Le discours d’Obama au Caire a été salué pour son ouverture en rupture avec l’attitude arrogante et guerrière de l’administration Bush. Bien. Mais, dans son élan d’enthousiasme à s’attirer les sympathies des Musulmans… il a sacrifié, comme tant d’autres politiciens, l’idéal d’égalité entre les sexes.
En réaction, Catherine Kintzler (Professeure de philosophie émérite à Lille III et membre du bureau de la Société française de philosophie dont elle anime le site internet) exprime ses inquiétudes. Elle s’interroge sur les répercussions de telles déclarations sur la «liberté» des femmes musulmanes de porter le voile: «En encourageant et en justifiant le port du voile islamique, vous avez désavoué les millions de musulmanes qui ne le portent pas, vous avez réduit au silence celles qui luttent pour la liberté de conduire leur vie au péril même de celle-ci, vous n’avez même fait aucune distinction entre celles qui le portent librement et celles auxquelles il est imposé. Parmi toutes les interprétations de l’islam, et malgré votre volonté de vous adresser par ailleurs aux musulmans qui rejettent l’intégrisme, vous avez ainsi fait un choix, n’hésitant pas à vous mêler aux débats internes à une religion. A son frère qui, fort de votre autorité, lui demandera de s’ «habiller correctement» et lui imposera le port du voile, que pourra désormais répondre une jeune fille de culture musulmane désireuse de ne pas le porter? Vous l’avez déjà bâillonnée, vous lui avez donné l’ordre de s’incliner, vous lui avez fait savoir qu’une résistance équivaut à un désaveu de sa religion: vous avez déjà fait d’elle, soit une renégate, soit une ombre silencieuse.
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Nous ajouterons que le voile, et pire encore, la burqua, sont des marqueurs d’inégalité: au-delà d’être le signe d’une religion, le voile est celui d’une pratique qui soumet les femmes à une morale sexuelle inacceptable que nul ne peut faire semblant d’ignorer. Les encouragements à autoriser le port du voile bafouent le combat de millions de femmes qui se battent pour la liberté de ne pas le porter.