GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de décembre 2011

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

L'avortement, un droit inaliénable de la femme: défendons-le!

Une dizaine d'activistes anti-avortement s'est réunie le 16 décembre devant le planning familial Aimer Jeunes (Bruxelles) pour manifester leur hostilité à la dépénalisation de l'avortement dans notre pays. Une soixantaine de contre-manifestants, parmi lesquels des membres d'associations féministes, laïques et anti-fascistes notamment, ne l'ont pas entendu de cette oreille, ont rappelé le «droit inaliénable des femmes à disposer de leur corps et de leur ventre» et se sont fait fort de déloger les intégristes. Il a d'ailleurs été fort judicieusement remarqué que ces catholiques intransigeants, si soucieux de la vie des embryons, ne se soient pas trouvés présents, par exemple, lors des manifestations contre les bombardements de la Libye qui ont fait tant de morts civils.

Il est donc important de réagir à ces tentatives de retours en arrière: pour protéger nos acquis et notre vision du futur, des associations se sont réunies et ont créé la «Plateforme pour le droit à l'avortement». L'objectif est de rester vigilant-e-s et mobilisé-e-s sur toutes les questions liées à ce droit. Vous pouvez:

  • signer la charte:www.abortionright.eu pour rappeler que l'accès à l'avortement est un droit. Vous pouvez signer en tant que citoyen-ne ou association/institution.
  • noter dans vos agendas et diffuser la date de la mobilisation: samedi 24 mars 2012 à Bruxelles (d'autres précisions seront bientôt communiquées sur le site).
  • rester vigilant avec nous: sur le site vous trouverez un fil info qui diffuse les nouvelles internationales relatives à l'avortement. Envoyez-nous vos informations complémentaires !
  • participer plus concrètement au travail de la plateforme: contactez-nous via le site.

Deux femmes libres - deux sourires

Alors que le film de Luc Besson relatant le destin de la lauréate du prix Nobel de la paix sort sur les écrans, la chef de la diplomatie américaine a fait, pour la première fois depuis 50 ans, une visite officielle de 3 jours en Birmanie. Un court séjour durant lequel Hillary Clinton et Aung San Suu Kyi purent se rencontrer deux fois. Une brèche brisant le «silence assourdissant» imposé à l'opposante historique à la dictature dont par vingt années d'assignation à résidence.

Égalité des rémunérations: Belgique peut mieux faire!

L'Ecart salarial entre les femmes et les hommes en Belgique - Rapport 2010, 88p (PDF, 1,3 MB), Institut pour l'égalité des femmes et des hommes, en collaboration avec le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, la Direction générale Statistique et Information économique et le Bureau fédéral du Plan,

Évolution. Selon ce rapport publié en 2010, les écarts des salaires entre hommes et femmes en 2007, n'ont guère diminué par rapport à l'année antérieure, mais ont régressé comparé à 2004 et 2005 et sur le long terme.

Globalement. Ces écarts restent importants, même en salaire horaire: les travailleuses gagnent 11% de moins par heure que leurs équivalents masculins; l'écart se creuse en base annuelle (24%), car les femmes sont bien plus nombreuses à travailler à temps-partiel.

Par secteur. La différence est nettement supérieure dans le secteur privé: par heure, les employées gagnent en moyenne 26% de moins que les employés. Chez les ouvriers, cette différence s'élève à 18%. Par contre, il n'y a quasi pas de différence dans la fonction publique. En base annuelle, l'écart s'accentue: 37%, tant pour les ouvriers que pour les employés, 18 et 11% pour les contractuels et les fonctionnaires du secteur public.

Avantages. La pilule devient encore plus amère pour les femmes quand on prend en compte les avantages extra-légaux (pension complémentaire, indemnité de trajet domicile-travail). Les femmes en bénéficient moins souvent et, quand c'est le cas, les montants perçus sont moindres.

Diplôme et fonction. L'écart salarial est tout aussi net pour les personnes hautement diplômées (globalement 21%) et surtout dans les fonctions dirigeantes (34%!), lesquelles restent massivement investies par les hommes (78%!).

Temps-plein et partiel. Quand elles travaillent à temps-plein, trois femmes sur dix gagnent moins de 2 000 ? par mois, contre seulement trois hommes sur 20. Le travail à temps-partiel ne constitue pas un choix principal (moins de 11% des femmes à temps-partiel ne souhaitent pas de temps-plein) et, en outre, le salaire horaire s'en ressent: 11% de moins comparé à une autre femme travaillant à temps-plein; ces moyennes ne tiennent pas compte des différences de fonctions.

