GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTEpour l'émancipation économique de la travailleuse | |
Bulletin de Mars 2009Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s. Responsabilités professionnelles et congé de maternitéLe Figaro publiait récemment un article intitulé «Ces dirigeantes qui renoncent à leur congé de maternité» (www.lefigaro.fr du 15/1/2009). Rachida Dati en fait n'est pas la seule dans son cas. Une étude menée en France en 2002 sur un large échantillon de femmes dirigeantes conclut qu'aucune n'avait pris l'entièreté de son congé légal. L'auteure de l'étude relate que ces femmes ont voulu mener une carrière tout en ayant des enfants mais que le congé de maternité «est un temps contraint qu'elles veulent réduire au minimum vital». Globalement, on peut dire qu'elles «sacrifient» ce droit des femmes sur l'autel de leur carrière, tout en assurant que cela n'empêche pas de consacrer le temps qu'il faut aux enfants et de leur donner tout l'amour nécessaire, grâce à une bonne organisation. La Présidente de l'Union féminine civique et sociale ajoute que«si toutes les femmes n'ont pas la même attitude face à ce congé, c'est parce que toutes n'ont pas le même intérêt à travailler. Plus elles aiment leur métier, plus le retour à leurs fonctions est rapide». En Belgique, des associations de femmes plaident pour le libre choix mais, de même que dans l'étude française, la solidarité des autres femmes ne joue pas:les femmes qui font ce choix sont critiquées par les autres, qui considèrent qu'elles piétinent la lutte menée pendant des années pour le droit des femmes. Ce thème délicat mérite réflexion de la part des féministes. D'une part, on peut accorder de l'importance au libre choix des femmes?d'autre part, il ne faudrait pas oublier le risque de voir les employeurs «préférer» des employées prêtes à sacrifier leurs congés de maternité aux autres, qui revendiqueraient de conserver ce droit. Bref, dans ce cas de figure, on peut considérer que la liberté des unes pourrait nuire à la liberté et aux droits «acquis» (provisoirement?) des autres? Le viol moins grave que l'avortement!!!L'excommunication d'une jeune mère de famille de Recife par l'archevêque catholique local, soutenu par le Vatican, parce qu'elle a fait avorter sa fille de neuf ans, victime d'un viol et portant des jumeaux au péril de sa propre vie, remue l'opinion brésilienne. Dans la foulée, les médecins qui ont réalisé l'IVG subissaient à leur tour les foudres de Mgr José Cardoso Sobrinho. Ce dernier a justifié son geste en arguant qu'aux yeux de l'Eglise «l'avortement était un crime» et «que la loi de Dieu était au-dessus de celle des hommes». «Quand une loi promulguée par des législateurs humains est contraire à la loi de Dieu, cette loi n'a aucune valeur», avait encore dit Mgr Sobrinho qui a menacé d'attaquer la mère en justice pour homicide. Il justifie l'excommunication de la mère de la fillette «car les jumeaux qu'elle portait avaient le droit de vivre» a-t-il expliqué à «La Stampa». Cependant, face à l'avalanche de critiques, le cardinal Sobrinho vient de dire que l'excommunication serait levée si ceux qui ont aidé l'avortement «expriment de la peine et des regrets». On croirait rêver, au XXIème siècle! Ces prises de position rétrogrades (retour à l'Inquisition?) rappellent dangereusement celles d'une autre religion? http://www.lalibre.be/actu/monde/article/487698/le-viol-moins-grave-que-l-avortement.html Hommage à Marie PopelinLa Cour de cassation du Palais de Justice de Bruxelles a résonné le 6 mars 2009 des discours du Premier Président de la Cour de cassation, des autorités du monde judiciaire et d'avocats belges et étrangers qui, profitant de l'hommage posthume rendu enfin à Marie Popelin, ont souvent déploré, statistiques à l'appui, combien les femmes ont encore à se battre pour faire reconnaître leur droit élémentaire à la parité, l'égalité des chances ou simplement de