Le Conseil pour l’égalité des chances entre hommes et femmes a organisé récemment un séminaire intitulé «Flexicurité et genre». Une politique de flexicurité consiste à combiner la flexibilité sur le marché du travail pour les employeur-euses avec la sécurité d’emploi pour les travailleur-euses. Lors des discussions et des rédactions de textes au niveau européen, l’impact sur le genre n’a pas été analysé alors que celui-ci aura des répercussions tant sur les conditions de travail et la sécurité juridique des travailleuses que sur les perspectives de carrière, la répartition du temps de travail, la sécurité des revenus aussi bien en termes de salaires qu’au niveau du montant des pensions?
Aussi bien les interventions que le débat présidé par le président du Conseil national du Travail avec les syndicats ont mis en exergue les dangers spécifiques pour l’emploi des femmes et leurs liens avec la sécurité et la protection sociales. L’exposé de Pascale Vieille, professeure à l’UCL, était particulièrement fouillé et critique. Elle démontre que les textes européens adoptés sont «partiaux» et incomplets car ils avancent des propositions concrètes de flexibilisation et de déréglementation du droit du travail sans cadre renouvelé de la sécurité sociale susceptible d’intégrer les nouveaux risques et éventualités qu’affronteront les personnes dans leurs trajectoires professionnelles et familiales.
L’outil classique de la sécurité sociale est la mutualisation de certains risques considérés socialement comme «légitimes», alors que la protection sociale pourrait, en vue de s’adapter aux changements sociétaux, recourir à d’autres outils comme les services d’intérêt général ou la fiscalité. Comme la mutualisation, le développement de services d’intérêt généraux accessibles et de qualité, participe d’une politique de régulation et de structuration collective du temps et de l’espace, paradoxalement fondamentale dans une société flexible.
Par exemple, «la prévisibilité et l’homogénéité des horaires de structures d’accueil ou scolaires, de transports ou d’autres services publics contribuent à soutenir employeurs et travailleurs dans l’organisation de la flexibilité du marché du travail et sont indispensables pour les ménages qui doivent concilier vie professionnelle et vie privée». Les politiques d’organisation du «temps des cités» («Bureau du temps» comme l’expérience en Italie) ou le droit familial peuvent aussi contribuer à cette réorganisation des temps et de l’espace social, familial et de travail pour tous et toutes.
Lire plus: «Flexicurité: redéfinir la sécurité des citoyens européens» par Pascale Vielle (UCL); exposé présenté à «L’Observatoire social européen»; octobre 2007; www.ose.be.