Lapidation au Kurdistan

Le 7 avril dernier, Doa Kalil Aswad, une jeune fille de 17 ans, a été lapidée en public parce qu’elle aimait un jeune homme d’une autre religion. Cette horreur a été commise en Irak près de Mossoul par des hommes de son clan appartenant à la communauté religieuse yézidi.

Présentes sur le lieu du crime, les autorités, à savoir la police kurde, n’est pas intervenue. Bien que victimes de nombreuses violences au Kurdistan, des femmes n’avaient jamais été lapidées en public en toute impunité, Cette lapidation est non seulement une honte pour toute la société, mais crée aussi un dangereux précédent. Une campagne internationale vient d’être lancée contre le meurtre et la lapidation de femmes au Kurdistan; vous trouverez les informations nécessaires sur les sites: www.csolidariteirak.org et www.kurdistannet.org

La femme comme question politique

En lien avec l’actualité, et bien que le verdict populaire n’ait pas soutenu les hypothèses de Françoise Héritier, il est intéressant de réfléchir à ce que l’anthropologue écrivait. Celle-ci avait trois convictions quant à la nécessité d’avoir une femme (progressiste) à la tête de la France.

La première est que la question du rapport des sexes est une vraie question politique centrale: «Le modèle archaïque régnant encore en ce domaine nous vient du Paléolithique et a été mis en place par la pensée symbolique… en des temps qui ignoraient d’autres clivages sociaux que celui-là, par des chasseurs collecteurs vivant sur la nature, sans réserves alimentaires ni propriétés à défendre… Ce modèle hiérarchique de pouvoir où les femmes sont mineures et inférieures, est à l’origine de tous ceux qui sont apparus par la suite entre porteurs de couleurs différentes de peau, de castes, de classes sociales… il est le modèle de tous les racismes»

La seconde conviction est que «dans le rapport des sexes, les trois marqueurs dont souffrent les femmes sont la privation du droit de décider de ce qu’il advient de leur corps, la privation de l’accès au savoir et celle de l’accès aux fonctions de l’autorité. Ces marqueurs sociaux permettent la concrétisation et la survie du système conceptuel touchant à la reproduction… Ce modèle est présenté par tous les États qui refusent l’égalité entre les sexes comme un choix culturel spécifique opéré entre diverses possibilités, ce qui est faux: le modèle est universel et nous nous en sommes péniblement et progressivement extirpés que depuis peu, notre exemple me pousse à penser que tous les autres peuples ont la capacité de parcourir le même chemin intellectuel. Mais nous devons pour cela connaître ce chemin et récuser le relativisme culturel rampant qui domine souvent au nom d’une tolérance mal comprise… il faudra lutter contre ces sirènes… et je crois que la candidate en est capable.

Troisième conviction: l’identité collective n’est pas une forme fixe, définissable, transmissible, intouchée entre générations. Elle est toujours entrain de se construire, dans un creuset virtuel avec l’apport des autres, de l’étranger. L’identité individuelle n’est pas non plus pensable sans le recours à autrui… C’est le mélange et la confrontation d’idées et de techniques qui permettent la création de points nodaux d’identités collectives variables au cours du temps. Je fais confiance à la candidate pour arrêter un jeu dangereux qui fait de la recherche d’une identité nationale FIXE à la fois un élément du relativisme culturel et un terreau pour le racisme, l’inégalité et l’exclusion… Rompant avec les représentations archaïques, l’idée fait son chemin qu’une femme a le droit et la capacité de représenter les hommes et les femmes tout comme un homme l’a de droit naturel. Sous cette dernière forme, c’est à la fois la valence différentielle des sexes, le relativisme culturel et le refus de l’égalité dans la toute première altérité qui se manifestaient… Penser qu’une femme est digne de son pays au plus haut point de l’Etat, c’est entrer résolument dans le monde nouveau.

Le QI le plus élevé «du monde»

C’est une femme qui a été désignée pendant 5 ans dans le livre des records Guinness comme ayant ce quotient intellectuel remarquable. Déjà enfant, Marylin Vos avait ce privilège, ayant réalisé à 10 ans un score rarement atteint par les adultes (160 et +); elle a choisi de devenir «opérateur de marché» (trader) à la Bourse. Âgée de 60 ans, elle est maintenant chroniqueuse dans un magazine américain et considère que les tests professionnels de QI sont incomplets pour mesurer toutes les facettes de l’intelligence: de nombreux facteurs différents interviennent ainsi les valeurs intrinsèques qui guident et orientent la pensée, les actions…

Si les hommes, dit-elle, ont longtemps dominé le domaine des sciences, c’est probablement parce que les emplois étaient configurés pour eux.

