En France, le gouvernement a déposé un amendement qui rétablit la pénalisation des clients de prostituées dans la proposition de loi qui divise le Sénat (qui est contre) et l’Assemblée nationale (qui est pour) depuis deux ans. Il prévoit une contravention de 1.500€ maximum et de 3.750€ en cas de récidive en arguant que le projet «permet d’indiquer la responsabilité des personnes achetant un acte sexuel, alors que la prostitution est source de violences», et «vise à dissuader la demande et à décourager les réseaux». Par ailleurs, le budget 2016 de lutte contre la prostitution doublé.
Par contre, Amnesty International, une des organisations de droits humains la plus proéminente et respectée au monde, propose de décriminaliser totalement le commerce sexuel, y compris les maquereaux, les propriétaires de bordels et les acheteurs de sexe dans l’espoir de protéger les individus prostitués. Le commerce sexuel deviendrait ainsi un employeur acceptable et désirable (sic!). La direction d’Amnesty a ignoré les milliers de voix des mouvements globaux de femmes de la base, des survivantes de la prostitution, des intellectuelles (scholars) et chercheuses, des dirigeants lesbiens et gays et d’autres incluant un ancien Président US et les héritiers de Martin Luther King, Jr.
Les organisations féministes ont immédiatement réagi. «Légaliser la prostitution et dépénaliser le proxénétisme, c’est renforcer la traite et l’esclavagisme sexuel», dénonce une tribune publiée le 8 août dans Libération, et signée entre autres par les Femen, Osez le féminisme et l’Amicale du Nid. «Une organisation de droits humains visionnaire élabore sa mission sur ce qu’on aimerait que le monde soit, pas pour s’adapter à la souffrance énorme qui existe. Mais jusqu’à ce qu’Amnistie rectifie cette faute, sa légitimité est ternie ; son âme est perdue ; sa chandelle est éteinte», comme le formule joliment Taina Bien-Aime, directrice exécutive de la Coalition contre le trafic des femmes (CATW).