GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTEpour l'émancipation économique de la travailleuse | |
Bulletin de juillet 2015Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s. Les filles de femmes actives font de meilleures carrièresFemmes actives, de mère en filles...? Les filles d'une femme qui travaille ont statistiquement plus de chances d'être elles-mêmes et réussiraient mieux dans leur carrière. De fait, 33% des filles dont la mère travaille ont gravi les échelons de leur entreprise, contre seulement 25% des filles de mères au foyer. Et elles gagneraient chaque année 5200 dollars de plus. Autre surprise: l'image de la businesswoman aurait un impact sur les garçons. Ceux qui ont une mère active seraient plus attentifs à leur vie de famille que ceux qui ont grandi avec une mère au foyer. Ce sont les résultats d'une étude de la Harvard Business School portant en 2002 et 2012 sur des femmes et des hommes de 24 pays différents, répartis sur les cinq continents. Selon Kathleen McGinn, l'auteure principale de l'étude (photo): «Quand vous allez travailler, vous aidez votre enfant à comprendre qu'il y a beaucoup d'opportunités pour lui à l'extérieur de la maison.» Source: www.hbs.edu/... Moindres opportunités de carrière pour les femmes à BruxellesA Bruxelles, les inégalités entre les hommes et les femmes sur le marché du travail perdurent. Elles restent liées à la répartition des rôles dans la sphère privée. Il en résulte un moindre taux d'activité, davantage de temps partiel, des salaires inférieurs, avec d'importantes répercussions sur le niveau des pensions. Contrairement à la paternité, la maternité constitue un facteur pénalisant. Autres facteurs: les stéréotypes, la discrimination, le manque de places en crèches (important en Région bruxelloise)... On observe aussi une forme de ségrégation professionnelle: certaines professions - où les conditions de travail sont parfois difficiles et les salaires peu élevés - sont fortement féminisés, comme par exemple les titres-services... Si le risque de chômage des femmes est équivalent (voire moindre) que celui des hommes en Région bruxelloise, les inégalités réapparaissent en termes d'allocations de chômage: celles des chômeuses sont souvent inférieures à celles des hommes, car elles sont plus fréquemment cohabitantes. Hélas, parmi les chef-fe-s de famille, les femmes sont plus souvent sanctionnées. NDLR. Ici encore on perçoit l'impact de la maternité et le sort peu enviable des mères célibataires Source: Observatoire bruxellois de l'Emploi, «Les femmes sur le marché de l'emploi en région bruxelloise», juin 2015, www.observatbru.be/...pdf Des carrières à l'international deviennent accessibles aux femmesÀ niveau de responsabilité équivalent, les femmes commencent à peine à accéder à des opportunités de carrière à l'international: environ 13% selon «Managing Mobility 2012» d'ECA International, cabinet spécialiste de la gestion de l'expatriation. «Elles souffrent encore de stéréotypes véhiculés dans l'entreprise qui freinent leur accès aux postes d'expatriés», explique Olivier Mérignac, auteur de l'étude «Les femmes dans le processus d'expatriation». Elles seraient considérées comme moins motivées à se lancer dans une carrière ambitieuse, moins compétentes et rejetées par les hommes d'affaires locaux. Dans son enquête, le chercheur montre qu'aucun de ces préjugés ne se vérifie sur le terrain. Pourtant, une majorité de femmes continuent à s'autocensurer. Dans son étude «Talking from 9 to 5: Women and Men at Work», l'américaine Deborah Tannen révèle qu'un homme dépose sa candidature lorsqu'il estime avoir 50% des capacités pour le poste. Dans la même situation, une femme ne postule pas, même avec 80% des qualités requises: elle se focalise sur les 20% restants. Quel que soit le secteur d'activité, «les femmes doivent savoir comment parler d'elles dans l'entreprise pour obtenir ces postes», précise