Medias sexistes

A l’occasion de la Journée internationale de la femme de ce 8 mars, le journal LE SOIR a publié dans son édition du week-end des 7 et 8 mars, un article important intitulé «La PUB adore le corps des femmes. Où finit la liberté de création et où commence l’injure? Deux visions. Une juridique et une féministe». Sont interviewés un homme et une femme; l’homme est juriste à la RTBF et spécialiste des médias, la femme est Directrice de l’Université des femmes.

Stéphane Hœbeke qui a publié chez l’Harmattan «Sexe et stéréotypes dans les médias» se plaint «des excès de la lutte contre les stéréotypes dans les médias». Il s’insurge, par exemple, à propos de la PUB où l’on voit une femme nue agenouillée dans l’herbe devant un mouton, sur le fait que «les féministes» la trouvent sexiste, nous faisant la leçon au sujet «d’outrages sélectifs» que nous percevrions tout comme les musulmans perçoivent les caricatures de Mahomet. «Pour le racisme, comme pour le sexisme, il n’est jamais évident de respecter à la fois la liberté d’expression, de création et les droits légitimes d’un groupe».

Valérie LOOTVOET répond très justement en pointant l’amalgame: «c’est comme si la demande des femmes au respect était opposée à la liberté d’expression. Je ne vois pas en quoi cela contrevient à la liberté d’expression?sinon à la liberté d’expression machiste. La publicité est un message intrusif, imposé. Ce qui me dérange, c’est l’utilisation systématique du corps de la femme pour des produits, dans des contextes qui n’ont aucun rapport avec le corps».

Nous ajouterons que l’on peut fort bien imposer des règles à ces messages imposés à tous qui seraient différentes des messages artistiques par exemple, que chacun est libre de «consommer» ou non. En outre, la critique des idées (religieuses par exemple) ne s’apparente nullement à un discours sur des groupes d’individus.

L’article se trouve dans un moteur de recherche avec la chaîne « femmes du porno chic »

Ecart salarial h/f: 24%

Les femmes gagnent 24% de moins que les hommes (en moyenne, sur base de salaires bruts, temps pleins et temps partiels confondus). En gros, elles gagnent donc un quart en moins que les hommes. Sur une journée de travail de 8 heures (par exemple de 9 h à 17 h), cela signifie qu’à partir de 15h05, les femmes travaillent gratuitement.

Plusieurs facteurs expliquent l’écart salarial: les femmes occupent des métiers moins bien rémunérés, elles travaillent dans des secteurs généralement moins bien payés, elles occupent et restent dans des fonctions d’exécution, elles travaillent souvent à temps partiel. Mais expliquer l’écart salarial ne signifie pas l’accepter. C’est pourquoi la FGTB organise le 27 mars 2009, et pour la quatrième année, sa journée annuelle pour l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Comment agir tous ensemble contre cette injustice et supprimer l’écart salarial entre les hommes et les femmes?

La Commission européenne lance quant à elle une campagne sur les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes car elle considère que peu de progrès ont été effectués ces dernières années Cette campagne s’appuie sur un site web proposant du matériel d’information et des données chiffrées sur les écarts de rémunération, un kit d’information à distribuer aux employeurs et aux syndicats, un reportage vidéo et un vidéoclip. Elle explique pourquoi il est important de lutter contre ces disparités salariales et ce qu’il y a moyen de faire.

http://www.fgtb.be/code/fr/fram012.htm, http://www.businessandgender.eu/ et http://ec.europa.eu /equalpay

Femmes et migration

Dans un mémoire présenté à la FOPES «Parcours d’exil, demande d’asile: prise en compte des persécutions et de l’appartenance sexuelle dans la demande d’asile des femmes en Belgique», Mary Collins nous informe que seules 3 demandes émanant de femmes sur 6 ont abouti au statut de réfugié après une procédure de recours et l’une d’entre elles a obtenu un permis de séjour après une procédure de régularisation.

En dépit de la diversité de leurs situations et de leurs origines, toutes ont partagé des difficultés à faire valoir leur statut de femmes en tant que raison principale de fuite de leur pays d’origine et base de leur demande d’asile.