Facteurs explicatifs. Environ la moitié de l'écart salarial peut s'expliquer par des facteurs connus. Parmi ceux-ci, la position des genres sur le marché de l'emploi (secteur, niveau hiérarchique...) occupe la part principale (55%), la situation familiale (être marié, avoir des enfants) compte pour 15% et seuls 31% concernent des caractéristiques personnelles (formation, expérience, ancienneté, nationalité). NDLR: Parmi les facteurs non identifiés, on peut supposer qu'entrent en compte, des différences de classification et des discriminations volontaires ou inconscientes.

Recommandations. L'Institut propose une douzaine de recommandations, parmi lesquelles le contrôle et l'adaptation des classifications de fonctions, en vue d'en garantir la neutralité, l'amélioration du choix genré des études et une meilleure représentation des femmes au sommet de la hiérarchie dans le monde du travail.

La «femme d'exception de Wallonie» pour 2011

Le prix Théroigne de Méricourt, qui sacre la «femme d'exception de Wallonie», est revenu à la candidate proposée par Porte Ouverte, l'eurodéputée belge Véronique De Keyser. Elle est récompensée pour son travail au sein du Parlement européen depuis onze ans.

Créé en 2004, le prix Théroigne de Méricourt célèbre chaque année une personnalité féminine résidant ou active en Wallonie oeuvrant à «faire triompher le droit des femmes et l'égalité des genres et pour favoriser l'autonomie d'autres femmes».Le prix consiste en la remise d'une oeuvre réalisée par une artiste de Wallonie. Source: Belga, www.lavenir.net

À lire... une idée de cadeau pour les fêtes

La plus belle histoire des femmes, Editions du Seuil

Le livre de Françoise Héritier (anthropologue), Michelle Perrot (historienne), Sylviane Agacinski (philosophe) et Nicole Bacharan (politologue) qui interroge les 3 premières, est un véritable panorama quant à la place des femmes dans le monde.

Françoise Héritier: «Partout de tout temps et en tout lieu, le masculin est considéré comme supérieur au féminin, les vraies contraintes sont idéologiques, d'ailleurs la répartition des tâches varie selon les cultures». Les qualités sont toujours vues du côté masculin et varient selon les latitudes (actif est positif en occident pour l'homme, passif est positif en Inde pour l'homme également).

Pour Michelle Perrot, dans notre histoire occidentale, les inégalités entre la petite fille et le petit garçon perdurent. Au XIXème siècle, le mariage reste «une affaire de famille», et pas d'individu.

L'art est supposé «viril»! Les femmes s'occupent du ménage, lavent, cousent, cuisinent, vendent le pain fabriqué par les maris, vont chercher l'eau aux puits, mais le marché du travail sera également à conquérir. Les droits sont loin d'être acquis.

Sylviane Agacinski nous rappelle que c'est Simone de Beauvoir qui a permis de renverser le point de vue en commençant par mettre en évidence que le travail de la femme était la première condition de sa liberté. Oui, la différence des sexes existe, conclut-elle, mais sans hiérarchie. (Jacqueline Goffin, psychanalyste).

Le coup de patte de Mo

Un clou chasse l'autre?

Le 25 novembre, nous portions le «ruban blanc» pour protester contre les violences faites aux femmes... Le 1er décembre, le ruban devenait rouge, pour rappeler que la lutte contre le sida est toujours d'actualité. (Au passage, je pense à toutes ces femmes, atteintes du sida, à qui certains gynécologues rechignent à offrir un suivi). Est-ce à dire qu'une journée suffirait pour que chacun comprenne la situation de toutes les femmes, autour du monde, confrontées à la violence sous toutes ses formes? Violence verbale, psychologique, physique, sexuelle...

Est-ce à dire que la campagne, menée pendant quelques heures ou quelques jours, suffirait pour empêcher l'insulte, la gifle, la pénétration de force et parfois le crime?

Hélas non, mais c'est une petite pierre. Avant de trouver peut-être d'autres moyens de dissuasion? En Amérique latine, six pays avaient fait du meurtre contre les femmes une qualification distincte et le Pérou vient d'intégrer à son code pénal le nouveau crime de «féminicide», assorti de peines alourdies, et donc plus dissuasives.

Toutefois nous accorderions la préférence à une politique non sexiste, car mort d'homme ou de femme ont égale gravité; pourquoi pas des peines alourdies dès que le crime est manifestement discriminatoire, comme les crimes sexistes ou les viols, mais pas exclusivement?

Justice

La cour d'assises du Hainaut a reconnu les quatre membres de la famille Sheikh coupables d'assassinat sur la personne de Saadia, leur fille ou leur soeur, avec la circonstance aggravante qu'il a un motif discriminatoire. Le père et le frère sont également reconnus coupables de tentative de mariage forcé. Puisse un tel acte sexiste et barbare ne plus jamais se reproduire dans nos foyers, puisse le caractère infâme de ces pratiques patriarcales d'un autre âge être définitivement reconnu. Puisse la reconnaissance de la gravité du crime par les Jurés apaiser quelque peu la peine des amis de Saadia.

Nos voeux

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