Success story entrepreneuriale au féminin

D’un côté des analystes économiques font remarquer que l’Europe (sauf la Norvège) manque de cadres féminins tandis que de l’autre des chercheurs affirment que le«style» et «le profil» féminin de manager est très actuel et plein d’avenir. Contradiction? Pas vraiment, explique l’Association belge des Femmes Chefs d’Entreprise en concordance avec les conclusions de deux études américaines.

D’une part, des obstacles d’ordre traditionnels et culturels freinent l’accès des femmes aux postes du plus haut niveau, à savoir au-dessus du «plafond de verre». Ces freins (difficulté de concilier la vie professionnelle avec la vie familiale, insuffisance de moyens d’accueil pour petits enfants, peu de valorisation sociale, manque de confiance en soi ou blocage des employeurs…) s’additionnent avec d’autres comme le manque de médiatisation des «success stories» féminins -celles-ci rencontrent les besoins d’identifications de tout un chacun- ou d’autres encore d’ordre plus organisationnel comme leur rareté dans des positions médianes de cadre supérieur dans l’entreprise, ou le refus de la part des réseaux masculins de les accueillir en leur sein, qui conservent ainsi l’information. La culture de l’entreprise elle-même est en cause, ainsi que les horaires tardifs de ces réunions informelles…

D’autre part, ces études révèlent que nombre de femmes auraient un style de management différent, plus participatif et plus proche du leadership transactionnel, plus à l’écoute, plus créatif et plus flexible…

Des recherches ont aussi montré que les entreprises ayant un nombre important de cadres supérieurs féminins ou de patronnes sont plus rentables que d’autres, la diversification bonifiant la direction des entreprises en transformant les processus décisionnels en profondeur, car les femmes tendent à minimiser l’importance des formalités pour communiquer directement dépassant ainsi les blocages structurels.

(L’Écho des 6/2/07, 19/2/07, 12/3/07 et 28/3/07)

Une loi pour l’année européenne de l’égalité des chances

Son titre: Loi du 12 janvier 2007 visant au contrôle de l’application des résolutions de la conférence mondiale sur les femmes réunie à Pékin en septembre 1995 et intégrant la dimension du genre dans l’ensemble des politiques fédérales (MB du 13/2/07)

Contenu succinct: le but de cette loi confirme la volonté d’intégrer structurellement et transversalement la prise en compte de l’égalité des genres dans toutes mesures officielles; ainsi la loi stipule que «le gouvernement veille… à l’intégration de la dimension genre dans l’ensemble des politiques, mesures, préparations de budget ou actions qu’il prend et cella en vue d’éviter ou de corriger d’éventuelles inégalités entre les femmes et les hommes .A cette fin, il présente en début de législature , à l’occasion de la déclaration de gouvernement, pour l’ensemble des politiques menées , les objectifs stratégiques qu’il entend réaliser au cours de celle-ci…Les crédits sont identifiés par département et organisme d’intérêt public et des indicateurs de genre pertinents seront obligatoires. Des rapports évaluatifs seront régulièrement fournis par les services tandis qu’un groupe interdépartemental sera chargé de la coordination; le roi est aussi habilité à coordonner les dispositions de la loi avec les précédentes dispositions réglementaires traitant de l’égalité.

Impact: selon un commentaire du cabinet du Ministre Dupont, le plan d’action 2004-07 signé par les partenaires sociaux avait déjà permis de lancer des actions , éventuellement préventives tout en y associant les Régions.

Les préoccupations relatives à l’application du mainstreaming du genre font effectivement parties des actions et sensibilisations entamées par les ministres en charge de l’égalité en région

Un peu d’histoire: pourquoi la Journée des Femmes un 8 mars?

C’est à cette date en 1910 qu’une confédération de femmes socialistes a créé cette journée pour obtenir le vote des femmes dans tous les pays.

Entre 1911 et 1914, le 8 mars, les femmes réclament ce droit en Allemagne et l’obtiennent le 12 novembre 1918. Le 8 mars 1915, c’est à Oslo que les femmes réclament la paix et le droit à l’égalité. En 1917, ce sont des ouvrières à Saint-Pétersbourg. En 1924, Chine reconnaît la Journée des Femmes, à la suite de l’URSS, en 1921.

