GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Éphémérides de la semaine

À l'occasion de l'Année Internationale de la Femme instituée en 1975 par l'UNESCO, le Groupement belge de la Porte Ouverte a rassemblé les faits d'un ensemble de femmes qui se sont illustrées dans l'histoire, récente ou ancienne. Afin que ce travail ait un effet durant toute cette année, il fut diffusé vers les journaux et périodiques sous forme d'éphémérides. Seul l'hebdomadaire néerlandophone « MIMO » les a régulièrement publiées.

Les informations ont été rassemblées par Alice Choprix-Delaby, Elisa Coene, Adèle Hauwel, Lucie Hauwel, Renée Noirynck et Jeanine Van Esch.

Angleterre - La célèbre femme de lettres Virginia WOOLF (née à Londres le 25 janvier 1882), mourut le 28 mars 1941 près de Rodwell dans le Sussex. Son oeuvre proprement littéraire est d'une grande valeur; elle exerça une grande influence sur les milieux intellectuels et anima ce qu'on a appelé le cercle de Bloomsbury; elle est l'auteur de deux essais («A room on one's own», «Three Guinea») dans lesquels elle aborde les problèmes de l'instruction et de la création artistique des femmes dans une optique résolument féministe.

Grande-Bretagne - Le 29 mars 1848, Frederick Denison MAURICE, professeur au King's College de Londres, prononce le discours fameux où il annonce la fondation de ce qui deviendra le premier collège d'enseignement supérieur pour jeunes filles, le Queen's College de Londres, situé dans Harley Street, dont les cours commencèrent le 1er mai 1848. Ce fut la première brèche dans le front des préjugés contre l'instruction supérieure des jeunes filles mais l'événement fut salué par des sarcasmes; il faut rendre hommage aux hommes comme Maurice, John Sterling et Tennyson, qui surent braver le ridicule pour défendre le droit des femmes et leur apporter une aide concrète.

France - Le 30 mars 1842, mourut à Paris Elisabeth-Louise VIGÉE-LEBRUN, peintre, qui était née dans la même ville le 16 avril 1755. Elle fut un peintre presque officiel et parcouru de nombreux pays d'Europe où elle peignit le portrait de nombreux personnages haut placés.

ONU - La convention internationale sur les droits politiques de la femme fut conclue à New York le 31 mars 1953. Ce document des Nations-Unies établit pour les femmes le droit de vote (article 1), le droit d'éligibilité (article 2), l'accès aux postes publics et aux fonctions publiques (article 3). Comme tout instrument de ce genre, celui-ci comporte, en son article 7, le droit de formuler des réserves qui peuvent avoir pour effet d'enlever toute portée aux droits mentionnés. La portée générale de l'article 3 est donc d'une importance capitale pour tous les emplois de la fonction publique et est bien loin de s'appliquer à un petit groupe de femmes. Il est utile de demander que, dans tous les pays, les associations féministes réclament l'abrogation de toutes les réserves que le gouvernement peut avoir faites lors de son adhésion à la Convention.

La Belgique a approuvé cette Convention par la loi du 19 mars 1964, publiée dans le Moniteur belge du 2 septembre 1964.

Lors de son adhésion à la Convention (22 mai 1964), la Belgique a fait les réserves suivantes relatives à l'article 3:

  1. La Constitution réserve aux hommes l'exercice des pouvoirs royaux. En ce qui concerne l'exercice des fonctions de la régence, l'article 3 de la Convention ne saurait faire obstacle à l'application des règles constitutionnelles telles qu'elles seraient interprétées par l'État belge.
  2. Tant pour le passé que pour l'avenir, la Convention ne peut faire obstacle à ce que l'autorité publique établisse des conditions d'accès aux fonctions publiques en s'inspirant, en dehors de toute idée de discrimination, soit du soucis d'assurer la protection de la femme contre certains risques physiques ou moraux, soit de considérations objectives tenant aux exigences inhérentes à la bonne marche de certains services publics.

En ce qui concerne la fonction royale, nous réclamons le révision de l'article 60 de la Constitution; en outre, nous réclamons la révision de l'article 58 de la Constitution auquel la première réserve ne semble pas faire allusion; dans le même esprit, nous réclamons une déclaration officielle que la régence et la tutelle (articles 81 et 82 de la Constitution) sont des fonctions accessibles aux personnes des deux sexes. Le premier roi des belges ne souhaitaient-ils pas que la régence puisse être confiée à son épouse, la reine, en cas d'absence, sans faire allusion, il est vrai, à l'accession au trône d'un successeur mineur?