Stéphanie Talleux. D'autant que la mobilité internationale est un levier fondamental pour avancer dans sa carrière: «C'est un passage obligé», explique Corinne Hirsch, dirigeante d'AEQUISO, entreprise de conseil et formation en égalité femmes/hommes. Sources: information.tv5monde.com/..., www.eca-international.com/..., www.cairn.info/..., www.soc.hawaii.edu/... et www.stephanietalleux.com Femmes: devenez visibles dans les médias!Seulement 20% de femmes sont invitées en tant qu'expertes à la télévision, 17% en radio et à peine 15% en presse écrite, selon ONU femmes. En France, le constat fut analogue, cf. le rapport «Les expertes»: bilan d'une année d'autorégulation. En outre, Rokhaya Diallo qui a participé à des débats dans des émissions politiques ou d'actualité, explique que une fois invitées dans les émissions, les femmes doivent faire face aux propos de leurs homologues masculins. «On se retrouve face à des hommes qui vont avoir des comportements paternalistes, qui vont crier pour couvrir notre voix ou qui vont nous prendre de haut en nous lâchant du «mademoiselle» pour nous montrer à quel endroit on se trouve dans la hiérarchie du débat», explique-t-elle. Mais on perçoit des signes positifs en France:
Napoléon: héros ou tyran?Suite au tapage médiatique autour de la reconstitution de la bataille de Waterloo, le moment est propice pour décortiquer ce que le fameux «Code Napoléon» réservait aux femmes! On peut craindre le pire si l'on en croit une citation de Napoléon: «La femme est donnée à l'homme pour qu'elle lui fasse des enfants ; elle est sa propriété comme l'arbre à fruits est celle du jardinier». Et de fait, les avis relatifs au code ne sont pas tendres: charia catholique du patriarcat gréco-romain, restauration de l'esclavage des femmes.... Le Code Napoléon affirme l'incapacité juridique totale de la femme mariée et pose toute une série d'interdits et de règles pénalisantes: interdiction d'accès aux lycées et aux Universités, Interdiction de travailler sans l'autorisation du mari, Interdiction de toucher elle-même son salaire, interdiction de signer un contrat, de gérer ses biens, exclusion totale des droits politiques, contrôle du mari sur la correspondance et les relations, interdiction de voyager à l'étranger sans autorisation... Le mariage est toujours soumis au consentement du père, la femme doit obéissance à son mari, l'enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari, le divorce n'est autorisé que dans trois cas: adultère ; condamnation à une peine infamante; sévices et injure grave, l'adultère des femmes est sévèrement puni, les filles-mères et les enfants naturels n'ont aucun droit. Nombre de ces règles furent maintenues jusque dans les années 1960! Source: Histoire du Droit des femmes Sexisme ordinaire, même pour un homme extraordinaireLe Britannique Timothy Hunt, prix Nobel de médecine a déclaré que dans les laboratoires de recherche, «trois choses se passent quand elles (NDLR les femmes) sont dans les labos: vous tombez amoureux d'elles, elles tombent amoureuses de vous, et quand vous les critiquez, elles pleurent». Mr Hunt s'est ensuite excusé mais, sous le feu des critiques, a dû démissionner de l'University College London. Ces commentaires «touchent au cœur des préjugés contre les femmes dans la science: nous ne pourrions pas être des candidates sérieuses parce que nous sommes trop émotionnelles et, pire, que nous distrayons les hommes de leurs recherches par notre attrait sexuel", a regretté Dorothy Bishop, professeure à l'Université d'Oxford. Rapidement la fièvre s'est emparée de Twitter (#distractinglysexy): «Je suis tombée amoureuse de la microcentrifugeuse... C'est typique de la femme en laboratoire», «Je suis vraiment contente que Marie Curie ait trouvé le temps d'arrêter de pleurer pour découvrir le radium et le polonium», «J'aimerais pouvoir me concentrer dans le laboratoire mais je suis tombée