GROUPEMENT BELGE DE LA PORTE OUVERTEpour l'émancipation économique de la travailleuse | |
Bulletin de janvier 2003Périodique mensuel d'information et d'opinion féministe; les articles signés n'engagent que la responsabilité de leur-s auteur-e-s. Nul(le) n'ignore que l'année 2003 sera, dans notre pays (et ailleurs), une année d'élections. Il est inutile de souligner que ce fait est d'une importance capitale; en effet, il s'agit d'attribuer des pouvoirs de décisions à des personnes et à des groupes et d'étendre l'accès des femmes à des niveaux de décision en vue d'arriver à une représentation paritaire entre hommes et femmes. Cette question fera l'objet de notre séance de rentrée avec des témoignages sur Des femmes et des élections : pièges et tremplins?Avec la participation d'une ancienne secrétaire d'Etat et sénatrice, une ancienne députée européenne, de députées fédérale, communautaire et régionales, mandataires communales et responsables d'associations ont été invitées : Mesdames DERRICHE, BEN ABDELKADER, THEUNISSEN, DERBAKI, VAN HEMELDONCK, COENEN, DEPAUW, DEVEEN, BACHIR, SAIDI. Cette séance aura lieu le JEUDI 23 JANVIER 2003 à 19 heures à AMAZONE, rue du Méridien, 10; 1210 Bruxelles. Entrée gratuite, la séance sera suivie d'un cocktail.
Une réflexion au sujet de la réunionNous souhaitons bénéficier de l'expérience des oratrices, nous apprécierons de pouvoir faire bénéficier notre public de votre expérience et de votre parcours dans la vie politique aussi bien en matière de difficultés rencontrées, d'interdits ou au contraire de soutiens, d'entraide, de «ficelles», d'appuis logistiques internes ou externes, etc. Finances et sportParlons de deux milieux spécifiques : les finances et le sport. Pour la Finance, il est bon que l'on puisse citer Madame Gaël Folser, économiste en chef de The Conference Board, premier institut privé de prévisions des Etats-Unis , qui fut nommée meilleure prévisionniste en 1999 et en 2000. (Le Soir des 26 et 27 octobre 2002)?????? : C'est un milieu puissant et fermé. Dans Livres Hebdo n° 492 (22/11/02), on lit que dans ce milieu, les femmes sont, autant qu'ailleurs, exposées au harcèlement sexuel et à la discrimination dans le travail et les salaires, comme le dénonce, chiffres terrifiants à l'appui, un livre récent de Susan Antilla, intitulé «Tales from the Boom Boom Room, Women versus Wall Street»; on note des différences notables de rémunération et des freins à l'avancement : chez Barney Smith et Merril Lynch, 2% des femmes contre 21 % des hommes ayant commencé comme stagiaires sont devenus agents de change, et l'enquête dénonce que 1853 femmes ont été victimes de harcèlement sexuel sous toutes les formes verbales et gestuelles. Côté sports, le Comité Olympique interfédéral vient d'organiser à Bruxelles une journée consacrée à la femme dans les structures sportives. Il a réuni des personnes actives dans le sport, des responsables politiques des sports et des représentant(e)s des différentes disciplines. Il importe de rappeler que le sport comporte des amateurs mais aussi des professionnels, et que les gens qui pratiquent le sport trouvent parfois ultérieurement des débouchés professionnels dans la presse, les médias, les commerces et l'industrie. Il importe que les athlètes reçoivent la même rémunération quel que soit leur sexe, que les femmes soient plus nombreuses parmi les arbitres et ne soient pas cantonnées dans les divisions inférieures; le 03 octobre 2002, un journal néerlandophone écrivait : «het zwakke geslacht zelden in topfuncties» (le sexe faible rarement dans les fonctions supérieures); n'oublions pas le rôle des sponsors (les «parrains») qui financent le sport. Lors du rally automobile des deux-chevaux à Francorchamps en 2002, il y avait une voiture «FOREM» conduite par une pilote professionnelle, Sylvie Delcourt, et la Ministre de l'emploi Maria Arena en personne, soucieuse par ce geste de montrer à tous les stagiaires du FOREM que les métiers masculins doivent être, eux aussi, accessibles aux femmes. Mais une photo du journal Le Soir du 25 octobre 2002 nous rappelle la réalité et le passé(?) :les vainqueurs actuellement en vie du Tour de France cycliste : ??? tous des hommes ! Il y a aussi la fonction d'entraîneur : on sait que beaucoup d'athlètes de sexe féminin ont des entraîneurs masculins. (nous ne parlerons pas d'entraîneuses, le féminin du mot ayant une connotation péjorative) : il faut qu'il y ait davantage d'entraîneures : on apprend qu'une ancienne championne de natation va devenir entraîneure, et l'on sait qu'une boxeuse est entraîneure à Liège. Toujours dans le domaine sportif, soulignons qu'il est nécessaire que les femmes exercent toutes les disciplines, participent à des épreuves mixtes (tir, ?), à des sports essentiellement physiques, (escalade par exemple), et à des compétitions à l'aide