Mince!

La compagnie aérienne Air India a renvoyé dix hôtesses de l’air sous prétexte qu’elles étaient trop grosses. Certaines de ces femmes ont déjà été réassignées en juin dernier à d’autres fonctions au sol, avec la caution de la haute cour de New Delhi, qui a jugé que cette décision du transporteur n’était pas discriminatoire. Certes, les hôtesses de l’air doivent être physiquement capables de faire leur job, ce qui veut dire assez minces pour gérer les procédures d’urgences et se faufiler entre les couloirs et les passagers. Mais?pas davantage que leurs collègues masculins, qui eux ne sont pas soumis à ces critères de «légèreté»!

Durant les années 90, la compagnie aérienne avait déjà tenté de recruter ses hôtesses parmi les candidates au titre de Miss Inde en leur proposant des salaires plus élevés qu’aux autres employées, comme si les qualités professionnelles des hôtesses se limitaient à des critères esthétiques?

Voir: http://www.7sur7.be/7s7/fr/1504/Insolite/article/detail/602802/2009/01/09/Des-hotesses-de-l-air-renvoyees-jugees-trop-grosses-pour-voler.dhtml

Résolutions européennes

Deux textes ont été adoptés par le Parlement européen le 14 janvier dernier à Strasbourg:

  1. la «Résolution du Parlement européen sur l’évolution du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies , et notamment le rôle de l’Union» (réf. P6_TA-PROV(2009)0021
  2. la «Situation des droits fondamentaux dans l’Union européenne-2004/2008» (P6_TA-PROV(2009)0019)

Le premier, dans son chapitre concernant «l’évaluation globale des trois premières années du CDH» se félicite entre autres, de l’adoption de textes normatifs importants en matière de droits de l’Homme; par exemple ,la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (et nous connaissons la proportion importante de femmes concernées); ou encore le «protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels» qui crée certaines procédures de plaintes spécifiques et offre un mécanisme de recours pour les personnes victimes de violations des droits économiques, sociaux et culturels au niveau international. La Résolution demande d’ailleurs à tous les Etats de ratifier rapidement ce protocole facultatif Elle demande également l’amélioration des procédures de sélection et de nomination de titulaires de mandat au titre des procédures spéciales tout en tenant compte de la représentation géographique mais aussi de l’équilibre entre femmes et hommes.

Le second texte, sur «la situation des droits fondamentaux dans l’Union européenne» considère, entre autres, que la protection efficace et la promotion des droits fondamentaux est le fondement de la démocratie en Europe. Il y est notamment insisté sur la différence entre la protection des minorités et les politiques antidiscriminatoires. Observant le faible niveau de connaissance de la législation anti-discrimination dans les Etats membres la résolution rappelle que, pour pouvoir exercer leurs droits, les «citoyens» de l’Union doivent s’approprier la législation de l’Union en ce domaine. Elle souligne aussi que le concept d’action positive ne peut se réduire au concept de quota; et que de telles actions peuvent en pratique prendre les formes les plus variées, telles que la garantie d’entrevues de recrutement, un accès prioritaire à des formations, une information prioritaire concernant les offres d’emploi pour certaines communautés et la prise en compte de l’expérience professionnelle plutôt que les seules qualifications. Le sous-chapitre «Egalité des chances» insiste, entre autres, pour qu’une attention spéciale soit accordée à la situation des femmes appartenant à des minorités ethniques ou immigrées dans la mesure où leur marginalisation est renforcée par une discrimination multiple à la fois de l’extérieur et de l’intérieur de leurs propres communautés.

La Résolution souligne que la violence que les femmes endurent en raison de leur sexe, en particulier la violence domestique, doit être reconnue et combattue dans la mesure où il s’agit d’une violation des droits des femmes répandue et souvent SOUS- ESTIMEE. Elle demande à tous les Etats de prendre des mesures adéquates et efficaces visant à garantir aux femmes une vie à l’abri de toute violence. Elle souligne également le besoin d’accroitre la prise de conscience publique du droit à la santé génésique et sexuelle.

Elle souligne aussi que malgré les progrès, les femmes continuent à se cantonner à certaines professions, à être moins bien rémunérées que les hommes pour un travail égal, moins présentes dans les fonctions de prises de décision et à être considérées avec suspicion par les employeurs en ce qui concerne la grossesse, et la maternité. Elle estime qu’il convient de lutter résolument contre l’inégalité des salaires afin de garantir l’indépendance économique des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes sur le marché du travail.