Le droit d’asile, droit individuel, repose sur le concept clé de «persécution» et toute demande doit prouver «qu’il y a une crainte bien fondée (de retourner dans le pays) pour raison liée soit à la religion, l’opinion politique, la nationalité, la race, l’appartenance à un groupe social particulier» (Convention de Genève relative au statut de réfugié-1951). Donc, l’octroi du statut de réfugié dépendra de la capacité de la personne à prouver qu’il/elle est persécuté-e selon l’un de ces critères. Dès lors pour les femmes, le problème de la preuve est un véritable obstacle car les formes de persécutions subies se passent souvent à l’abri des regards publics et se déroulent dans des sociétés qui tolèrent la violence à leur égard. Les violences évoquées par les femmes «sans papier» sont des violences liées aux mutilations génitales, aux viols, aux crimes d’honneur et aux mariages forcés. Les refus politiques d’établir des critères clairs en matière de régularisation rend le droit d’asile aléatoire. Mary Collins ajoute encore que rendre visible la dimension genrée de la persécution est un défi de taille.

Dans la revue «Infor-Moc» de mars 2009 (www.mocbw.be )

Une fois de plus, on est forcé de constater que quel que soit le problème rencontré par des groupes humains, ce problème est toujours plus aigu pour les femmes?et peu (ou pas) pris en compte dans sa spécificité de genre.

Félicitations!

Barbara Liskov, lauréate du prix Turing

Le «Nobel de l’informatique» est décerné à Barbara Liskov. Professeur au MIT où elle dirige le laboratoire Programming Methodology, Barbara Liskov est la lauréate du prix Turing.

Première femme à décrocher un doctorat en informatique (PhD à Stanford University, en 1968), MmeLiskov a jeté les bases des langages de programmation orienté objet, tels que Ada, C++, Java ou C#, en introduisant des structures abstraites pour la gestion des données. Ainsi, elle a créé, en 1974, le langage CLU, que l’on peut considérer comme un ancêtre des langages orientés objet actuels.

http://pro.01net.com/editorial/405499/le-nobel-de-linformatique-est-decerne-a-barbara-liskov/?rss?rss

Voile, laïcité, mixité?

La philosophe Nadia Geerts

Le 17 mars dernier, le Conseil d’Etat a débouté le Mrax qui demandait l’annulation du règlement de deux athénées interdisant le port de «tout couvre-chef ou signe ostensible d’appartenance politique ou religieuse». La philosophe laïque Nadia Geerts, initiatrice du R.A.P.P.EL., et féministe convaincue, est en total accord avec la décision prise par le Conseil d’Etat, et rappelle que la lutte contre TOUTES les discriminations «ne saurait ignorer le voile en tant que signe en lui-même discriminatoire»

Nous soutenons absolument les thèses défendues par la philosophe, persuadé-e-s que les revendications religieuses qui mettent en danger la totale mixité et l’égalité entre les sexes sont des forces qui poussent nos sociétés vers des pentes terriblement dangereuses. (Cf article suivant).

Conférence-débat présentée par Nadia Geertsà la Maison de la laïcité Lucia de Brouckère de Bruxelles sur «La question du voile en Belgique», le 21 avril à 19h30.

(http://www.lesoir.be/forum/cartes_blanches/l-interdiction-du-voile-est-2009-04-14-700985.shtml) et http://nadiageerts.over-blog.com/ RAPPEL: Réseau d’Actions Pour la Promotion d’un Etat Laïque

Sur le même thème voir aussi: http://ecoleetreligion.canalblog.com/.

Manifestation de femmes afghanes

Courageuses Afghanes?

Le correspondant de Libération à Kaboul revient sur une loi très négative pour les femmes afghanes chiites, qui a provoqué manifestation et contre manifestation:«sous les huées et les jets de pierre, une centaine de femmes ont défilé […] à Kaboul pour demander le retrait d’une loi autorisant de fait le VIOL conjugal chez les Chiites». «Libération», 17 avril 2009

Ce qu’on sait moins: une étude américaine démontre une déficience grave en vitamine D parmi les populations féminines arabo-musulmanes, causée par le port du voile?

http://www.eurekalert.org/pub_releases/2009-02/hfhs-aw021209.php

Briser le plafond de verre

Une proposition de loi vient d’être déposée au Sénat, visant une plus grande participation des femmes à la prise de décision dans l’administration publique, les entreprises publiques économiques, le pouvoir judiciaire et chez les partenaires sociaux. Le but à atteindre serait une proportion minimale de 40% de membres de sexe différent de celui des autres membres au niveau des postes à responsabilités et des organes de décision. La masse critique de 30% est considérée en politique comme le minimum nécessaire pour que les femmes y exercent une influence significative.

