En obtenant gain de cause contre l’État, Alicja Tysiac incarne la lutte pour le droit à l’avortement. En effet, une interruption de grossesse n’est actuellement possible en Pologne qu’en cas de mise en danger de la santé de la mère, de malformation du f?tus, d’inceste ou de viol. Le certificat médical autorisant l’avortement n’est toutefois pas toujours délivré par les médecins, soit par conviction personnelle, soit par peur de se tromper car un avortement non justifié peut entraîner la prison pour le praticien.
Une mère de deux enfants en a fait l’expérience, n’ayant pu avorter bien que son médecin, ophtalmologue, craigne que sa troisième grossesse ne la rende aveugle. Aujourd’hui, à la suite d’une vue fortement détériorée, elle a porté plainte auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg, démarche inédite pour une polonaise. Le verdict, qui vient de tomber, condamne l’État à lui verser une forte indemnité au titre de préjudice moral. Alicja Tysiac a déclaré que son but était de montrer que même l’avortement thérapeutique n’est pas respecté en Pologne.
La Fédération des Femmes ajoute que onze polonaises ont témoigné de cas semblables; plusieurs journaux conservateurs ont déjà diabolisé la plaignante, radicalisant encore plus le débat sur le droit à l’avortement.