C’est en avril 44 que les femmes françaises obtiendront le droit de vote, en 1948 pour les Belges. La France honore des Résistantes en mars 47, mais c’est seulement en 1982 qu’elle donne un statut officiel à La Journée. Les américains placent leur Woman Day le 8 mars en se basant sur une légendaire grève des femmes un 8 mars 1857 à New York. Les Nations Unies l’officialise en 1977.

Au chili, le 8 mars 1986 vit une manifestation violemment réprimée et le même jour 100.000 personnes manifestaient pour le maintien de la libéralisation de l’avortement à Washington.

Un peu de lecture pour les vacances

Persépolis est le titre de quatre cahiers de BD réalisés par Marjane Satrapi, d’origine iranienne, qui nous fait découvrir au travers du regard d’une fillette puis de la même devenue jeune femme, l’histoire de la révolution iranienne et l’avènement du régime théocratique en plein Téhéran.

Au travers de sa propre histoire et de celle de sa famille, elle nous fait découvrir les interdits du quotidien et la mise en place d’un système inégalitaire, sexiste et persécuteur de nombreuses iraniennes. Ses albums ont été plusieurs fois primés et ont donné lieu à un film qui a provoqué l’ire de l’Iran au dernier festival de Cannes.

Les BD: «Persépolis» de M. Strapi, collection Ciboulette, Éditions l’Association, 2000-2003.

Fin de législature

Lorsque nous faisons le point après la dissolution des Chambres de la législature 2003-2007, nous constatons qu’il ne suffit pas que les élu-e-s réagissent en faveur de plus d’égalité pour les femmes, faut-il encore que leurs propositions aboutissent; ainsi, une série d’initiatives n’ont pas été prises en compte ou n’ont pas été mises à l’agenda.

Citons par exemple, l’introduction au Sénat d’une proposition visant l’introduction de la dimension genre dans tous les types de statistiques, des propositions relatives aux mères porteuses, la révision de la Constitution visant à introduire l’égalité des sexes dans sa terminologie, des propositions visant à améliorer la protection, de la victime de violences entre partenaires, l’introduction de la clause de l’Européenne la plus favorisée…

En ce qui concerne la Chambre, on trouvait une proposition interdisant la publicité pour la greffe d’implants mammaires, une autre concernant l’égalité de rémunération, une encore réprimant certains actes inspirés par le sexisme, l’obtention d’un quota de femmes dans les conseils d’entreprise…

Par contre la proposition de résolution présentée au Sénat (site www.senate.be, doc.3-2047/4) et visant à établir l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes, a été adoptée par la Commission des Affaires sociales le 19 avril et demandait au gouvernement diverses mesures concernant des statistiques, des mesures politiques, des mesures de concertation sociale, de classification de fonctions neutre sur le plan du genre, en matière de sensibilisation sur les conséquences des choix de carrière (par exemple, le travail à mi-temps), d’égalité salariale dans les entreprises…

Une directrice dynamique et sociale

Directrice scientifique du Musée royal de Mariemont, Marie-Cécile BRUWIER fait parler d’elle actuellement grâce au succès de son exposition «Les Pharaons noirs» (visible jusqu’au 2 septembre www.musee-mariemont.be). Cette égyptologue de formation, qui a un CV «épais comme un syllabus» a en plus créé auprès du musée une «Maison des arts et du patrimoine social» afin d’initier les minimexés du CPAS de Morlanwelz à la culture via les collections permanentes ou temporaires ainsi qu’au passé historique de la région.

Elle les a intéressé en leur proposant des ateliers pratiques comme la reconstitution de costumes historiques ou l’apprentissage de techniques anciennes. Le musée a reçu grâce à elle, en mai dernier le «prix des musées» qui stipulait que c’était «pour l’attention portée aux publics vulnérables et le respect de l’équilibre entre grandes expos et recherche scientifique».

Enquête

La commission du CFFB «Femmes et monde vieillissant» lance une enquête destinée aux femmes de plus de 60 ans afin de mieux situer leur place au sein de la famille et de connaître la manière dont elles voient l’avenir. La commission souhaiterait, entre autres, analyser si cette génération est pénalisée par le poids de charges familiales afin de tirer des pistes de réflexion. Le questionnaire qui restera anonyme, peut être obtenu par courriel à l’adresse cffb@amazone.be ou à mnvroonen@skynet.be et devra être rentré pour le 15 septembre.