«Il y a des femmes partout» dit-on volontiers pour calmer les revendications féministes.
On se rappellera cependant que des interdictions professionnelles spécifiques sont faites aux femmes et que des obstacles, souvent dissimulés soigneusement; sont dressés sur la route de celles qui revendiquent les mêmes chances de départ et les mêmes points d’arrivée que les hommes.
On met même parfois au premier plan la présence ou le rôle des femmes dans certaines professions. C’est ainsi qu’en juin dernier c’est le rôle de l’agricultrice qui a été souligné en Wallonie dans le cadre des « Journées fermes ouvertes ». Il ne s’agissait pas seulement de rappeler le rôle traditionnel des femmes dans l’agriculture mais la place des femmes dans la gestion de l’agriculture qui ici a été mis en valeur.
Le 21 juillet, jour de la fête nationale, on a célébré le vingt-cinquième anniversaire de l’entrée des femmes à l’armée. Oui, il y a seulement vingt-cinq ans qu’elles sont de vraies militaires professionnelles dans notre pays alors que l’histoire nous a légué le souvenir de Boadicée, des sœurs Tang, de la Kahena, d’une Christine de Lalaing ou d’une certaine Fernig, par exemple.
Oui, des femmes militaires ont défilé à Bruxelles, ce 21 juillet 2000, et ce n’était pas la première fois; il n’empêche que les femmes sont très minoritaires à l’armée. Quand aurons-nous une générale, une vraie générale, une femme qui doit ce titre à sa carrière et «n’emprunte» pas celui de son mari. Et soulignons que, dans le même temps, en cette année d’anniversaire, un cas de harcèlement sexuel d’élèves féminines de l’école militaire vient aux oreilles du public et est très mollement puni d’une sanction symbolique.
Inquiétant, n’est-ce-pas? Et n’y aurait-il pas des âmes charitables pour dire que les femmes doivent s’attendre à de telles manifestations quand elles ont l’audace de pénétrer sur une chasse gardée, dans un fief masculin «par nature»?
Le ministre fédéral de l’emploi et du travail entend à juste titre élargir l’éventail des emplois exercés par les femmes en les incitant à se préparer à des emplois traditionnellement masculins. On apprend que deux femmes candidates au service d’incendie, éliminées lors des épreuves sportives d’admission ont obtenu gain de cause devant le Conseil d’Etat sur la base d’une discrimination de sexe/genre. Faudra-t-il encore longtemps pour que des femmes épuisent leurs ressources et leur énergie par des actions personnelles devant les diverses instances? Verra-t-on un jour l’appareil de l’Etat établir l’inventaire des discriminations de sexe/genre afin d’y mettre fin? Ou bien verra-t-on un jour la Cour d’arbitrage (qui à notre connaissance, n’a pas encore été saisie d’une affaire de discrimination de sexe/genre) déclarer que la discrimination de sexe/genre est justifiée? En attendant, on voit se dessiner une tendance à banaliser la discrimination de sexe/genre en la noyant parmi toutes sortes d’autres discriminations, en l’y diluant au point de la diluer à l’infini. Cette tendance doit être combattue avec vigilance.
Parmi les « difficultés » prévisibles, parfois invoquées par les employeurs pour rejeter ces candidatures féminines à certains emplois; il y a l’attitude présupposée des futurs collègues masculins au travail.
A cet égard, la responsabilité des syndicats est d’une importance capitale. Et l’on doit souligner que, devant la pénurie des chauffeurs de poids lourds, un responsable syndical a récemment regretté publiquement que ce métier ne compte que 3% de femmes.