Bulletin de mars 2005
Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe;
les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s.
Sommaire
- La défense du travail des femmes dans l'entre deux guerres
et l'action de la Porte Ouverte: pages 1 et 2
- Union européenne: rapport sur l'égalité entre
les femmes et les hommes; pages 2, 3 et 4
La défense du travail des femmes dans l'entre-deux-guerres et l'action de la Porte Ouverte
Résumé de la communication faite par Eliane Gubin,
Professeure d'histoire à l'ULB, au Sénat de Belgique,
le 13 décembre 2004
La situation du travail des femmes était particulière
en Belgique au sortir de la Grande Guerre. Elle était totalement
différente de ce que l'on observait dans les autres pays
belligérants. En effet, l'économie de ces pays avait
été fouettée par l'effort de guerre, et l'appel
à la main d'œuvre féminine en remplacement de la main
d'oeuvre masculine, y avait été constant. La Belgique
au contraire a passé les quatre années de guerre sous
un régime d'occupation qui avait démantelé
complètement ses industries et avait plongé la population
dans le chômage.
La remise en route de l'économie après la guerre
s'est accompagnée d'emblée de mesures favorables à
la réinsertion des travailleurs masculins, au détriment
des travailleuses. Dès 1920, une politique de reflux des femmes
mariées au foyer a été appliquée, des
mesures persuasives se sont multipliées, suivies par des mesures
de dissuasion. Cette politique de retour au foyer fut soutenue
très vivement par les syndicats chrétiens et les
associations féminines chrétiennes.
Les tensions entre les féministes qui exigeaient le droit
au travail des femmes et les milieux qui réclamaient pour elles
une «protection particulière»
s'intensifièrent sous l'action de la politique menée
par le Bureau International du Travail à Genève.
Celui-ci opta pour une protection différenciée selon
le sexe. Cette situation suscita la création de l'Open Door
International (1929) et de sa branche belge (Louise de Craene).
L'exposé a ensuite rappelé les activités du
Groupement belge de la Porte Ouverte, ses liens avec d'autres
associations féministes. Dans les années trente,
le climat de la crise économique était
généralement défavorable au travail des femmes.
La montée des régimes autoritaires qui postulaient le
retrait des femmes du marché du travail (les trois K, Kinder,
Küche, Kirch - enfants, cuisine, église), les mesures qui
frappaient le travail féminin dans les pays étrangers
(y compris dans les pays démocratiques) suscitaient des
inquiétudes de plus en plus vives chez les féministes
belges. Dès le début des années trente, une
série d'arrêtés royaux de crise limitèrent
le travail féminin. Deux revues étaient alors à
la pointe du combat pour défendre les femmes:
«Egalité» et «la
Travailleuse traquée».
La proposition du sénateur Rutten, déposée
au Sénat en février 1934, visant à contingenter
le travail des femmes mariées et à procurer ainsi du
travail à des chômeurs masculins, suscita un tollé.
Elle fut bloquée au Sénat.
Mais le 8 décembre 1934, le gouvernement Theunis prit un
arrêté dans le même sens. Ceci déclencha
une mobilisation intense: à l'appel du Groupement belge de la
Porte Ouverte, syndicats libéraux, socialistes, et organisations
de femmes manifestèrent massivement à Bruxelles.
Sous cette pression, le gouvernement retira l'arrêté et,
après une entrevue avec des représentantes des
organisations féministes, créa un conseil consultatif,
le Conseil Supérieur du travail féminin, chargé
d'examiner la question. Malheureusement la Seconde Guerre mondiale
interrompit cette première concertation.
Union européene:
rapport sur l'égalité entre les femmes et les hommes
Rapport de la Commission au Conseil, au parlement Européen,
au Comité Économique et Social Européen et au
Comité des Régions: quelques extraits relatifs aux
aspects économiques.
Introduction
Ce deuxième rapport sur l'égalité entre les
femmes et les hommes couvre pour la première fois l'Union
élargie à 25 États membres.
«L'égalité entre les femmes et les
hommes est renforcée par le nouveau traité
établissant une Constitution pour l'Europe. Outre les
dispositions de l'actuel Traité sur l'égalité
entre les femmes et les hommes, la Constitution présente
explicitement l'égalité comme une valeur de l'Union,
à promouvoir non seulement à l'intérieur de
l'Europe, mais aussi dans les relations que celle-ci entretient
avec le reste du monde.»
«La difficulté de combiner vie professionnelle
et familiale, partiellement due au manque de structures d'accueil
des enfants et à des conditions de travail insuffisamment
flexibles, incite les couples à retarder la naissance de
leur premier enfant, ce qui contribue au niveau peu élevé
des taux de fécondité dans la plupart des États
membres. En revanche, il apparaît que les États membres
qui mènent des politiques globales visant à concilier
vie professionnelle et familiale, tant pour les hommes que pour les
femmes, présentent des taux de fécondité plus
élevés ainsi qu'une participation plus importante des
femmes au marché du travail.»
Evolution de la législation
«En décembre 2004, le Conseil a adopté
la directive sur le principe de l'égalité de traitement
entre les femmes et les hommes dans l'accès à des biens
et services et la fourniture de biens et services. Cette directive
pose comme principe l'élimination des facteurs actuariels
établissant une différence entre les femmes et les
hommes.»
