Bulletin d'août 2014

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Une Europe moins patriarcale? à tout petits pas...

Le 10 juillet 2014, les femmes de la Commission européenne sortante ont demandé au prochain président de la Commission, Jean-Claude Juncker, de nommer «au moins 10 femmes» dans son équipe de 28 personnes, contre neuf actuellement. Elles se déclarent «très inquiètes que la prochaine Commission ne compte pas suffisamment de femmes. Nous soutenons votre appel aux États membres d'avoir plus de femmes commissaires». On ne peut pas dire que leur demande soit trop ambitieuse! Il faut d'ailleurs rappeler que les institutions européennes ont été peu enclines jusque-là à défendre la parité hommes/femmes en leur sein... et que dans l'ensemble, on constate un recul des droits des femmes en Europe.

Source: Libération

Le «MONDE» du travail: des hauts et des bas: Japon et Allemagne

Japon: plus de femmes à des postes de responsabilité... mais pas encore assez

Pour augmenter la place des femmes à des postes de responsabilité, plusieurs entreprises japonaises ont décidé de se doter d'objectifs, en réponse à l'appel du Premier ministre Shinzo Abe. Quarante-sept entreprises ont d'ores et déjà dévoilé des engagements, chiffrés pour 27 d'entre elles. Parmi celles-ci, le constructeur d'automobiles Toyota, qui ne compte que 101 femmes cadres, soit 1,1% des 9.458 responsables d'équipes, prévoit ainsi de tripler leur nombre d'ici à 2020... ce qui devrait monter les effectifs de femmes cadres au taux glorieux de 3%!

Il envisage par ailleurs d'embaucher plus d'étudiantes à la sortie de l'université, espérant atteindre une part féminine de 40% des nouveaux recrutés en 2016 (contre 27% actuellement) dans les postes administratifs, et 10% dans les postes techniques (6% aujourd'hui).

Source: TV5

ALLEMAGNE: à la traîne...

26% en 1992, 29% en 2012: les femmes représentent toujours moins d'un tiers des cadres Outre-Rhin. L'Allemagne accuse un certain retard sur les autres pays européens, et l'évolution reste lente. Elle se place au 20e rang derrière la Lettonie (45% de femmes cadres), la France (40%), la Slovénie, la Lituanie et la Hongrie (39%).

L'écart de salaire entre hommes et femmes (22%) y est, lui aussi, supérieur à la moyenne européenne (16%), une différence plus marquée en Allemagne de l'Ouest (23%) que dans les régions de l'ancienne RDA (8%). «L'éducation des enfants repose encore principalement sur les femmes», constate Destatis. Elles réduisent leur activité, élèvent plus souvent seules leurs enfants et observent une pause (professionnelle, ndlr) plus longue après la naissance". Il faut savoir que le pays fait partie des lanternes rouges de l'Europe en matière de gestion de la petite enfance: les crèches y accueillent seulement 14% des moins de trois ans, contre 26% au Royaume-Uni, 27% en France ou 28% en Belgique et&hellips; 83% au Danemark.

Source: TV5

Une femme qui menace les droits des femmes

Le Front national (France) est présidé par Marine Le Pen, fille du fondateur. Son langage plus feutré (plus adroit) que celui de son père ne doit pas nous tromper: quand elle défend les «hommes blancs hétérosexuels» qui seraient les «victimes» d'une société féminisée, c'est du pain béni pour les misogynes. Ses attaques contre l'avortement (qualifié de «confort»!), contre les subventions au Planning familial ou les aides sociales, sa minimisation des violences masculines infligées aux femmes, ses votes contre deux textes sur l'égalité femmes-hommes, et ses déclarations clamant que le progrès pour les femmes est de «rester à la maison» avec un salaire parental, ne sont que la partie visible de l'iceberg patriarcal que Marine Le Pen tend à remettre au goût du jour.

Il est temps que l'avortement, droit fondamental des femmes, soit inscrit comme tel dans la Constitution européenne, et qu'une loi-cadre contre les violences infligées aux femmes soit adoptée par tous les pays européens.

En savoir plus: Libération

Site: http://encorefeministes.free.fr/

Les femmes sont plus qualifiées...

Selon les chiffres de l'ONEM, il y avait jusqu'en 2007 plus de femmes que d'hommes sans emploi. Depuis la crise, la tendance s'est inversée. Pour la première moitié de cette année, l'ONEM fait état de 247.468 hommes et de 193.262 femmes au chômage à temps plein: le nombre d'hommes au chômage en Belgique a augmenté de 16% depuis 2007 alors que le nombre de femmes sans emploi a baissé de 10%.

