GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de décembre 2008

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Écart salarial de genre…

Selon une étude menée par le DULBEA (ULB), les écarts salariaux de genre en Europe ne sont plus majoritairement explicables par des différences en termes de «capacités productives» entre hommes et femmes mais essentiellement par un niveau de rémunération inférieur à caractéristiques égales.

Ces caractéristiques productives sont elles-mêmes déterminées en très large partie par des pratiques et habitudes discriminatoires: ségrégation sectorielle, professionnelle, durée de carrière, expérience professionnelle et rentabilité des entreprises dans lesquelles les femmes sont majoritairement représentées. L'arsenal juridique et conventionnel ne suffit pas à supprimer les écarts salariaux de genre. Le rôle des politiques publiques en matière de garde d'enfants, par exemple, pourrait cependant être déterminant en matière de quête d'égalité.

Les femmes, qui travaillent plus souvent que les hommes à temps partiel, sont cantonnées aux fonctions et secteurs où le taux horaire est le plus faible. La lutte contre la ségrégation sectorielle et fonctionnelle est donc indispensable pour obtenir une égalité de revenus entre les sexes. Le temps partiel ne doit plus être considéré comme un moyen de conciliation vie familiale/vie professionnelle. Au sein d'un ménage ce sont les femmes qui réduisent le plus fréquemment leur temps de travail. Vu la concentration du temps partiel dans quelques fonctions et secteurs, la ségrégation sectorielle et fonctionnelle de genre s'en trouve renforcée. Environ, un dixième de l'écart salarial total de genre (en moyenne les femmes gagnent 22% de moins que les hommes) est dû à des effets sectoriels, ET les femmes se trouvent dans des secteurs les moins rémunérateurs.

La taille de l'entreprise influence aussi les salaires. Les grandes entreprises se trouvent dans les secteurs d'activités les plus rémunérateurs et leurs conventions collectives permettent de fixer des salaires supérieurs aux barèmes sectoriels. Les profits moindres dégagés par les entreprises de plus petite taille engendrent un rapport de force plus faible dans les négociations de partage des gains de productivité ou du profit.

Les systèmes de classification de fonction, les échelles salariales, les possibilités d'accès aux fonctions supérieures et dirigeantes restent défavorables aux femmes. L'écart salarial entre femmes travaillant à temps plein ou à temps partiel s'explique principalement par le fait que les temps partiels sont majoritaires dans les fonctions faiblement qualifiées et dans les secteurs à faible rémunération.

http://www.ulb.ac.be/rech/inventaire/chercheurs/9/CH8699.html

Religions, traditions et droits des femmes

Lors du Forum social européen de Malmö, Soad Bekkouche expliquait qu'aucune religion ne prône l'égalité sociale, juridique et politique des femmes. Bien au contraire, les religions ont toujours sacralisé des traditions de domination masculine qui maintiennent les femmes dans l'unique rôle social d'épouse, de mère, de gardienne des «valeurs». Mais de quelles valeurs s'agit-il…Les fondamentalistes religieux, de quelque religion qu'ils soient, sont unanimes sur deux points: la mise en place d'états théocratiques et le fait que l'émancipation de la femme soit la cause de tous les fléaux.

Plus d'info concernant le FSE sur: http://www.wsf.be/breve.php3…id_breve=115

Sécurité sociale: Individualisation des droits

L'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes, en collaboration aves le Comité de liaison des femmes et le Nederlandstalige Vrouwenraad, ont organisé une journée d'études basée sur les droits dérivés et leur coût en matière de sécurité sociale. Les droits dérivés en matière de pension, les risques de précarisation des femmes ainsi que l'individualisation des droits dans l'assurance soins de santé et l'assurance-chômage ont été évoqués.

Les orateurs et oratrices spécialisés ont démontré par de nombreux exemples et force de chiffres à l'appui, la persistance de discriminations vécues par les femmes au travail. Les femmes au foyer, qui ne se sont pas épuisées physiquement et moralement à accomplir une double journée de travail, bénéficient de pensions de survie nettement supérieures à celles de femmes qui ont travaillé dans des conditions professionnelles ingrates presque toute leur vie, mais sans bénéficier d'un «protecteur» officiel légalisé maritalement (N. D. L. ).

