GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de décembre 2013

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Adieu chère Michèle

Nous sommes désolé-e-s d'apprendre que Michèle Coerten vient d'entamer sa dernière croisière vers le Grand Large, au terme d'un long combat inégal contre la maladie. Nous perdons une ardente féministe et une laïque passionnée, simultanément. Nous en sommes profondément tristes. Elle a vécu dans la passion de ses convictions jusqu'à son dernier souffle, avec un courage et une lucidité indomptables. Nous l'aimions beaucoup. Elle restera un modèle.

Elle avait notamment trouvé la force de tirer de sa maladie un magnifique plaidoyer pour le droit de choisir sa mort, qui fut transmis sur les ondes télévisuelles. Dans Vivre avec l'euthanasie, elle témoignait ainsi: « L'euthanasie me fait vivre, et bien vivre! Quelque part, ça augmente ma combativité vis-à-vis de la maladie. ». Grâce à la possibilité de faire une déclaration anticipée, elle avait en effet accepté un traitement de la dernière chance, avec une irradiation du cerveau, comportant des risques de séquelles irréversibles ; sans cette perspective de l'euthanasie, elle aurait refusé le traitement.

Nous adressons nos condoléances les plus émues à son mari, Marcel Bauwens, ancien grand journaliste au Soir, qui l'a toujours soutenue dans ses combats, et il est lui-même un militant féministe laïque hors pair...

G. De Meur

Sortons la politique du Moyen-Age!

Une cinquantaine de femmes politiques, dont Nathalie Kosciusko-Morizet, Anne Hidalgo, Eva Joly, ont signé un manifeste, initié par le réseau Femmes et pouvoir, intitulé Sortons la politique du Moyen-Age pour dénoncer le sexisme en politique: «Nous, élu-es et personnalités du réseau Femmes & Pouvoir réclamons la fin des pratiques moyenâgeuses en politique».

Les exemples donnés mettent en évidence le chemin à parcourir: exclure les femmes des réunions, leur couper la parole, faire des bruits d'animaux pendant leurs interventions, des remarques sur leur tenue vestimentaire ; sauter leur tour sur la liste quand il faut se choisir un chef, qualifier leur mandataire financier de «souteneur» qui vient «relever les compteurs», déclarer «elle a 45 ans, elle va être ménopausée, elle va nous faire chier!» sont des pratiques ridicules, désuètes, et inacceptables! A tous ceux qui se croient encore au 14ème siècle, nous répondons: réveillez-vous! Et engagez-vous avec nous pour de nouvelles pratiques politiques: respect, représentativité, renouvellement, et écoute de nos concitoyens et concitoyennes.

Source: www.midilibre.fr

Le New York Times «se paye» la tête du PDG de Twitter, machiste accompli

Dick Costolo, le PDG de Twitter, la société de «microbloging» qui poursuit sa croissance exponentielle, croyait avoir le sens de l'humour. C'est raté. Il voulait répondre avec humour à un professeur de haute technologie au Stanford's Rock Center qui écrit un livre sur la place des femmes dans ce domaine et qui accusait, dans le New York Times, le groupe Twitter d'être le pire des bastions mâles de ce secteur. «C'est l'arrogance élitiste de la mafia Twitter de la Silicon Valley dont les officiers diligents sont uniquement des hommes, et blancs» tout comme les investisseurs. Dick Costolo lui a répondu via... Twitter, en prétendant que c'était très difficile de trouver une femme compétente, et qu'il ne s'agissait pas d'en nommer une juste pour faire savoir... Le New York Times lui a aussitôt trouvé 25 femmes plus excellentes les unes que les autres, à l'image de Sheryl Sandberg directrice générale de Facebook, ou de Marissa Mayer, qui pilote Yahoo.

Source: www.lesnouvellesnews.fr

Et Twitter réagit: une femme est nommée!

Twitter a nommé à la dernière minute Marjorie Scardino à son conseil d'administration. Marjorie Scardino dispose d'états de service impressionnants, ayant occupé de nombreux postes à responsabilité dans des grands groupes, tels que l'éditeur britannique Pearson qui possède notamment le Financial Times où elle était directrice, le groupe The Economist et enfin Nokia. Un privilège pour M. Scardino puisque les femmes restent encore largement sous-représentées au sommet des grandes entreprises.

