GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTEpour l'émancipation économique de la travailleuse | |
Bulletin de juillet 2009Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s. Le corps de la femme congolaiseDu champ de bataille à la marchandise de l'État. Les femmes d'Afrique centrale n'ont pas encore essuyé leurs larmes suites aux innombrables et quotidiens cas de viols et d'inimaginables mutilations perpétrés contre les filles et les femmes congolaises, tous âges confondu, par les envahisseurs ougando-burundo-rwandais, par les militaires et policiers gouvernementaux et aussi par certaines autorités politico-administratives congolaises, que de nouvelles exactions sont commises. Les militaires et les policiers congolais enlèvent et vendent les filles et les femmes Congolaises à leurs semblables Angolais et Rwandais. Ils disent qu'ils les ont mariées?! Et l'argent sale est considéré comme étant une dot. Ces nouveaux crimes sont dénoncés dans une pétition en faveur de ces femmes: «Agir ici pour changer les choses là bas est ce que nous devons faire étant des femmes jouissant de nos libertés et de nos droits» demande notre correspondante. Plus d'info: www.afede.net, rubrique "actualités"; lien vers la pétition: petition-4307.html Comment être une mère parfaite?En acceptant de ne pas l'être. Dans son livre «La mère parfaite, c'est vous»Stéphane Clerget, pédopsychiatre, cherche à comprendre d'où vient le sentiment de culpabilité des femmes qui tentent de «mieux» concilier vie familiale et vie professionnelle, afin de les aider à s'en dégager.Pourquoi les mères sont-elles persuadées qu'elles élèvent mieux les enfants que les hommes? Tout simplement parce que cela fait 2000 ans que c'est leur fonction! La puissance des mères est installée dans l'imaginaire collectif depuis si longtemps que cela prendra encore du temps avant d'arriver à un réel partage des tâches éducatives entre femmes et hommes. La mère comme «un chef d'entreprise» doit apprendre à déléguer, la maternité est une affaire d'équipe. Certaines mères s'occupent de tout et finissent par faire des choses qu'elles ne supportent pas en pestant. L'enfant s'en rend compte et comme il est égocentrique il est persuadé que c'est de sa faute, d'où un effet plus négatif que si on avait chargé quelqu'un d'autre de la tâche. Vient de paraître«Les hommes et les femmes de l'Université. Deuxsiècles d'archives» sous la direction d'Armelle Le Goff (Archives nationales, Direction des Archives de France, Institut national de recherche pédagogique). Le décret du 17 mars 1808 organisait l'Université impériale et a marqué la naissance du premier corps enseignant public et laïc. Les contributions des différents auteurs de cet ouvrage s'organisent autour de deux thématiques: en première partie, un bilan des sourcesdisponibles et une méthodologie d'utilisation de ces sources et, en seconde partie, des éclairages différents et multiples sur des itinéraires ordinaires ou originaux. En vente au prix de 25 euros à l'Institut national de Recherche pédagogique. Service des publications 19, allée de Fontenay BP 17424 F-69347 Lyon Cedex. Les prisonnières de la pauvretéDans Le Soir du 28 mars, la Secrétaire générale d'Amnesty international, Irène Khan, présente une nouvelle campagne à l'occasion de la publication de son rapport annuel 2009. Libérer les «prisonniers de la pauvreté». Parmi les exemples et les chiffres cités, on découvre que 500.000 femmes meurent chaque année de complications liées à leur grossesse ou leur accouchement, une par minute. En effet, elles n'ont pas eu accès aux simplessoins qui auraient pu les sauver soit parce qu'elles sont trop isolées soit parce qu'elles manquent d'argent. Un scandale intolérable en matière de droits humains selon Amnesty. Femmes et éducation scolaireLa Commission enseignement du Conseil des femmes francophones de Belgique a publié en mai dernier, un mémorandum pour une approche intégrée de l'égalité filles/garçons, femmes/hommes dans le système éducatif. Elle fait état d'un constat récurrent, celui de la non problématisation de faits statistiquement avérés: par exemple, la sous représentation sexuée en différents lieux du système éducatif (moins de 5% d'hommes dans l'enseignement maternel et à peine 7% de femmes, professeures ordinaires dans l'enseignement universitaire), ensuite la polarisation sexuée des filières techniques et professionnelles et aussi le pourcentage plus élevé d'échecs chez les garçons à tous les niveaux et dans toutes les options. Les études et les recherches montrent qu'il existe des formes de ségrégation sociale différentes de l'échec ou de la relégation et que celles-ci seraient véhiculées à travers des stéréotypes présents dans les comportements, attitudes, jugements et attentes des enseignants-tes et autres professionnels-les qui encadrent les enfants dès leur plus jeune âge, et ce le plus souvent à leur insu. Des mesures ont été prises par la Communauté française mais sont restées pour la plupart fragmentaires et rarement contraignantes. De plus, l'analyse de la mise en œuvre des actions structurelles prônées dans le Programme d'actions adopté en 2005 révèle que l'esprit n'en est pas toujours respectéet que certains engagements pris ne sont pas toujours tenus. LE CFFB demande, entre autres, la création d'un organe de suivi et de contrôle chargé d'examiner les mesures prises tout au long du processus politique; il veillerait aussi à ce que des problématiques jusque là non reconnues mais qui ont des effets sur les