Evolution des écarts entre les femmes et les hommes
«On continue d'observer une tendance positive vers une
réduction des disparités entre les femmes et les hommes
dans les domaines de l'éducation et de l'emploi au sein de
l'Union élargie à 25, tandis que l'écart de
rémunération entre les femmes et les hommes reste
quasiment inchangé.»
«Les femmes sont toujours plus nombreuses que les
hommes à poursuivre leurs études. Le pourcentage des
femmes diplômées (ens. supérieur) est passé
à 58 % en 2003, en raison du niveau d'instruction
élevé dans les nouveaux États membres.
À l'exception des jeunes femmes de 15 à 24 ans, les taux
d'emploi des femmes continuent d'augmenter dans toutes les tranches
d'âge. La proportion d'emplois à temps partiel est en
moyenne de 30,4% chez les femmes pour seulement 6,6% chez les hommes.
Les taux de chômage sont de 10% pour les femmes et 8,3% pour
les hommes.»
«Les femmes ayant des enfants en bas âge
connaissent toujours un taux d'emploi très inférieur
(13,6 points) à celui des femmes sans enfants tandis que le
taux d'emploi des hommes ayant des enfants en bas âge
dépasse de 10 points celui des hommes sans enfants. Ces
chiffrent s'expliquent par un accès limité aux
structures d'accueil des enfants et par les stéréotypes
familiaux sexistes. Les femmes effectuent la plus grande part des
tâches domestiques et disposent dès lors de moins
de temps pour occuper un poste rémunéré. Les
hommes assument moins de 40% de l'ensemble des tâches
ménagères et entre 25% et 35% des tâches
liées à l'éducation des enfants dans les couples
dont les enfants ont moins de 7 ans.»
«L'écart de rémunération entre
les femmes et les hommes reste stable dans l'UE-15, à environ
16%. Les femmes ont bénéficié de tout le spectre
des politiques du marché du travail, notamment de mesures
spécifiques visant à développer et soutenir des
stratégies efficaces de garde d'enfants, des formes
d'organisation plus flexibles adaptées à
l'éducation et à la formation, ainsi que des
activités spécialement destinées aux femmes.
»
«Jusqu'à présent, les efforts visant
à promouvoir l'égalité des sexes ont
principalement porté sur les femmes. Or, les changements
en faveur des femmes ont également des conséquences
pour les hommes, car l'égalité des sexes concerne la
relation entre les femmes et les hommes, sur la base de
l'égalité des droits, des responsabilités et
des chances dans tous les aspects de la vie.»
Renforcer la position des femmes sur le marché de l'emploi
«Il est plus que jamais nécessaire de renforcer
la position des femmes sur le marché de l'emploi, de garantir
la pérennité du système de protection sociale
et de créer une société fondée sur l'inclusion.
»
Améliorer les services d'accueil des enfants et des personnes
dépendantes
«Le vieillissement de la population exige une adaptation
financièrement et socialement viable des politiques sociales.
La mise à disposition de services adéquats de
garde ou de soins demeure fondamentale pour permettre aux femmes
d'entrer sur le marché de l'emploi et d'y rester tout au long
de leur vie.»
Cibler les hommes pour atteindre l'égalité entre
les femmes et les hommes
«La promotion de l'égalité entre les
femmes et les hommes implique des changements tant pour les hommes que
pour les femmes. Par conséquent, il est essentiel que les hommes
et les femmes participent activement à l'élaboration de
nouvelles stratégies d'égalité des sexes.
»
Intégrer la prise en compte du genre dans les politiques
d'immigration et d'intégration
«L'intégration effective et responsable des
immigrants dans le marché du travail et dans la
société est l'un des facteurs clés permettant
d'atteindre les objectifs de Lisbonne. La prise en compte du genre
est absente, dans une large mesure, des politiques d'intégration,
ce qui empêche d'utiliser pleinement le potentiel des
immigrées sur le marché de l'emploi.»
Évaluer les progrès en matière
d'égalité entre les femmes et les hommes
«Le 10ème anniversaire de la plate forme d'action
de Pékin en 2005 est l'occasion, pour l'Union européenne,
de réaffirmer les engagements pris dans la déclaration
et la plate forme de la quatrième conférence mondiale
sur les femmes à Pékin en 1995 et de présenter
les résultats obtenus en matière d'égalité
des sexes depuis 1995. Cette évaluation se fonde sur une
série d'indicateurs clés élaborés en
partie dans le cadre des évaluations annuelles de la plate-forme
d'action de Pékin au Conseil et en partie par la Commission.
C'est également sur cette série d'indicateurs clés
que repose l'évaluation annuelle de la situation
présentée dans l'annexe au présent rapport.
La prochaine proposition de la Commission 18 sur la création
d'un institut européen pour l'égalité entre hommes
et femmes étendra les possibilités d'évaluation des
réalisations.»
Conclusions
«Le Conseil européen, se fondant sur le présent rapport consacré à l'égalité entre les femmes et les hommes,
est invité à demander aux États membres de poursuivre leurs efforts afin d'intégrer la dimension du genre dans tous
les domaines politiques en vue de parvenir à l'égalité entre les sexes.»
© Porte Ouverte 2007
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