Hedwige Peemans-Poullet, membre de notre association et ancienne présidente du Comité de liaison des femmes et de l'Université des femmes, a rédigé un ensemble de textes fouillés au sujet de l'individualisation des droits en matière de sécurité sociale. Cette militante convaincue démontre les implications discriminatoires des droits dérivés pour les femmes dans le système belge. Elle analyse et dresse l'historique des mécanismes de notre sécurité sociale qui organisent la tutelle financière des femmes par les voies politiques et administratives.

Ce panorama de textes fut élaboré sur plusieurs années et est publié par l'Université des femmes sur son site: http://www.universitedesfemmes.be/

Nous aborderons le thème des pensions dans une prochaine circulaire.

L'Université des Femmes
L'Université des Femmes rassemble des féministes avec la volonté de développer et de diffuser un savoir féministe accessible à tous et à toutes. Ses travaux et recherches portent sur l'actualité sociopolitique en lien avec les femmes. Les principales activités de l'Université des Femmes sont la construction d'un savoir féministe et de la bibliothèque féministe Léonie La Fontaine.

Chaire interuniversitaire - Droits et Discriminations

La Chaire interuniversitaire organise un cycle de conférences aux Facultés universitaires Saint Louis, de janvier à avril 2009. Les thématiques en sont: «Droit et Discriminations: Théorie générale de l'égalité et de la non-discrimination (suite et fin)» et «L'égalité et la non-discrimination dans les instruments des Nations Unies». Les intervenants tenteront de faire le point sur toutes les nouvelles règles juridiques internationales, européennes et belges en ces matières.

Voir agenda: http://www4.fusl.ac.be/4DACTION/EWA_Agenda/ID/0/7106

L'entrée libre sur base d'une inscription auprès des Facultés au 02/211.79.58 ou via courriel à: noel@fusl.ac.be

Quand les femmes repassent les seins de leurs filles

Jeune camerounaise

Les femmes camerounaises ont acquis au fil des siècles l'intuition parfaite que le sein est bien l'inspirateur éternel des amours, des amours qui privent les petites filles camerounaises de leur adolescence et de leur chance d'étudier.

Violence de mères en filles

A l'instar de l'excision, le «repassage» des seins est une pratique qui se réalise au cœur des alcôves féminines, en ville comme à la campagne, chez les classes les plus défavorisées comme chez les plus aisées. Mères, tantes, cousines se penchent sur le destin d'une petite fille et s'appliquent à lui faire endurer une insupportable torture: le repassage des seins. Le Réseau national des associations de tantines (Renata), au Cameroun, a pour premier objectif de lutter contre les abus et violences sexuelles subis par les adolescents et de dénoncer les différentes pratiques nocives qui existent à l'encontre des jeunes filles. Ce réseau réunit aujourd'hui quelque 61 associations, qui œuvrent sur le terrain grâce à l'action de 5 000 femmes, le plus souvent des «filles-mères». Les différents témoignages des membres de ce réseau lui ont permis de mettre à jour l'ampleur d'une pratique silencieuse: le repassage des seins.

www.icilome.com/nouvelles/news.asp?id=61&idnews=6993

A lire ou relire, à offrir: Insoumise et dévoilée

Karima, esclave de sa famille, a été battue, humiliée, bafouée dans ses convictions, dans sa féminité par un père happé par des idées archaïques, contraires aux principes mêmes de l'Islam, mais professées dans sa mosquée. Poursuivie par l'autoritarisme colérique de son père au sein même du lycée, elle est ensuite mariée à un cousin, sans son consentement et hors sa présence par son père, l'élu choisi et deux notaires, lors d'un voyage au Maroc. Amoureuse d'un autre homme résidant en Belgique, elle décide de se battre, de fuir son milieu familial, poursuivie par les injures. Karima s'en est sortie à force de courage, de lutte et de honte aussiœ

Elle tient à témoigner, sans avoir jamais renié ni sa religion, l'Islam, ni sa famille et ses racines culturelles.

editionsazimuts@yahoo. fr


Tous nos vœux nous accompagnent pour des fêtes féministes.


© Porte Ouverte 2008

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