trajectoires scolaires et professionnelles soient prises en compte; la Commission demande au prochain gouvernement de prendre des mesures afin d'intégrer, d'organiser, d'améliorer et d'évaluer la prise en compte du genre dans les futurs processus de prise de décision dans les domaines suivants: gestion de l'enseignement, la formation des professionnels du système éducatif, les programmes et l'environnement scolaires, le suivi et l'évaluation des politiques. Voir pour plus de détails: www.universitedesfemmes.be (.pdf) Personalia: Marilyn FrenchMarilyn French, une des grandes féministes du siècle dernier a succombé à une attaque de cœur à l'âge de 79 ans. Romancière et championne du féminisme, son premier roman, «Toilettes pour femmes» l'a propulsée dans un rôle majeur dans le mouvement féministe moderne. Avec sa vision inflexible du sort fait aux femmes et un don pour les exprimer sur page imprimée, Marilyn French a largement contribué à populariser les thèses féministes, en les romançant; elle a ainsi contribué à forger un courant d'opinion majeur sur les questions de genre, parfois controversé, qui décrivait la société patriarcale qu'elle voyait autour d'elle. «Mon but, dans la vie, est de changer l'entière structure sociale et économique de la civilisation occidentale, pour en faire un monde féministe» a-t-elle une fois déclaré. Des économistes écoféministesL'écoféminisme comme son nom l'implique unit les notions de féminisme et d'écologie. Le féminisme se préoccupe de la manière dont les femmes en général ont été subordonnées aux hommes en général. Les écologistes se préoccupent de la manière dont l'activité humaine détruit la viabilité des écosystèmes. L'économie politique écoféministe prétend que les deux sont liés. Ce lien n'est pas considéré comme dérivant de quelque identification essentialiste des femmes avec la nature, mais de la position des femmes particulièrement dans la société en relation avec des systèmes économiques dominés par les hommes («genrisation» de systèmes économiques). Il voit un lien matériel entre l'externalisation et l'exploitation des femmes et l'externalisation et l'exploitation de la nature. Car pour l'économie politique écoféministe, «l'économie» est un système avec des limites qui excluent ou marginalisent beaucoup d'aspects de l'existence humaine et de la nature non humaine. La position des femmes par rapport à une économie basée sur l'argent est complexe. Les femmes peuvent être présentes en grand nombre comme consommatrices et comme travailleuses. Certaines femmes réussissent bien économiquement et certaines femmes oppriment et exploitent d'autres femmes et l'environnement. Ce sur quoi se concentre l'économie politique écoféministe n'est pas les femmes en soi mais le «travail des femmes», la série d'activités humaines qui ont été associées historiquement aux femmes à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du marché. Information: Actu'elle- Mouvements de femmes: rae.29rueblanche@skynet.be Elles ont réussi...Le groupe américain «Stop Violence Against Women» a obtenu gain de cause: sa campagne de sensibilisation des parlementaires US à la question des droits des femmes a conduit le Parlement à pérenniser le Bureau américain chargé de la problématique spécifiquement féminine (U.S. Office for Global Women's Issues). Cette victoire ouvre la porte à d'importantes avancées pour combattre les violences faites aux femmes, améliorer les soins de santé offerts aux femmes, ainsi que leur scolarité et leurs chance de meilleure insertion dans la vie économique. Une fracture sexuéeBien loin de la parité, le système éducatif français développe une fracture sexuée qui est en passe de devancer la fracture sociale. Selon JL Auduc, les filles réussissent mieux que les garçons. Quel que soit le niveau scolaire, les résultats des filles dépassent ceux des garçons. En fin de parcours, 47% des filles obtiendront un diplôme du supérieur contre 37% des garçons. Il est même établi que les filles issues de catégories sociales classées comme défavorisées réussissent nationalement aussi bien ou mieux en lecture ou au baccalauréat que des garçons issus de catégories sociales caractérisées comme favorisées. Parallèlement à cette évolution, on assiste à une spécialisation sexuée des filières. Dans le post bac, les filles fournissent 80% des étudiants des formations sociales, mais seulement 26% des futurs ingénieurs et 24% des étudiants en université de technologie. Ces écarts reflètent l'importance des stéréotypes sexués. «Quand ils se jugent très bons en français, seul 1 garçon sur 10 va en section littéraire (contre) 3 filles sur 10. Quand ils se jugent très bons en maths, 8 garçons sur 10 vont en section scientifique (contre) 6 filles sur 10». Du coup les filles ont plus de mal à s'insérer socialement. Elles sont moins nombreuses à travailler et moins représentées dans les emplois d'encadrement. Dans l'ensemble, le système éducatif s'est peu penché sur une mixité qui puisse offrir ses chances à tous. Faut-il comme on l'entend parfois, séparer les sexes systématiquement? Toutes les études menées dans les pays anglo-saxons concernant les classes séparées garçons-filles pour l'ensemble des apprentissages scolaires montrent qu'elles n'améliorent en rien les résultats scolaires des garçons et ne diminue pas leur décrochage scolaire. Ces classes séparées renforcent les stéréotypes sexuels, encouragent l'ignorance et le préjudice envers l'autre sexe, accentuent les différences dans l'éducation. © Porte Ouverte 2009 |