En ce qui concerne la deuxième réserve, qui intéresse un nombre bien plus important que la première, mentionnons le projet de résolution sur le retrait des réserves à la Convention sur les droits politiques de la femme déposé au Sénat le 4 juillet 1974 (Document 312 de la session extraordinaire 1974). En attendant que cette réserve soit officiellement retirée, il importe que l'autorité publique renonce à faire usage de la faculté qui lui est donnée par la dite réserve.

Pays-Bas - Le dimanche 1er avril 1792, Etta PALM AELDERS (une néerlandaise qui résidait à Paris de 1773 à 1792), à la tête d'une délégation de femmes, se rend à l'Assemblée nationale révolutionnaire et réclame l'adoption des lois sur l'instruction des femmes, sur l'égalité entre hommes et femmes, ainsi que des lois déclarant les femmes majeures à l'âge de 21 ans et leur permettant de demander le divorce. C'est, paraît-il, surtout cette dernière revendication qui parut «peu sérieuse».

Alors, comme maintenant, les hommes, s'ils appréciaient l'aide que les femmes peuvent apporter à leurs actions, appréciaient beaucoup moins les revendications proprement féministes. Alors, comme maintenant, les femmes se présentaient en solliciteuses devant les détenteurs masculins du pouvoir. Etta PALM AELDERS, née à Groningen en avril 1743, participa à la Révolution française; elle connut les prisons françaises et néerlandaises; elle mourut dans la misère à La Haye le 28 mars 1799. Si le Groot Winkler Prins lui conteste cette qualité, le Nieuw Nederlands Biografisch Woordenboek fait d'elle la première féministe néerlandaise.

Belgique - Exécution, au Tir National à Bruxelles, le 1er avril 1916, de la patriote belge Gabrielle PETIT (née à Tournai le 20 février 1893). Trottin ( ?), servante puis vendeuse de magasin, elle connut de grandes difficultés matérielles; en 1915, elle parvint à passer la frontière hollandaise en vue de se rendre en Angleterre et de s'engager comme infirmière dans les armées alliées; elle fut recrutée comme agent de renseignements et repassa la frontière belge le 18 août 1915. Elle rendit d'immenses services et, au cours de son procès dans la salle du sénat, le procureur allemand dit qu'elle avait fait «plus de mal que plusieurs corps d'armées». Arrêtée le 9 janvier 1916, elle passa en jugement, avec son amie Mme COLLET, le 3 mars 1916; condamnée à mort, elle refusa de signer son recours en grâce et, au moment d'être fusillée, elle s'exclama: «Vous allez voir comment une femme belge sait mourir».

L'héroïne repose au cimetière de Schaerbeek; un monument lui a été élevé à Bruxelles le 21 juillet 1923; une statue et un musée lui sont consacrés à Tournai (17 mai 1924).

En pensant à ce que le pays doit à des femmes comme G. PETIT, alors que la «patrie ingrate» ne donne pas aux femmes la totalité des droits qu'y ont les hommes, des féministes ont déposé des fleurs au pied de sa statue à Bruxelles, dans la matinée du 1er janvier 1975, début de l'Année internationale de la femme.

Hongrie - Décès à Matrahaza le 2 avril 1937 de Cecilie TORMAY (née à Budapest le 8 octobre 1875), écrivaine, directrice de 1923 à 1937 de la revue «Napkelet», fondatrice de l'Alliance nationale des femmes hongroises (1919) qui fut déléguée de son pays à la Société des Nations.

Belgique - Décès à Bruxelles le 2 avril 1818 de Théophile FERNIG (née à Château l'Abbaye le 17 juillet 1775) qui, comme sa sœur Félicité FERNIG (Mortagne 10 mai 1770 - Bruxelles 4 avril 1841), combattit dans l'armée républicaine française de Dumouriez; elle (qui ? Théophile ou sa sœur ?) participa notamment à la bataille de Jemappes.

Grande-Bretagne - Naissance à Exeter le 3 avril 1807 de Mary CARPENTER (décédée à Bristol le 14 juin 1877), philanthrope, fondatrice d'écoles pour enfants pauvres ou délinquants. Elle s'occupa également de l'éducation des filles en Inde. Elle fut pionnière de la réforme des prisons et beaucoup de ses propositions furent appliquées ensuite par la loi.

Belgique - Lors de l'incendie du cinéma Rio de Sclessin le dimanche 3 avril 1955, une fillette de 13 ans, Jeanne ROMBAUT, périt après avoir pénétré à plusieurs reprises dans le cinéma pour sauver des enfants plus jeunes dont elle avait la garde. Le nom de la jeune héroïne fut donné à son école. «Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années». Cela s'applique aux femmes comme aux hommes.


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