GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Éphémérides de la semaine

À l'occasion de l'Année Internationale de la Femme instituée en 1975 par l'UNESCO, le Groupement belge de la Porte Ouverte a rassemblé les faits d'un ensemble de femmes qui se sont illustrées dans l'histoire, récente ou ancienne. Afin que ce travail ait un effet durant toute cette année, il fut diffusé vers les journaux et périodiques sous forme d'éphémérides. Seul l'hebdomadaire néerlandophone « MIMO » les a régulièrement publiées.

Les informations ont été rassemblées par Alice Choprix-Delaby, Elisa Coene, Adèle Hauwel, Lucie Hauwel, Renée Noirynck et Jeanine Van Esch.

Prix Nobel - Depuis 1901, le prix Nobel est remis aux lauréats le 10 décembre de chaque année à Stockholm (prix Nobel de physique, de chimie, de physiologie ou médecine, de littérature) et à Oslo (prix Nobel de la paix). En outre, depuis 1969, le prix Nobel de sciences économiques, fondé par la Banque de Suède en 1968, s'y ajoute. Les femmes lauréates des prix Nobel depuis leur fondation jusqu'en 1974 inclus sont:

Physique

  • 1903 Marie CURIE-SKLODOWSKA (née à Varsovie le 7 novembre 1867 - décédée près de Valence le 4 juillet 1934)
  • 1963 Maria GOEPPERT-MAYER (née à Kattowioz le 28 juin 1906 - décédée le 20 février 1972)

Chimie

  • 1911 Marie CURIE-SKLODOWSKA
  • 1935 Irène JOLIOT-CURIE (née à Paris le 12 septembre 1897 - décédée à Paris le 17 mars 1956).
  • 1964 Dorothy CROWFOOT-HODGKIN (née au Caire le 12 mai 1910)

Physiologie ou Médecine

  • 1947 Gerty Theresa CORI-RADNITZ (née à Prague le 15 août 1896 décédée à Saint-Louis le 26 octobre 1957).

Littérature

  • 1909 Selma LAGERLÖF (née à Marbacka le 20 novembre 1858 - décédée à Marbacka le 16 mars 1940)
  • 1926 Grazia DELEDDA (née à Nuero le 27 septembre 1871 - décédée à Rome le 15 août 1936)
  • 1928 Sigrid UNDSET (née à Kalundborg le 20 mai 1882 - décédée à Oslo le 10 juin 1949)
  • 1938 Pearl BUCK (née à Hillsboro le 26 juin 1392 - décédée à Danby le 6 mars 1973)
  • 1945 Gabriela MISTRAL (née à Vicuna le 7 avril 1889 - décédée à Hempstead (N.Y.) le 10 janvier 1957)
  • 1966 Nelly SACHS (née à Berlin le 10 décembre 1891 - décédée à Stockholm le 12 mai 1970)

Paix

  • 1905 Bertha KINSKY von SUTTNER (née à Prague le 9 juin 1843 - décédée à Vienne le 21 juin 1914)
  • 1931 Jane ADDAMS (née à Cédarville le 6 septembre 1860 - décédée à Chicago le 21 mai 1935)
  • 1946 Emily BALCH (née à Jamaica Plain le 8 janvier 1892 - décédée à Cambridge (Massach.) le 9 janvier 1961)

Sciences économiques

  • Pas de femmes

Au moment où ces lignes ont été écrites, nous ne pouvons tenir compte des prix Nobel que jusque 1974 inclus et nous constatons que le plus récent prix ou obtenu par une femme date de 1966. Il ne nous appartient pas de retracer les mérites des personnes qui ont été distinguées à juste titre par les jurys Nobel. Nous ferons cependant certaines remarques.

Marie CURIE-SKLODOWSKA a été la première personne à obtenir deux fois un prix Nobel (physique en 1903 et chimie en 1911) et elle demeura la seule jusqu'au moment où Linus Pauling cumula, lui aussi, deux prix Nobel (chimie en 1954 et paix en 1962).

Marie CURIE-SKLODOWSKA et sa fille Irène JOLIOT-CURIE constituent un cas comparable à celui des Bragg, père et fils (physique en 1915) tandis qu'on peut relever plusieurs couples de savants obtenant ensemble un prix Nobel: Pierre et Marie CURIE-SKLODOWSKA (physique en 1903), Frédéric et Irène JOLIOT-CURIE (chimie en 1935), Carl et Gerty CORI-RADNITZ (pnysiologie ou médecine en 1947).

Il est sans doute assez aventureux de faire des statistiques dans un domaine comme celui des prix Nobel; des dizaines, voire plus de cent candidatures sont parfois présentées pour un seul prix et la fondation Nobel publie uniquement le nom des lauréats et jamais celui des candidats; on ne peut donc savoir combien de candidates ont été présentées.