Plus d’infos: www.europa.eu/sides

Garçon ou fille? un destin pour la vie?

A Bruxelles, au musée Belvue, l’exposition: «garçon ou fille? un destin pour la vie?», organisée par le CARHIF (centre d’archives pour l’histoire des femmes), montre l’évolution des représentations de la féminité er de la masculinité en Belgique aux 19 ième et 20ième siècles. Différents stéréotypes servent de fils conducteurs et permettent également de montrer comment les identités «d’homme» et de «père» se sont construites au fil du temps et ont déterminés le rôle social des garçons.

Musée Belvue du 3février au 31 mai 2009-02-11. En savoir plus: www. avg-carhif. be

Culture

Au Musée Dapper à Paris, une exposition est consacrée aux femmes dans les arts d’Afrique.

«Comment les femmes apparaissent-elles dans les arts africains?

À travers quelque cent cinquante œuvres, principalement des statues, statuettes, masques et insignes de dignité, la nouvelle exposition du musée Dapper entreprend d’évoquer la multiplicité des représentations féminines. Nécessaires et incontournables, les pratiques rituelles conduites lors des initiations et des cérémonies religieuses marquent les moments forts des cycles de vie. C’est ce que révèlent nombre de figures: les corps traduisent, tant par l’ornementation que par la gestuelle, le vécu des femmes.»

Jusqu’au 12 juillet 2009. http://www.dapper.com.fr

Les premiers gestes d’Obama

L’agence Belga signalait le 22 janvier que «Le président américain Barack Obama a affirmé son engagement à défendre le droit des femmes à l’avortement.

«Je reste déterminé à protéger la liberté des femmes de choisir» entre avoir un enfant ou pas, a dit M. Obama dans un communiqué publié à l’occasion du 36ème anniversaire d’une décision de justice capitale sur le droit des femmes à l’avortement aux Etats-Unis.

Ce 36e anniversaire «nous rappelle que cette décision non seulement protège la santé des femmes et la liberté de reproduction, mais symbolise un principe plus large: que le gouvernement n’a pas à se mêler des affaires de famille les plus intimes», a-t-il dit, marquant une nouvelle fois de manière spectaculaire sa différence avec son prédécesseur George W. Bush.

Fin janvier, Le président américain Barack Obama a ensuite promulgué jeudi une loi sur l’égalité salariale consacrant le combat d’une femme qui s’était battue pendant des années pour tenter d’être payée autant que ses collègues masculins.

«C’est un jour merveilleux», aurait déclaré Barack Obama au moment de signer la «Loi Lilly Ledbetter d’égalité salariale».

Ce texte tient son nom d’une employée de l’usine de pneumatiques Goodyear de Gadsen (Alabama, sud), Lilly Ledbetter, présente ce jeudi à la Maison Blanche, qui avait découvert qu’elle était moins payée que ses homologues masculins après des dizaines d’années de travail.

La nouvelle loi facilitera les procédures judiciaires en cas de discrimination à l’encontre de salariés eu égard à leur âge, leur sexe, leur race, leur religion ou leur pays d’origine. «Ca tombe très bien pour la toute première loi que je signe. Nous confirmons un des premiers principes de ce pays selon lequel nous sommes tous nés égaux et nous méritons tous de poursuivre notre propre vision du bonheur», a ajouté le président des Etats-Unis.

Les Chats errants de Yael André

Le remarquable documentaire «Chats errants- zones temporaires d’inutilité» de notre jeune concitoyenne Yael André vient d’être primé le Comité belge de la Scam qui décerne des prix annuels mettant en lumière des parcours d’auteurs et distinguant des &œ lig; uvres dans leur originalité. Amalgame parfaitement réussi de poésie, de réflexion philosophique, d’observation sociologique?et d’un humour plein de finesse, ce film s’inscrit à la fois dans la tradition documentaire du cinéma d’auteurs belges et dans la ligne surréaliste qui caractérise assez bien notre culture métissée.

Toutes nos félicitations à cette cinéaste-philosophe originale, à qui nous souhaitons une brillante carrière!


