint-Josse. Programme complet de la formation: http://amazone.be/spip.php?article814

Anniversaire

Viviane Teitelbaum

«Il y a 100 ans, pour la première fois, des femmes de différents pays ont marqué leur solidarité envers les femmes du monde entier en manifestant ouvertement, dans la rue. Aujourd’hui, le 8 mars 2011, alors que la situation s’est certes améliorée dans nos pays, de nombreuses femmes continuent de souffrir. Ici chez nous, de la pauvreté, mais aussi de violences conjugales ou intrafamiliales. Et dans certaines régions du monde également, tout cela, et les guerres en plus. Pour elles, le monde entier peut sembler être un pont très étroit, et aujourd’hui, par notre présence nous leur disons: l’essentiel est de ne pas avoir peur de le traverser! Aujourd’hui nous sommes sur le pont pour exprimer notre solidarité mais aussi pour montrer la force de notre engagement. Notre volonté de lutter pour aider les femmes de par le monde qui souffrent de ces guerres et des conflits. Depuis la République Démocratique du Congo, le Rwanda, la côte d’Ivoire, l’Afghanistan, la Bosnie Herzégovine, la Colombie, Haïti, l’Irak, le Libéria ou le Darfour, pour ne citer que quelques exemples…»

Extraits du discours prononcé par Viviane Teitelbaum, présidente du CFFB

L’égalité par le travail

Annie Massay

A l’occasion de la journée internationale des femmes, la télévision, la radio et la presse écrite telle par exemple Le Soir ont rappelé les longs mois de grève menés par les ouvrières ou «femmes-machines» de la Fabrique nationale de Herstal en 1966 pour des augmentations de salaires; bien qu’elles aient été soutenues par des syndicalistes très engagées comme Annie Massay ou des féministes de l’époque, elles n’ont pas obtenu complet gain de cause avec seulement 2,50 francs d’augmentation à la place des 5 francs réclamés. Cette lutte a marqué l’histoire non seulement avec la venue de soutiens d’ouvrières et de syndicalistes d’autres pays européens mais aussi par l’effet d’essaimage provoqué.

En 1968 à Dagenham dans l’est de l’Angleterre les ouvrières partent en grève contre leur employeur et ses actionnaires, le constructeur automobile Ford. Elles obtiennent les augmentations salariales revendiquées. Aussi bien en Belgique qu’en Angleterre, ces révoltes ont amorcé une prise de conscience des droits et améliorations des conditions de travail que les femmes pourraient obtenir; c’est ainsi qu’elles commencèrent à se battre pour obtenir des améliorations de leurs conditions d’hygiène et de sécurité de travail, des possibilités de promotion, la création de crèches.

In: Le Soir, magazine «Références» supplément du 5 mars 2011.

Violence liée au genre

En Belgique

L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes vient de publier une étude intitulée «Les expériences des femmes et des hommes en matière de violences psychologiques, physique et sexuelle. Lancée en 2008, l’objectif de cette étude était de comprendre la survenance, les formes, la gravité et le contexte de ces différents types de violence ainsi que les facteurs de risque et de protection associés. L’Institut lance également une campagne d’affichage dont un des thèmes est la prévention des violences entre partenaires (les autres sont l’écart salarial, la discrimination envers les femmes enceintes sur leur lieu de travail, les stéréotypes sexistes dans la publicité); les supports sont multiples tels des affiches différentes, un folder et un site dédié à la campagne avec un quiz de sensibilisation et un clip vidéo sur la violence entre partenaires. Et la campagne sur le site www.egalitehommesfemmes.be

En France

L’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi déjà modifiée par le Sénat le 29 juin 2010 et «relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants». La loi modifiera ou complètera certains articles du Code civil, du Code de l’organisation judiciaire, du code de procédure pénale (en ce qui concerne les mariages forcés), du code de «l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile», du code de l’éducation en termes de prévention, de protection, de condamnation.

Très complète en matière juridique, elle n’aborde toutefois pas toutes les mesures de prévention et de défenses que les femmes pourraient utiliser pour se protéger et avoir confiance en elles.

C’était une semaine, ce sera une année

Pour dénoncer toutes les violences faites aux femmes, nous voudrions que toutes les semaines de toutes les années à venir dénoncent, sensibilisent, protègent et écoutent les victimes. Cette année l’accent a été mis sur la prévention mais jamais jusqu’à ce jour, un politique, un parti, une association n’a voulu (osé?) insister qu’en matière de prévention, la plus efficace serait d’apprendre aux filles des l’école, aux femmes adultes victimes potentielles à pratiquer la confiance en soi permettant entre autres de réagir et mieux encore de se défendre.

Pas un seul mot sur la possibilité d’instauration de leçons de self-défense à l’école (par exemple durant les cours de gymnastique ou en activités extrascolaires) ou la subvention à des associations donnant des cours de self-défense pour femmes adultes. Bizarre non? Qui a peur que les filles ne soient plus douces, ni vulnérables, ni soumises, ni parfois passives en matière de relations sexuelles? Que d’enjeux! Selon Amnesty International, un Belge sur trois connait un auteur ou une victime. Il s’agit de sensibiliser les auteurs et les victimes, suivant une lecture éco-systémique des mécanismes de la violence conjugale. Le grand-public et les témoins, parce que la violence conjugale se joue à trois. Les professionnels relais, pour assurer la sécurité de tous. Enfin les politiques afin de les inciter à fixer des balises (lois et décrets) et de doter la société de moyens d’actions. C’est la connaissance précise du public-cible qui permettra à la sensibilisation de porter ses fruits.

Pour signer la pétition en faveur d’une année européenne de lutte contre les violences faites aux femmes. www.violenceagainstwomen.eu

http://www.reseauviolences.be/actualite.php?NewsId=50&PHPSESSID=7cf9010c345113d34b9ed48a28ab7465 info@reseauviolences.be

Benoîte Groult