revenus égaux pour le même travail. Une ancienne candidate à la présidence du Bénin, avocate elle aussi, a retracé les embûches inouïes auxquelles elle a dû faire face. Elle a fait vibrer la salle par sa volonté de continuer ses combats. Mais nous étions toutes là, de la féministe de base à la secrétaire d'Etat, en passant par toutes celles qui ont fait de leurs revendications égalitaires le slogan de leur vie, dans une euphorie douce-amère, pour rendre un peu justice - et l'endroit était propice - à la première femme docteur en droit de Belgique et la première à demander sans succès à être admise à la profession d'avocat. Intéressante exposition aussi de caricatures, photographies et illustrations, et apposition dans le couloir des avocats d'un bas-relief réalisé par l'avocat de La Palud. Il représente Marie Popelin devant le Palais de Justice (issu des collections de l'ULB). En disponibilité à 37 ans, Marie Popelin entama des études de droit à l'ULB. Malgré la qualité des défenseurs qui plaidèrent son admissibilité devant la Cour d'Appel en 1888 (Me J. Guillery, deux fois Bâtonnier, Député, futur Ministre d'Etat, et Me L. Frank, jeune avocat brillant), l'arrêt de la Cour d'appel considéra que:«?la réserve inhérente à son sexe, la protection qui lui est nécessaire, sa mission spéciale dans l'humanité, les exigences et les sujétions de la maternité? la direction du ménage?, la placent dans des conditions peu conciliables avec les devoirs de la profession d'avocat et ne lui donnent ni les loisirs, ni la force, ni les aptitudes nécessaires aux luttes et aux fatigues du Barreau». Marie Popelin, à 42 ans, était célibataire et sans enfant! Révoltée, Marie Popelin fonda en 1892 la Ligue belge des Droits des Femmes, avec Isala Van Diest, la première femme-médecin de Belgique et Hector Denis, recteur de l'ULB, L. Frank et C. Devos, ses avocats devant la Cour d'Appel et la Cour de Cassation, et H. Lafontaine, avocat qui sera prix Nobel de la Paix. En 1905, en contact avec des associations étrangères, elle fonda le Conseil national des Femmes, qui existe toujours, et décéda à Ixelles 1913, épuisée par ses luttes et ses regrets professionnels. La loi autorisant les femmes à devenir avocat, pourtant introduite par Emile Vandervelde déjà en 1902, deux fois refusée, fut votée en 1922. D'autres manifestations en son honneur auront lieu cette année comme une comédie musicale à l'espace Delvaux les 8 et 9 mai. Remerciements à notre membre, l'avocate Daniela Coco, instigatrice de cette manifestation, pour ses informations documentées et son attachement à notre Groupement qui a fait un discours étonnant sur l'époque et le parcours de vie de Marie Popelin et de ses sœurs. Des ovaires dans la machine à laver?Nous ne résistons pas au plaisir de vous livrer le coup de gueule… d'un homme: «Je n'ai rien contre la Journée de la femme. C'est vrai qu'on leur en fait des misères, aux femmes: on les viole et on les étripe de toutes les façons possibles juste pour passer le temps, on leur jette des cailloux pour un baiser échangé à la sauvette. Pas toujours très sûr d'être une nana, emballée et cachée sous du linge gris, cachée à la maison, cognée en stœmelings, prostituée sans qu'on lui demande son avis. Alors, pour rappeler tout ça, une fois par an, c'est la Journée de la femme. Il n'y a pas de journée du Pape? Enfin, ce que je veux dire, c'est que pour le Pape, l'humanité est divisée en deux catégories: les hommes d'un côté et les ovaires de l'autre. Du coup, pour le Pape, les femmes, c'est jamais qu'un tas d'organes qui sert à faire des enfants. Ça n'a ni bouche pour parler, ni cerveau pour penser, ni tout le reste pour faire tout le reste. Et c'est vrai que, vu comme ça, une femme, quand quelque chose de grave lui arrive, c'est un peu comme quand le chat vole le haché dans la cuisine, ça énerve un peu mais on s'en remet? Mais soyons justes, le Pape reste bienveillant avec les ovaires. Par