GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTE

pour l'émancipation économique de la travailleuse

Bulletin de mars 2008

Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.

Take care!

Le réseau BRAISES - réseau inter-universitaire francophone d'expertise en vieillissement - vient d'organiser une journée d'études «Utopies et réalités autour des âges de la fin de carrière». Nous y relevons l'atelier consacré au maintien des seniors dans l'emploi et la question: «Génération sandwich, génération pivot, affaires de femmes?» où furent abordés abordé les discours des politiques belges et européennes sur la question de l'allongement de la durée de la carrière professionnelle des femmes.

On y mit en évidence les nombreux pièges cachés dans les politiques de travail, de santé, d'éducation, de pension (impact de la dépendance économique d'un conjoint par exemple) et leurs dérives quant aux facilités de prolongement de carrière laissées à de nombreuses catégories de travailleuses. Les oratrices ont insisté sur les rôles traditionnels féminins de dévouement, de sacrifices et de disponibilité de «care» au bénéfice des plus jeunes, les plus âgés, des malades... les amenant à se retirer du marché de l'emploi sans compensation salariale.

Bien que le groupe des femmes de plus de 50 ans ne soit pas homogène, statistiquement ce sont encore les femmes qui très majoritairement raccourcissent leur carrière pour élever les petits enfants, qui raccourcissent leur journées pour les garder ou les récupérer à l'école, qui optent pour le temps partiel, ne peuvent pas s'investir dans des formations… avec une importante incidence sur l'évolution de leur carrière, de leurs revenus et du montant de leur pension.

Allez les filles!

Les sciences appliquées (Polytechnique) attirent trop peu de jeunes diplômées alors que la pénurie «d'ingénieurs» est criante. Seulement 15% de filles parmi les étudiants en sciences appliquées, c'est beaucoup trop peu! pour répondre à la pénurie il faut élargir «le vivier» en sensibilisant beaucoup plus les jeunes dès les humanités tout en accentuant les efforts vers les jeunes filles.

Pour y parvenir, une campagne de communication subventionnée par la Communauté française visera à sensibiliser dès septembre prochain les enseignant-es du secondaire avec des témoignages de femmes ingénieures à l'appui. L'objectif énoncé est clair: il s'agit de «casser l'image négative vis-à-vis des métiers que l'on a trop longtemps crus réservés aux hommes; les femmes peuvent d'autant plus s'y épanouir que l'ingénieur ne limite plus son action à l'industrie lourde ou au génie civil».

Par exemple certaines filières nouvelles, liées à la sphère biomédicale ou au développement durable sont susceptibles d'attirer les filles et il est dit que «les sciences du vivant répondent sans doute d'avantage à la socialisation des jeunes filles». Mais là aussi, on peut mieux faire et cesser de penser que les choix professionnels sont inhérents au genre, que ce soit à une certaine «sensibilité féminine» ou à un quelconque autre stéréotype.

Bien entendu, il conviendra parallèlement de faire évoluer la mentalité des recruteurs des entreprises, et leur ouvrir les yeux sur le talent au féminin

Pierre Mertens: «La misogynie est la pire forme de racisme»

L'écrivain Pierre Mertens publiait dans le Soir du 11 janvier une belle chronique intitulée «Des femmes, du pouvoir et des lettres», où il analyse avec beaucoup de finesse la pratique de dénigrement qui s'applique encore si fréquemment à l'encontre des femmes qui se hissent à la hauteur des hommes dans les sphères du pouvoir. Benazir Bhutto, Ségolène Royal, Hillary Clinton… Simone de Beauvoir ou Joëlle Milquet: à toutes les mêmes critiques leur reprochant de se rendre trop visibles, immodestes ou hautaines! Reproches que l'on oublie de faire aux hommes publics briguant les mêmes postes.

«Il traîne toujours, de-ci, de-là, une façon particulièrement rampante et basse de parler des femmes qui briguent un pouvoir, quel qu'il soit.[']. Et si on évoque son ambition, c'est de façon nécessairement péjorative.»

Merci, Monsieur Mertens: le féminisme est une vertu qui est aussi accessible aux hommes'qui réfléchissent honnêtement.

Lire la chronique du Soir

Quelle Europe pour quelle égalité?

L'Université des femmes vient de publier dans ses «Chroniques féministes» (juillet-décembre2007 n°99): «Quelle Europe pour quelle égalité». Le numéro évalue les avancées, les reculs, les vagues et les ressacs de l'égalité à un moment où nous craignons de vivre l'absorption du concept de l'égalité pour les femmes dans celui du concept «tolérance de la diversité culturelle».Le numéro révèle, entre autres, le travail d'amendements et de propositions exercé par de nombreuses femmes qui ont pu se faire entendre. Des chapitres très variés et intéressants composent le document en évoquant par exemple, aussi bien «30 ans d'égalité de genre en droit social» que, le rôle des Fonds structurels ou l'importance du rôle du Conseil de l'Europe en la matière, la «feuille de route» actuelle…

Commande auprès de Marcelle Diop, Université des Femmes 02/2293825 au prix de 7,5€ (abonnement également possible).