Responsabilités professionnelles et congé de maternité

Portrait de Rachida Dati

Le Figaro publiait récemment un article intitulé «Ces dirigeantes qui renoncent à leur congé de maternité» (www.lefigaro.fr du 15/1/2009). Rachida Dati en fait n’est pas la seule dans son cas. Une étude menée en France en 2002 sur un large échantillon de femmes dirigeantes conclut qu’aucune n’avait pris l’entièreté de son congé légal.

L’auteure de l’étude relate que ces femmes ont voulu mener une carrière tout en ayant des enfants mais que le congé de maternité «est un temps contraint qu’elles veulent réduire au minimum vital». Globalement, on peut dire qu’elles «sacrifient» ce droit des femmes sur l’autel de leur carrière, tout en assurant que cela n’empêche pas de consacrer le temps qu’il faut aux enfants et de leur donner tout l’amour nécessaire, grâce à une bonne organisation.

La Présidente de l’Union féminine civique et sociale ajoute que«si toutes les femmes n’ont pas la même attitude face à ce congé, c’est parce que toutes n’ont pas le même intérêt à travailler. Plus elles aiment leur métier, plus le retour à leurs fonctions est rapide». En Belgique, des associations de femmes plaident pour le libre choix mais, de même que dans l’étude française, la solidarité des autres femmes ne joue pas:les femmes qui font ce choix sont critiquées par les autres, qui considèrent qu’elles piétinent la lutte menée pendant des années pour le droit des femmes.

Ce thème délicat mérite réflexion de la part des féministes. D’une part, on peut accorder de l’importance au libre choix des femmes?d’autre part, il ne faudrait pas oublier le risque de voir les employeurs «préférer» des employées prêtes à sacrifier leurs congés de maternité aux autres, qui revendiqueraient de conserver ce droit.

Bref, dans ce cas de figure, on peut considérer que la liberté des unes pourrait nuire à la liberté et aux droits «acquis» (provisoirement?) des autres?

Le viol moins grave que l’avortement!!!

L’excommunication d’une jeune mère de famille de Recife par l’archevêque catholique local, soutenu par le Vatican, parce qu’elle a fait avorter sa fille de neuf ans, victime d’un viol et portant des jumeaux au péril de sa propre vie, remue l’opinion brésilienne. Dans la foulée, les médecins qui ont réalisé l’IVG subissaient à leur tour les foudres de Mgr José Cardoso Sobrinho.

Ce dernier a justifié son geste en arguant qu’aux yeux de l’Eglise «l’avortement était un crime» et «que la loi de Dieu était au-dessus de celle des hommes». «Quand une loi promulguée par des législateurs humains est contraire à la loi de Dieu, cette loi n’a aucune valeur», avait encore dit Mgr Sobrinho qui a menacé d’attaquer la mère en justice pour homicide. Il justifie l’excommunication de la mère de la fillette «car les jumeaux qu’elle portait avaient le droit de vivre» a-t-il expliqué à «La Stampa».

Cependant, face à l’avalanche de critiques, le cardinal Sobrinho vient de dire que l’excommunication serait levée si ceux qui ont aidé l’avortement «expriment de la peine et des regrets».

On croirait rêver, au XXIème siècle! Ces prises de position rétrogrades (retour à l’Inquisition?) rappellent dangereusement celles d’une autre religion?

http://www.lalibre.be/actu/monde/article/487698/le-viol-moins-grave-que-l-avortement.html

Hommage à Marie Popelin

Action de suffragettes renversant une urne dans un bureau de vote au temps où les femmes ne pouvaient pas voter

La Cour de cassation du Palais de Justice de Bruxelles a résonné le 6 mars 2009 des discours du Premier Président de la Cour de cassation, des autorités du monde judiciaire et d’avocats belges et étrangers qui, profitant de l’hommage posthume rendu enfin à Marie Popelin, ont souvent déploré, statistiques à l’appui, combien les femmes ont encore à se battre pour faire reconnaître leur droit élémentaire à la parité, l’égalité des chances ou simplement de revenus égaux pour le même travail.