De Standaard explique cet écart important par trois facteurs, à savoir la crise économique, le niveau de qualification plus élevé parmi les femmes et le système des titres-services. La crise a effectivement touché plus durement le secteur industriel, qui emploie davantage d'hommes, que les services, où les femmes occupent la majorité des postes. Le recul du chômage féminin serait dû au fait que les femmes sont désormais plus qualifiées que les hommes, ce qui leur offre de meilleures opportunités sur le marché de l'emploi.

Finalement, le système des titres-services instauré en 2004 a permis de créer un grand nombre de jobs pour les femmes peu qualifiées alors que les postes destinés aux hommes peu qualifiés disparaissent suite à l'automatisation, la globalisation et la crise.

Source: Le Vif

L'armée belge compte une seconde femme générale

Jusqu'ici colonel(e), Corinne Faut, issue de la Force aérienne, a récemment dirigé l'Institut royal supérieur de Défense (IRSD), établi à Bruxelles et qui est en quelque sorte le «think-tank» de ce ministère. Âgée de 54 ans, elle a été «commissionnée» - c'est à dire nommée pour la durée de sa nouvelle mission - lundi au grade de générale de brigade ("une étoile") et a repris le commandement de la Direction générale de la Communication (DG-Com). Issue de la première promotion de l'École royale militaire (ERM) ouverte aux femmes, cette francophone succède au lieutenant-général Michel Singelé.

Source: Le Vif

FRANCE: loi pour l'Égalité réelle entre les Femmes et les Hommes

Le Parlement français adopte la loi pour l'Égalité réelle entre les Femmes et les Hommes: c'est la première fois qu'une loi s'attaque aux inégalités femmes-hommes partout où elles se manifestent encore: travail, foyer, séparations, violences, responsabilités... Mais inédite, la loi l'est surtout dans son objet: rendre effective l'égalité des droits affirmée depuis longtemps dans les textes, en levant un à un les obstacles qu'elle persiste à rencontrer dans les faits: inégale répartition des tâches familiales (grâce au partage du congé parental), inéquitable représentation médiatique des compétences et rôles des hommes et des femmes (grâce à la compétence donnée désormais au CSA pour la sanctionner), inégale présence de fait des hommes et des femmes au sommet des entreprises, de la fonction publique ou des responsabilités politiques (grâce à l'extension des règles de parité à tous les domaines)... Cette loi, qui a vocation d'installer l'égalité réelle et plus seulement formelle, est un puissant levier pour permettre aux hommes et aux femmes de ce pays de se réaliser pleinement.

Marianne peut être fière!

Belgique: difficile mise en oeuvre de la loi contre le sexisme

Depuis début août, tout geste ou comportement exprimant du mépris pour une personne en raison de son appartenance sexuelle, en Belgique, est passible d'amende, voire d'emprisonnement. L'objectif de cette nouvelle loi, c'est avant tout de protéger les femmes des agressions sexistes. Or à peine entrée en vigueur, elle pose déjà des problèmes d'application: pas assez de PV, pas assez de témoins prêts à confirmer les dires de la plaignante, ce qui permet au contrevenant de tout nier en bloc...

Source: voir la vidéo

Renault Belgique épinglé pour publicité sexiste.

Renault Belgique s'est «distingué» en proposant avec la nouvelle Twingo l'option «Désolée de m'être garée là". De petites cartes soi-disant humoristiques à placer derrière le pare-brise pour s'excuser de stationner n'importe où: «N'enlevez pas ma voiture SVP, j'ai des hauts talons» ou «Désolée, comme je suis un vrai danger au volant, j'ai préféré laisser ma voiture ici.»

Après avoir dif­fu­sé sa pu­bli­ci­té ce mar­di 28 juil­let, Re­nault Bel­gi­que, de­vant l'émoi sus­cité sur le Net, a im­mé­dia­te­ment re­t­iré la vi­déo - mais trop tard pour les internautes, qui l'avaient déjà repostée sur Youtube. On y voyait une «pin up» griffonnant au rouge à lèvres un petit mot d'excuse sur un protège-slip en guise de carte...stéréotype, quand tu nous tiens...! Le sexisme n'est décidément pas mort.

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© Porte Ouverte 2014

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