amoureuse d'un Europasaurus holgeri» (photo), «Le Masque à filtre me protège de produits chimiques dangereux et camouflent mes larmes de femme», «J'ai remis à jour la signalétique du laboratoire, on lit sur la porte "Danger: Laboratoire mixte" ou un panneau d'"Interdiction de tomber amoureux ou de pleurer"». Sources: m.7sur7.be/7s7/m/fr/1522/... et www.7sur7.be/7s7/fr/1522/ La science a besoin des femmesLes femmes sont encore trop rares dans le monde scientifique. Selon l'Institut de statistiques de l'UNESCO, elles ne représentent qu'un tiers des effectifs des chercheurs dans le monde. «Elles sont sous-représentées dans les sciences que ce soit dans la recherche scientifique fondamentale ou aux plus hauts niveaux décisionnels», lit-on sur le site de l'UNESCO qui mène une campagne active depuis 2008 sur l'importance de la place des femmes dans les sciences. L'institution anglaise de promotion des sciences, la Royal Society, a d'ailleurs réagi aux propos sexistes du prix Nobel de médecine en prenant ses distances (voir article précédent); dans un texte intitulé «La science a besoin des femmes», elle affirme: «La science doit utiliser le mieux possible les capacités de recherche de l'ensemble de la population» car, semble-t-il: «trop de personnes talentueuses ne réalisent pas leur potentiel scientifique à cause de problèmes de genre et la (Royal) Society veut faire en sorte de corriger cela». Et elles restent encore trop peu nombreuses dans bien d'autres métiers. Selon une étude du gouvernement français de 2013, près de la moitié des femmes qui travaillent se concentrent dans une dizaine de métiers sur 86 répertoriés. En 2011, seulement 19 métiers étaient considérés mixtes, selon cette même analyse. Les campagnes internationales se multiplient afin d'atteindre une meilleure répartition des sexes dans tous les secteurs d'activité. L'enjeu n'est pas seulement l'équité homme-femme, mais c'est aussi l'économie des pays qui en dépend et à laquelle doit participer la moitié de l'humanité. Sources: www.unesco.org/... et http://femmes.gouv.fr/...pdf. Aider un deuil ou fragiliser le droit à l'avortement?Le parlement belge pourrait bientôt aider les parents d'un enfant né sans vie à faire leur deuil, en leur octroyant le droit à un enregistrement du foetus à partir d'un seuil de 140 jours, avec prénom et nom de famille, voire même un "acte de naissance" pour toute grossesse non aboutie. Mais cette initiative est controversée, car elle pourrait fragiliser le droit à l'avortement. Et les équipes médicales seraient-elles dès lors obligées de réanimer de tels fœtus? Alors même qu'entre 22 et 26 semaines d'aménorrhée, moins de 15% des enfants nés vivants sortent des soins intensifs sans séquelles majeures! Sources: www.uptodate.com/... et www.laicite.be/... Forum international sur les questions d'égalité hommes/femmesUn forum international sur les questions d'égalité hommes/femmes, le travail et l'emploi, réunissant à la fois des expert-e-s et des professionnel-le-s sera organisé à Turin du 16 au 27 novembre 2015. Traduction simultanée. Coût 3500&eur; incluant hôtel et repas. Des bourses sont disponibles. Délai: 14/8/2015. Inscriptions et Programme: gender-campus.itcilo.org/academy Renseignements: genderacademy@itcilo.org Aidez-nous à défendre les droits des Femmes: rejoignez notre équipe rédactionnelleVos commentaires critiques d'ouvrages, films, oeuvres artistiques concernant la cause des femmes nous intéressent! Mais aussi: vos éventuelles contributions «spécialisées» dans l'un ou l'autre domaine du féminisme: femmes et travail, l'éducation et le genre, les comportements sexistes et la discrimination de genre, législation belge ou européenne concernant l'égalité (ou comportant des marche-arrière), mise à l'honneur de femmes d'exception, etc. Envoyez-nous un courriel à info@porteouverte.be ou un courrier postal pour toute proposition en ce sens. © Porte Ouverte 2015 |