On n’en a pas fini de commenter les résultats des élections. C’est logique puisque trois mois séparent les élections communales de leurs conséquences sur le terrain, et on évalue à l’aune de ces élections le degré de satisfaction ou d’insatisfaction du corps électoral pour les autres degrés de pouvoir. Et l’on glose sur l’incidence du type de scrutin sur la stabilité de l’exécutif qui est sans doute dans nos sociétés expérimentales siège du pouvoir politique.
En ce qui nous concerne, nous déclarons uniment que nous ne disposons pas de moyens techniques pour procéder à de telles évaluations. Ce qui nous importe, c’est de constater combien de femmes émergent dans les rangs du pouvoir et des postes de décision. Ce qui nous importe, c’est de voir une proportion accrue de femmes aux postes de décisions. L’auteure de ces lignes pense même que, devant les grands nombres et dans des conditions qui seraient normales au départ, la proportion «naturelle» hommes-femmes serait la parité à l’arrivée. Cela est sans compter le poids des traditions.
Nous avons recommandé le vote de préférence en faveur des candidates.
D’autres groupes que nous ont eux aussi, préconisé le vote de préférence pour «leurs» candidats, pour ceux à qui ils veulent donner un coup de pouce, pour ceux par lesquels ils veulent être représentés. Les chercheurs et chercheuses étudieront certainement comment ces candidats ont été représentés par les groupes en question, s’ils constatent que le vote n’a pas propulsé vers le pouvoir un nombre considérable de femmes (ce que certains traduisent en disant que «les»femmes ne veulent pas être dirigées par des femmes), il y aura lieu de se demander si le «votez femmes» a eu une portée exclusive et, si, sous le poids des traditions et de la tolérance, les partisans du «votez femmes» n’ont pas voter aussi pour des candidats masculins parce qu’il y a – c’est indiscutable – des personnes très valables parmi eux et si, au contraire, les autres groupes sélectifs n’ont pas répandu le mot d’ordre de voter exclusivement pour «leurs candidats» quelles que soient les qualités et les compétences de personnes qui n’appartiennent pas à «leur»groupe.
Ensuite, il y a les effets des élections sur la composition des pouvoirs exécutifs qui sont sans doute les personnes qui détiennent le réel pouvoir politique. Vous avez lu dans la presse les tractations à ce sujet, tractations qui ont écarté un certain nombre de femmes. Il est malheureux que cela se passe mais il est heureux que cela ne passe pas inaperçu. C’est ainsi que l’hebdomadaire très répandu «Brussel deze Week» du 18 octobre 2000 consacre, en première page, un éditorial à l’élimination des femmes «Brusselse regering doet het opnieuw zonder vrouwen» (le gouvernement bruxellois fonctionne à nouveau sans femmes) en analysant les diverses méthodes et motivations pour éliminer les femmes (N.D.L.R. Ce n’est pas uniquement le gouvernement bruxellois qui ne compte aucune femme!). De son côté, un journaliste du «Soir», (19 octobre 2000) constate qu’il faut des mesures contraignantes pour établir la parité hommes-femmes au départ parmi les candidats?et on sait ce que devient la parité à l’arrivée !
N’attendons pas le 2 janvier 2000 pour mettre en place une stratégie globale tendant à réaliser dans les faits une parité hommes-femmes dans toutes les activités.
Les chiffres concernant la vie politique et les élections sont sans doute une évidence que l’on fait apparaître facilement et ils sont éloquents. Mais il ne s’agit que d’une partie de la discrimination fondée sur le sexe. En effet, on la rencontre dans tous les domaines. L’une de nos conférencières, universitaire de renom, nous communiquait les données concernant la répartition des femmes parmi le personnel de son institut: 6% de femmes dans le corps professoral, 12% dans le personnel enseignant et 54% dans le personnel administratif. Autrement dit, au fur et à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie, la proportion des femmes diminue. Une société meilleure et plus juste pour tous et toutes ne pourra exister que s’il y a des femmes en nombre dans tous les domaines de pouvoir, de décision, d’influence et à tous les échelons.