Le combat des femmes trahi!

Djemila Benhabib, auteur de «Ma vie à contre Coran», réagit à la position adoptée par la Fédération des femmes du Québec, fortement épaulée par des représentantes du Conseil islamique et Présence musulmane, lors de son assemblée générale spéciale tenue le 9 mai, en faveur du port du voile islamique dans la fonction et les services publics. «Les soldates de l’islam politique ont réussi à infiltrer la Fédération des femmes du Québec et à cancériser cette organisation de l’intérieur. J’accuse la FFQ de trahir le combat des femmes. Pour une poignée de militantes islamistes, la FFQ a sacrifié des millions de femmes musulmanes qui se battent au péril de leur vie. Aujourd’hui, il n’y a qu’un verbe qui tourne en boucle dans ma tête: j’accuse!

J’accuse la FFQ de trahir la lutte historique des femmes d’ici pour se débarrasser de l’hégémonie de l’Église catholique. J’accuse la FFQ de mettre un bâillon, (encore un! ), sur la bouche de toutes celles qui, dans le monde, subissent dans leur chair la barbarie des régimes oppressifs musulmans qui les obligent à porter ce linceul de la mort. J’accuse la FFQ de compromission avec des mouvements politiques des plus rétrogrades tels que le Conseil islamique canadien qui a mené une campagne acharnée pour l’instauration des tribunaux islamiques en Ontario ou encore Présence musulmane qui fait la promotion des thèses de Tarik Ramadan qui prône un «moratoire» sur la lapidation des femmes adultères, un châtiment préconisé par la charia islamique. Un moratoire???

Le 28 février 1994, Katia Bengana, une jeune lycéenne de 17 ans, fut sauvagement assassinée par le Groupe islamique armé (GIA) qui avait imposé aux femmes de mon pays, l’Algérie, l’obligation de porter le voile islamique. Katia était de cette trempe de femmes qui ne courbent pas l’échine. Ce jour-là, j’ai compris qu’être femme avait un prix. Ce jour-là, j’ai compris aussi que le combat pour la liberté et l’émancipation des femmes était l’un des plus périlleux. Cependant, j’étais loin de m’imaginer que cet engagement aussi ardu soit-il allait être aussi solitaire.

Lorsque j’ai rappelé aussi l’assassinat de Aqsa Parvez à Toronto, cette jeune fille de 16 ans assassinée par son père le 11 décembre 2007 parce qu’elle refusait le port du voile islamique, on me signifia que mon combat était émotif. Combien de Aqsa, de Katia faudra-t-il encore pour qu’enfin la FFQ comprenne que la bataille pour la liberté se déroule aussi, ici même, dans notre pays au sein de nombreuses familles musulmanes? Que vaut le sang de ces jeunes filles et de ces femmes? Pour la FFQ, certainement pas grand chose?».

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