exemple, pour la Journée des ovaires, il a estimé que la machine à laver était la plus belle des inventions du siècle. De quoi faire des ovaires libres! Libres, mais à la maison. Libres, mais en silence. Libres, mais à disposition. Faut pas déconner quand même». Thomas Gunzig in http://archives.lesoir.be/des-ovaires-dans-la-machine-a-laver Medias sexistesA l'occasion de la Journée internationale de la femme de ce 8 mars, le journal LE SOIR a publié dans son édition du week-end des 7 et 8 mars, un article important intitulé «La PUB adore le corps des femmes. Où finit la liberté de création et où commence l'injure? Deux visions. Une juridique et une féministe». Sont interviewés un homme et une femme; l'homme est juriste à la RTBF et spécialiste des médias, la femme est Directrice de l'Université des femmes. Stéphane Hœbeke qui a publié chez l'Harmattan «Sexe et stéréotypes dans les médias» se plaint «des excès de la lutte contre les stéréotypes dans les médias». Il s'insurge, par exemple, à propos de la PUB où l'on voit une femme nue agenouillée dans l'herbe devant un mouton, sur le fait que «les féministes» la trouvent sexiste, nous faisant la leçon au sujet «d'outrages sélectifs» que nous percevrions tout comme les musulmans perçoivent les caricatures de Mahomet. «Pour le racisme, comme pour le sexisme, il n'est jamais évident de respecter à la fois la liberté d'expression, de création et les droits légitimes d'un groupe». Valérie LOOTVOET répond très justement en pointant l'amalgame: «c'est comme si la demande des femmes au respect était opposée à la liberté d'expression. Je ne vois pas en quoi cela contrevient à la liberté d'expression?sinon à la liberté d'expression machiste. La publicité est un message intrusif, imposé. Ce qui me dérange, c'est l'utilisation systématique du corps de la femme pour des produits, dans des contextes qui n'ont aucun rapport avec le corps». Nous ajouterons que l'on peut fort bien imposer des règles à ces messages imposés à tous qui seraient différentes des messages artistiques par exemple, que chacun est libre de «consommer» ou non. En outre, la critique des idées (religieuses par exemple) ne s'apparente nullement à un discours sur des groupes d'individus. L'article se trouve dans un moteur de recherche avec la chaîne "femmes du porno chic" Ecart salarial h/f: 24%Les femmes gagnent 24% de moins que les hommes (en moyenne, sur base de salaires bruts, temps pleins et temps partiels confondus). En gros, elles gagnent donc un quart en moins que les hommes. Sur une journée de travail de 8 heures (par exemple de 9 h à 17 h), cela signifie qu'à partir de 15h05, les femmes travaillent gratuitement. Plusieurs facteurs expliquent l'écart salarial: les femmes occupent des métiers moins bien rémunérés, elles travaillent dans des secteurs généralement moins bien payés, elles occupent et restent dans des fonctions d'exécution, elles travaillent souvent à temps partiel. Mais expliquer l'écart salarial ne signifie pas l'accepter. C'est pourquoi la FGTB organise le 27 mars 2009, et pour la quatrième année, sa journée annuelle pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. Comment agir tous ensemble contre cette injustice et supprimer l'écart salarial entre les hommes et les femmes? La Commission européenne lance quant à elle une campagne sur les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes car elle considère que peu de progrès ont été effectués ces dernières années Cette campagne s'appuie sur un site web proposant du matériel d'information et des données chiffrées sur les écarts de rémunération, un kit d'information à distribuer aux employeurs et aux syndicats, un reportage vidéo et un vidéoclip. Elle explique pourquoi il est important de lutter contre ces disparités salariales et ce qu'il y a moyen de faire. http://www.fgtb.be/code/fr/fram012.htm, http://www.businessandgender.eu/ et http://ec.europa.eu /equalpay © Porte Ouverte 2009 |