Le Soir du 11/9/2008 signalait qu’un luxueux hôtel de Singapour avait décidé de réserver un étage entier rien que pour ses clientes; l’hôtel affirme qu’il a pris cette mesure afin que les femmes qui séjournent dans l’établissement se retrouvent dans «une atmosphère sûre et intime»; le taux d’occupation de cet étage est de 80% depuis son ouverture.
Cette approche de «ségrégation douce» est perverse à plus d’un titre. D’une part elle tend à avaliser le fait que la mixité serait dangereuse pour les femmes, et ce faisant à «justifier» les agressions qui seraient perpétrées à l’encontre des «imprudentes» qui se «risquent» à fréquenter les mêmes espaces que les hommes. En outre, ce type de mesures tend à créer une psychose grandissante chez les femmes, les confortant dans les préjugés et stéréotypes qui entourent le concept de genre: l’idée de l’infériorité physique des «faibles femmes», de leur incapacité à se défendre… autant que celle d’une soi-disant inévitable agressivité masculine à leur encontre.
Hommes et femmes ne doivent pas apprendre à vivre séparés, mais à vivre ensemble en bonne harmonie, et au lieu d’exacerber sans cesse leurs hypothétiques différences, il conviendrait d’apprendre aux jeunes garçons à se conduire de façon civilisée et aimable et aux jeunes filles à s’affirmer sans timidité et à se défendre.