Sources: Lys Baudu sur www.tv5.org et www.latribune.fr - Photo Reuters

NDLR Comme quoi il est utile de dénoncer les manifestations du sexisme !

La nouvelle «frontière» des femmes les moins qualifiées

Quelque 10 millions de femmes en marge, ne profitent nullement de la progression des femmes d'affaires. Il faut aider les femmes «d'en bas» à dépasser cette «frontière».

Selon Agnès Audier, directrice associée au bureau de Paris du Boston Consulting Group, «Il faut avant tout que les femmes soient mieux représentées dans les secteurs porteurs dont elles sont absentes», Pour l'heure au contraire, les femmes se concentrent dans le secteur des services, de la santé, de l'administratif. Autrement dit, des métiers aux horaires souvent flexibles. Ce qui induit une double, voire une triple conséquence: temps partiel, d'abord, subi par 37% des ouvrières (contre seulement 14% des cadres), et salaires amputés, ensuite, mais aussi taux d'accès à la formation réduit: ainsi, une ouvrière sur cinq seulement profite de la formation (contre un ouvrier sur trois). Les chances d'évolution professionnelle des ouvrières en sont donc réduites d'autant. A cela s'ajoutent d'autres conséquences, telle que la pauvreté, en particulier pour les familles monoparentales, majoritairement dirigées par les femmes, et pour les retraitées. Par ailleurs, déclare le Boston Consulting Group, il faut faciliter l'accès des femmes à l'entrepreneuriat et à la création d'entreprise. Il faut «forger la conviction collective que l'intégration des femmes est créatrice de valeur pour la collectivité». Un travail de longue haleine s'il en est, malgré les études et les statistiques allant dans ce sens.

Source: Lys Baudu sur www.tv5.org

L'Inde inaugure une banque publique pour les femmes

Une banque publique destinée aux femmes a été inaugurée mardi 19 novembre 2013 par le Premier ministre indien à Bombay, la capitale financière du pays. La Bharatiya Mahila Bank («la banque indienne des femmes») vise à améliorer la sécurité et l'indépendance financière des femmes indiennes (source).

Le projet de création d'une banque publique pour les femmes avait été annoncé par le gouvernement en février, peu après une série de crimes sexuels contre des femmes qui avaient ému la société indienne. L'État a investi 10 milliards de roupies (120 millions d'euros) pour cette nouvelle banque ouverte aux femmes mais aussi aux hommes. Les Indiennes pourront se voir accorder des prêts bancaires. Mais le Premier ministre indien Manmohan Singh reconnaît que la création de cet établissement reste «un petit pas». Dans ce pays où les organismes de microcrédit sont bien implantés, l'accès à un compte en banque est encore limité, en particulier pour le sexe féminin. Seule 26% des femmes détiennent un compte bancaire contre 44% pour les hommes (pdf). Dirigée par une femme, Usha Ananthasubramanian, la banque emploie une majorité de femmes: 55% de son personnel. Comptabilisant sept agences, la Banque publique pour les femmes envisage d'ouvrir 771 agences d'ici sept ans.

Autre source: geopolis.francetvinfo.fr

Les petites filles en ont marre des jouets roses et des princesses

Une marque de jouets alternatifs Goldie Blox propose une nouvelle gamme de jouets pour les petites filles. Pour elle, les filles sont bien plus que des princesses qui aiment le rose.

L'entreprise Goldie Blox sort donc une gamme de jeux de construction pour les filles, « futures ingénieures ». Leur publicité sur youtube est décoiffante.

Lien vers la vidéo – ©Capture d'écran YouTube

Comment améliorer l'accès à l'avortement en France?

Près de 40 ans après le vote de la loi Veil «l'accès à l'IVG reste parfois problématique», Avorter peut être un «véritable parcours d'obstacles», vu que 130 établissements de santé pratiquant l'IVG ont fermé en dix ans et que la qualité d'accueil s'est dégradé. Le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes a présenté ses propositions pour un meilleur accès à l'IVG: il a formulé 34 recommandations liées au droit, à l'information, à l'offre de soins et à la gouvernance. Le Haut Conseil suggère ainsi de supprimer l'obligation de réflexion de sept jours prévue entre les deux consultations nécessaires avant une IVG ou de permettre l'avortement par aspiration sous anesthésie locale dans les centres de planification ou d'éducation familiale et les maisons médicales. En France, 35% des femmes ont eu recours à l'IVG au moins une fois dans leur vie, estime l'Institut national d'études démographiques. L'avortement reçoit des coups de boutoir un peu partout dans le monde.