Si nous comptons bien, si nous ne distinguons pas parmi les lauréats ceux qui ont partagé le prix, ceux qui l'ont décliné, etc..., nous constatons que des prix Nobel ont été décernés à 437 personnes (seul le prix de la paix peut être attribué à des institutions) et que 439 prix Nobel ont été attribués à des individus. Parmi eux, il y a 14 femmes (15 prix) entre 1901 et 1974 inclus: cela représente à peu près 3%.

On aura vite dit que cette statistique confirme les préjugés courants quant à la répartition des dons intellectuels entre hommes et femmes. à ceux qui auraient envie de nous faire cette remarque, nous répliquerons par cette citation de La Bruyère qui s'applique si bien aux femmes qui ont, dans la vie, moins de chances que les hommes de manifester leurs talents: «Le génie et les grands talents manquent souvent, quelquefois aussi les seules occasions: tels peuvent être loués de ce qu'ils ont fait, et tels autres de ce qu'ils auraient fait.»

Il convient de souligner certaines relations entre les prix Nobel et le mouvement féministe.

  1. Bien que l'image de la femme qu'on trouve dans sa trilogie, «Christine Lavrandsdatter» ne corresponde pas du tout à nos options féministes, il n'est pas indifférent de rappeler que Sigrid Undset a participé à certaines réunions de l'Association (norvégienne) pour le suffrage des femmes et notamment à une séance (19 février 1912) consacrée à son livre «Jenny» et à sa conception du mariage; dès 1910, elle parle de féminisme dans ses lettres. En 1919, elle réunit en volume quelques articles qui ne sont pas particulièrement féministes! Lors du congrès international suffragiste qui eut lieu à Stockholm en 1911, Selma Lagerlof ne se contenta par sa présence de cautionner la cause du féminisme; elle prononça un discours resté célèbre dans lequel elle se prononça sans équivoque en faveur de l'égalité entre les personnes des deux sexes.
  2. Irène Joliot-Curie fut, en 1936, choisie comme sous-secrétaire d'État à la recherche scientifique lorsque, pour la première fois, des femmes firent partie du gouvernement français.
  3. Lord Robert Cecil (prix Nobel de la Paix en 1937) a soutenu le mouvement féministe britannique à diverses occasions.
  4. En Belgique, Henri La Fontaine - (prix Nobel de la Paix, 1913), frère de la féministe Léonie La Fontaine, fut un des fondateurs en 1892 de la Ligue belge du Droit des Femmes; déjà, en 1906, on avait pensé à Louis Frank, défenseur de Marie Popelin (la première femme qui voulut devenir avocat) et dirigeant de la Ligue, comme candidat au prix Nobel de littérature.

Suède - Naissance à Sundsholm le 11 décembre 1849 d'Ellen KEY (décédée à Alvastra le 25 avril 1926), écrivain et féministe. Elle enseigna à l'Institut du travail de Stockholm entre 1883 et 1903 et plaida pour l'émancipation des enfants. Elle est l'auteur de biographies de femmes célèbres et d'ouvrages consacrés au droit des femmes en faveur duquel elle se prononça sans équivoque.

Égypte - Décès au Caire le 12 décembre 1944 d'Hoda CHARAOUIE, pionnière du droit des femmes. Elle fonda en 1923 l'Union féministe égyptienne et fut, la même année, la première à abandonner le port du voile. En 1929 les femmes égyptiennes purent entrer à l'université grâce à ses efforts.

Italie - Décès à Rome le 13 décembre 1709 de Prudenza GABRIELLI CAPIZUCCHI (née à Rome en 1654), poétesse qui connut la célébrité non seulement pour ses écrits mais aussi pour ses talents de causeuse.

Australie - Naissance à Melbourne le 14 décembre 1860 de George EGERTON (pseudonyme de Mary Chavelita Bright Dunne), écrivain qui mena une vie très cosmopolite à travers le monde et décrivit la condition de la femme dans ses romans.

Lettonie - Naissance à Lejas Ciems le 15 décembre 1897 de Zenta MAURINA, écrivain et philosophe, qui fut en 1938 la première femme à obtenir à Riga le doctorat an philosophie.

France - Condamnation, le 16 décembre 1871, de Louise MICHEL (née à Vroncourt-la-Côte le 29 mai 1830 et décédée à Marseille le 10 janvier 1905) pour sa participation active et armée à la Commune de Paris. Institutrice, elle participa au mouvement politique de son époque et prit les armes au moment de la Commune; elle professait des idées généreuses en matière d'éducation.

Déportée en Nouvelle-Calédonie, elle chercha à instruire les autochtones et dispensa son enseignement aux enfants des autres déportés. Elle manifesta son féminisme en refusant de bénéficier d'un autre régime que les hommes déportés.

Elle fut autorisée à revenir en France en 1880 et elle reprit ses activités politiques qui lui valurent à nouveau la prison et un attentat. Elle exerça une véritable fascination sur les membres du mouvement anarchiste auquel elle appartenait.


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