Le Guide du respect

Bonne nouvelle pour notre jeunesse et son apprentissage de l'égalité entre garçons et filles et du respect mutuel: trousse de secours, ouvrage pratique, moyen d'information, 84 pages simples et directes: le guide belge du respect est à la disposition de tous. Depuis le 15 janvier, la version belge du Guide du respect est en vente en librairie au prix ultra abordable de 1€.

Spécialement conçu pour un public jeune, cet ouvrage format poche donne des réponses pratiques à des questions concrètes autour de trois grands thèmes: les violences, les traditions qui enferment et la sexualité. Témoignages, références juridiques, adresses d'urgence et informations pratiques en font un outil d'information et d'aide au quotidien. Le Guide du Respect a pour vocation de briser les tabous et apporter des solutions concrètes à des personnes en détresse, confrontées à des violences verbales, physiques ou sexuelles (viol, mariage forcé, drogue, excision, homophobie, discrimination, racisme, viol, racket...). Le Guide permet de mettre des mots sur des situations dramatiques, illustrées par de nombreux témoignages, mais apporte aussi des solutions concrètes d'urgence, avec de nombreuses adresses et informations pratiques.

En savoir plus: http://www.niputesnisoumises.be

Le ver est-il dans …le VERT?

Mais cette bonne nouvelle n'a pas plu à tout le monde… Nous avons eu la désagréable surprise de lire sous la plume d'un Conseiller communal Ecolo à Saint-Gilles que selon lui, par la publication du «Guide du respect», l'association «Ni Putes Ni Soumises» incite (avec la complicité et les subventions des pouvoirs publics) à la débauche des mineurs! et de réclamer que la diffusion du Guide du Respect soit immédiatement interrompue… On croit rêver. Enfin, à ce stade, ce serait davantage de l'ordre du cauchemar.

En savoir plus: http://nadiageerts.over-blog.com/article-17243317.html

Désexualiser le congé de paternité?

Une question parlementaire posée à la chambre concernant le congé de paternité et la neutralité de genre demandait, entre autres, au ministre de l'emploi s'il envisageait de «désexualiser» le congé de paternité afin que les «co-mères», dans le cadre d'une relation homosexuelle, puissent également en bénéficier. La réponse du ministre précisait, entre autres, que les chiffres dont nous disposons ne concernent que l'assurance indemnités dont l'intervention ne commence qu'à partir du quatrième jour du congé de paternité. Les trois premiers jours sont pris en charge par l'employeur et le travailleur reçoit son salaire habituel. Il est très probable que certains travailleurs ne prennent seulement que trois jours de congé de paternité. Ces travailleurs ne sont pas repris dans les chiffres de l'INAMI. Le coût pour les employeurs ne peut donc pas être établi.

Dans le cadre de la réglementation relative au congé de paternité, un droit de s'absenter du travail (petit chômage) à été reconnu à l'occasion de la naissance d'un enfant dont la filiation est établie à l'égard du travailleur concerné. Les règles relatives à la filiation relèvent du droit civil.

L'application de la réglementation en matière de congé de paternité dépend donc directement du contenu des règles de filiation précitées telles que prévues par le même droit civil. Le droit actuel de la filiation ne prévoit pas que, pour les couples composés de personnes du même sexe, la filiation de l'enfant soit établie dans le chef du compagnon ou de la compagne qui n'est pas la mère ou l'adoptant de cet enfant. Dès lors et dans l'état actuel de la législation, ce compagnon ou cette compagne ne pourra pas bénéficier de la réglementation en matière de congé de paternité.

Dans son récent avis n°1623 du 6 novembre 2007, le Conseil National du Travail a adopté le point de vue selon lequel la compagne de la mère biologique devrait pouvoir obtenir un congé de paternité aux mêmes conditions que les pères biologiques, afin qu'un égal accès soit garanti en matière de congé. La situation en est là actuellement.

Plus de femmes, plus de croissance

Les études du Crédit Suisse montrent qu'une augmentation de la proportion des femmes actives peut considérablement élever le potentiel de croissance d'une économie. Les femmes revêtent de plus en plus d'importance pour l'économie mondiale. Leur contribution au produit intérieur brut (PIB) augment d'une part à travers la consommation accrue de biens et services et d'autre part, à travers une plus grande productivité.

Selon les statistiques officielles, les femmes exerçant une activité lucrative produisent environ 40% du PIB dans les pays industrialisés. Si on tient compte des travailleurs domestiques non rémunérés, leur participation passe nettement au -dessus de la barre des 50%. Les études prévoient notamment une progression du taux d'emploi des femmes dans les pays industrialisés avancés, où la part de la population active recule pour cause de vieillissement.


© Porte Ouverte 2008

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