Malgré les progrès accomplis on ne compte que 30% de femmes au niveau 1 et 6% au niveau 2. Pour atteindre ce seuil minimal, la proposition de loi engage les entreprises à favoriser les structures de garde d’enfants, à organiser des formations aux fonctions de direction, destinées aux femmes, ainsi que des formations à l’égalité, destinées aux hommes? mais aussi à augmenter la flexibilité des conditions de travail.

Cette dernière suggestion n’est cependant pas nécessairement favorable aux Travailleuses: la flexibilité des conditions de travail mal ou exagérément utilisée par les employeurs, uniquement dans l’intérêt de l’entreprise au détriment de ceux des travailleurs peut en effet influencer négativement la marche vers plus d’égalité des travailleuses. Un «horaire variable» ne facilite aucunement l’organisation d’une famille avec enfants, bien au contraire. Prudence, donc. «Le Soir» 14 avril 2009

75 euros de prime mensuelle contre un job

À partir du 1er février, une prime spéciale de 75 euros par mois sera accordée aux parents isolés qui trouvent un emploi. Cette prime sera versée durant une période maximale de 12 mois. C’est la nouvelle mesure qu’a décrétée la ministre de l’Emploi, Joëlle Milquet (cdH) auprès des parents isolés qui décrocheront un emploi. Elle entrera en vigueur dès le 1er février. Cette mesure vise à rendre le travail plus attractif pour les parents isolés, majoritairement des femmes. Cette mesure est certainement motivée par le fait qu’il est actuellement parfois plus avantageux pour un parent isolé d’être sans emploi que de retrouver un travail, le salaire ne couvrant pas toujours les frais supplémentaires, notamment en matière de garde d’enfant. Un ménage sur cinq est un ménage monoparental. Le taux de chômage est cinq fois plus élevé dans ce type de ménages que dans les ménages avec deux parents.

Le formulaire pour pouvoir bénéficier de cette prime est disponible à l’Onem. http://www.levif.be/actualite/belgique/72-56-28726/septante-cinq-euros-de-prime-mensuelle-contre-un-job.html

À qui appartient le corps des femmes?

Depuis toujours, le corps des femmes est l’objet d’un traitement très différent de celui réservé au corps des hommes. Recueillant autant de louanges émues quand il est jeune et mince que de mépris ironique en cas de non-conformité à un idéal de séduction jamais atteint, étalé nu sur 20m2 en même temps qu’honteusement couvert et recouvert, cet «éternel féminin» semble cultiver la contradiction. Depuis les travaux des champs jusqu’à ceux de l’usine et de la maison, depuis les soins aux enfants jusqu’au soutien aux anciens et aux malades, depuis le poids de la culpabilité des désirs «illégitimes» des hommes jusqu’à leur satisfaction même non consentante, depuis la virginité réelle ou simulée jusqu’à la mise au monde d’enfants qu’elles ne désirent pas, la construction sociale d’un corps féminin problématique (compliqué, faible, malade, uniquement centré sur ses fonctions reproductrices?) et pourtant bon à tout faire, supporte des assignations qui deviennent à la fois cause et conséquence du statut inférieur des femmes, de leur dévalorisation symbolique et de leur exploitation économique.

Dans les années ’70, revendiquant la liberté de porter ou non des enfants quand et si elles le décidaient, les femmes clamaient: «Mon corps m’appartient». Qu’en est-il aujourd’hui? Ont-elles acquis, au même titre que les hommes, la maîtrise et la responsabilité de leur sexualité, de leur santé, de leur capacité reproductive?

COLLOQUE INTERNATIONAL jeudi 23 avril 2009 de 9h à 16h30, à l’ULB, salle Dupréel – Institut de Sociologie – Av. Jeanne 44 à 1050 Bruxelles.

Réseau citoyennes d’Europe

Le RCE publie un manifeste à l’occasion de la convocation électorale pour l’élection du Parlement européen le 7 juin prochain. Il souhaite, entre autres, exprimer sa préoccupation face à l’éloignement des critères d’égalité de genres dans l’élaboration et la mise en ½uvre des politiques européennes. Pour y remédier le RCE propose d’augmenter la présence équilibrée sur les listes mais aussi, lors la composition du Parlement final, dans la répartition des principaux postes de direction au sein de la Commission. Il souhaite transformer le principe de «gender mainstreaming» en stratégie d’actions et en identité de référence des politiques publiques de l’Union et introduire l’évaluation de l’impact de genre de ces politiques? créer une direction générale de l’égalité directement rattachée à la présidence de la Commission et donc transversale.

Voir sur le sitehttp://www.redciudadanas.org//index.php?lang=french