d'engins (sports automobiles ou de navigation), autant de domaines où il leur arrive de se distinguer particulièrement (Muriel Sarkani en escalade ou Ellen Mac Arthur en navigation). Il faut aussi signaler que les femmes exerçant la profession de kinésithérapeute soient affectées aux soins sportifs masculins dans leurs clubs. On s'excuse de donner ce qui peut apparaître comme des détails, mais il est important de souligner que dans les jeunes générations se manifeste une volonté des femmes d'exercer toutes les activités qui existent. Personalia P.O.Mme Gisèle De Meur, professeure à l'université libre de Bruxelles et membre du comité de notre Groupement, est co-auteure d'un livre intitulé : «L'analyse quali-quantitative comparée(AQQC-QCA)-approche, technique et applications en sciences humaines», éds "Académia-Bruylant". Ce livre est destiné aux étudiants et aux chercheurs en Sciences humaines et est le premier ouvrage en la matière. Madame De Meur, mathématicienne, fait des recherches notamment sur le genre et les mathématiques, et sur les mathématiques électorales. À propos des femmes ingénieures et scientifiquesUne des explications qu'on donne au sujet de la répartition des hommes et des femmes dans le métier d'ingénieur(e) et dans les disciplines scientifiques en général, est que les jeunes filles qui suivent dans leurs études secondaires des filières fortes en mathématique et en sciences se dispersent ultérieurement dans diverses options alors que la majorité des jeunes gens se concentrent dans les branches scientifiques dans leurs études ultérieures. On dirait que la femme soit une cible privilégiée pour les antiféministes. C'est ainsi qu'on se rappellera que le meurtrier de quatorze femmes à l'école polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989 visant expressément des femmes «sortant de leur rôle» et ce féminicide professait ouvertement des idées antiféministes. Ce drame a eu pour effet de faire modifier la législation du pays sur les armes à feu mais les antiféministes sont-ils pour autant désarmés ? «Vous le voyez bien : c'est partout la même chose»...dit-on volontiers quand on essaie d'amener les féministes à décrocher de leurs convictions et de leur militantisme. Et on nous mettra sous le nez une statistique venant de Norvège, par exemple. Ce pays, en effet, ne fait pas partie de l'Union européenne mais la situation des femmes au niveau des postes de décision est comparable à ce qu'on constate chez nous. La Norvège sera-t-elle le premier pays à imposer des quotas tendant à la parité des hommes et des femmes dans les conseils d'administration? Le gouvernement accorde 12 mois aux conseils d'administration des entreprises publiques pour se mettre en règle à ce sujet et 2 ans supplémentaires pour les entreprises privées. Mais, pour le moment, on est loin du compte, 7 % de femmes siègent dans les conseils d'administrations. Cette constatation ne nous amène pas à nous soumettre à la théorie du caractère naturel de l'inégalité entre les personnes des deux sexes. Bien au contraire, cette constatation nous amène à renforcer un féminisme sans frontières. À propos de l'enseignementFeu le professeur Sylvain Decoster (de l'Université libre de Bruxelles) qui s'intéressait beaucoup aux mécanismes de l'ascension sociale; il y a plus ou moins un quart de siècle, constatait que l'ascension sociale des hommes se faisait par les études et celle des femmes par le mariage. Le vaincu de Waterloo, le nommé Bonaparte, dont les successeurs ont, malgré sa défaite, imposé son code aux femmes pendant des décennies et des générations professait que «les femmes n'ont pas d'état»; elles n'en avaient apparemment pas moins d'ambitions sociales puisque, mariées, elles portaient, comme un étalage ambulant, le titre professionnel de leur mari; on entendait le titre académique de Frau doktor pour l'épouse d'un universitaire; en français, la pharmacienne, la notairesse et l'ambassadrice étaient les épouses d'un pharmacien, d'un notaire et d'un ambassadeur au point qu'il a fallu forger d'autres termes pour les femmes qui exercent elles-mêmes ces fonctions; il en était de même ainsi pour les titres militaires. Actuellement, la promotion sociale des femmes se fait aussi par leurs études, comme c'est le cas pour les hommes. Mais il serait intéressant de savoir si, dans certains milieux, les filles reçoivent les mêmes incitations que les garçons pour faire des études et si les femmes jeunes ou moins jeunes et déjà engagées dans la vie et ayant des charges familiales profitent comme les hommes des chances offertes par l'enseignement de promotion sociale. Ou bien sont-elles plus que les hommes handicapées par les difficultés de mobilité ou les horaires, par exemple, et peut-être encore davantage pour l'intégration d'une culture du sacrifice à autrui ? © Porte Ouverte 2007 |