Source: www.womenlobby.org

Rappelons aussi quelques publications utiles: «Accès à l'avortement sans risque. Un outil pour évaluer les obstacles juridiques et autres», Fédération internationale pour la planification familiale, 2008 (accessible sur le net), ainsi que celle de Adrienne Germaine et Theresa Kim, Stratégies pour élargir l'accès à l'avortement sans risque, New York, International Women's Health Coalition, 1998: 59. pdf

Le (non) droit à l'avortement s'invite dans la présidentielle chilienne

Au Chili, les deux principales candidates à l'élection présidentielle étaient des femmes: Michelle Bachelet et Evelyn Matthei se sont prononcées, à titre personnel, pour le droit à l'avortement et sous certaines conditions. Mais l'une et l'autre ont dû opérer un prudent repli, car le Chili fait partie des quelques pays dans le monde, aux côtés du Vatican, de Malte, du Nicaragua, de la République Dominicaine et du Salvador, où l'interruption volontaire de grossesse sous toutes ses formes et dans toutes les conditions est interdite et pénalisée.

La candidate Matthei a dû faire profil bas sur ses opinions personnelles, car «elle n'est pas seule et elle représente une coalition.  Nous sommes opposés à l'avortement sous toutes ses formes» réaffirme un porte-parole de la candidate, «essentiellement pour des motifs relatifs à la morale».

De l'autre côté, Michelle Bachelet, candidate de la gauche, ex présidente du Chili (2006-2010), ex directrice exécutive de ONU femmes, médecin elle-même, et favorite à l'heure de mettre sous presse (elle a obtenu 47% des suffrages au premier tour), a déclaré qu'elle fera tout son possible pour la légalisation de l'avortement thérapeutique, mais de lui seul (danger de mort, de grossesse suite à un viol ou de graves anomalies du fœtus).

Les Chiliennes qui avortent ont peur ; des sages-femmes font valoir qu'en général médecins et personnels hospitaliers sont issus de milieux conservateurs et qu'ils se transforment en délateurs quand il y a soupçon d'avortement.

Quand l'Etat chilien délaissera-t-il ses entraves doctrinaires, religieuses, traditionalistes et conservatrices afin de laisser aux femmes la liberté de décider quoi faire de leur corps ?

Source: www.tv5.org

Une femme évêque en Australie et bientôt en Angleterre

Aujourd'hui, les femmes représentent la moitié des ordinations presbytérales. Et leur accession à l'épiscopat est autorisée dans nombre de pays anglo-saxons. C'est notamment le cas aux Etats-Unis, au Pays de Galles, en Irlande, au Canada, en Afrique du Sud, en Inde et en Australie. Dans ce pays, l'Eglise anglicane vient d'élire la première femme évêque diocésaine.

Le synode de l'Église anglicane d'Angleterre a approuvé à Londres avec une écrasante majorité le principe de l'ordination de femmes évêques. Le projet, qui avait été recalé en novembre 2012 et qui doit être définitivement entériné à la faveur d'un nouveau synode général entre juillet et novembre 2014, a été plébiscité par 378 voix pour, 8 voix contre et 25 abstentions.

Peu avant la consultation, le Premier ministre David Cameron avait déclaré devant le Parlement: «Je suis fermement en faveur des femmes évêques, et j'espère que l'Église d'Angleterre adoptera cette démarche clé afin de raffermir sa place en tant qu'Église moderne en phase avec notre société». La réforme prévoit aussi la nomination d'un médiateur chargé de régler les éventuels problèmes en cas de contestation de l'autorité d'une femme évêque, ainsi que des mesures disciplinaires contre le clergé qui ne coopérerait pas avec cet «ombudsman».

info.catho.be – KayGoldsworthy, évêque anglicane en Australie - photo blogs.independent.co.uk

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