Une ancienne candidate à la présidence du Bénin, avocate elle aussi, a retracé les embûches inouïes auxquelles elle a dû faire face. Elle a fait vibrer la salle par sa volonté de continuer ses combats. Mais nous étions toutes là, de la féministe de base à la secrétaire d’Etat, en passant par toutes celles qui ont fait de leurs revendications égalitaires le slogan de leur vie, dans une euphorie douce-amère, pour rendre un peu justice – et l’endroit était propice – à la première femme docteur en droit de Belgique et la première à demander sans succès à être admise à la profession d’avocat. Intéressante exposition aussi de caricatures, photographies et illustrations, et apposition dans le couloir des avocats d’un bas-relief réalisé par l’avocat de La Palud. Il représente Marie Popelin devant le Palais de Justice (issu des collections de l’ULB).

En disponibilité à 37 ans, Marie Popelin entama des études de droit à l’ULB. Malgré la qualité des défenseurs qui plaidèrent son admissibilité devant la Cour d’Appel en 1888 (Me J. Guillery, deux fois Bâtonnier, Député, futur Ministre d’Etat, et Me L. Frank, jeune avocat brillant), l’arrêt de la Cour d’appel considéra que:«?la réserve inhérente à son sexe, la protection qui lui est nécessaire, sa mission spéciale dans l’humanité, les exigences et les sujétions de la maternité? la direction du ménage?, la placent dans des conditions peu conciliables avec les devoirs de la profession d’avocat et ne lui donnent ni les loisirs, ni la force, ni les aptitudes nécessaires aux luttes et aux fatigues du Barreau».

Relief de Marie Popelin

Marie Popelin, à 42 ans, était célibataire et sans enfant! Révoltée, Marie Popelin fonda en 1892 la Ligue belge des Droits des Femmes, avec Isala Van Diest, la première femme-médecin de Belgique et Hector Denis, recteur de l’ULB, L. Frank et C. Devos, ses avocats devant la Cour d’Appel et la Cour de Cassation, et H. Lafontaine, avocat qui sera prix Nobel de la Paix.

En 1905, en contact avec des associations étrangères, elle fonda le Conseil national des Femmes, qui existe toujours, et décéda à Ixelles 1913, épuisée par ses luttes et ses regrets professionnels. La loi autorisant les femmes à devenir avocat, pourtant introduite par Emile Vandervelde déjà en 1902, deux fois refusée, fut votée en 1922. D’autres manifestations en son honneur auront lieu cette année comme une comédie musicale à l’espace Delvaux les 8 et 9 mai.

Remerciements à notre membre, l’avocate Daniela Coco, instigatrice de cette manifestation, pour ses informations documentées et son attachement à notre Groupement qui a fait un discours étonnant sur l’époque et le parcours de vie de Marie Popelin et de ses sœurs.

Des ovaires dans la machine à laver?

Portrait de Thomas Gunzig

Nous ne résistons pas au plaisir de vous livrer le coup de gueule… d’un homme:

«Je n’ai rien contre la Journée de la femme. C’est vrai qu’on leur en fait des misères, aux femmes: on les viole et on les étripe de toutes les façons possibles juste pour passer le temps, on leur jette des cailloux pour un baiser échangé à la sauvette. Pas toujours très sûr d’être une nana, emballée et cachée sous du linge gris, cachée à la maison, cognée en stœmelings, prostituée sans qu’on lui demande son avis. Alors, pour rappeler tout ça, une fois par an, c’est la Journée de la femme. Il n’y a pas de journée du Pape?

Enfin, ce que je veux dire, c’est que pour le Pape, l’humanité est divisée en deux catégories: les hommes d’un côté et les ovaires de l’autre. Du coup, pour le Pape, les femmes, c’est jamais qu’un tas d’organes qui sert à faire des enfants. Ça n’a ni bouche pour parler, ni cerveau pour penser, ni tout le reste pour faire tout le reste. Et c’est vrai que, vu comme ça, une femme, quand quelque chose de grave lui arrive, c’est un peu comme quand le chat vole le haché dans la cuisine, ça énerve un peu mais on s’en remet?

Mais soyons justes, le Pape reste bienveillant avec les ovaires. Par exemple, pour la Journée des ovaires, il a estimé que la machine à laver était la plus belle des inventions du siècle. De quoi faire des ovaires libres! Libres, mais à la maison. Libres, mais en silence. Libres, mais à disposition. Faut pas déconner quand même».

Thomas Gunzig in http://archives.lesoir.be/des-ovaires-dans-la-machine-a-laver