Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002), nièce de Charles de Gaulle, fut résistante dès juin 1940 ; elle a multiplié les actions de renseignement et d’information, notamment au sein du réseau Défense de la France. Arrêtée à la suite d’une trahison dans une souricière elle fut déportée en 1944 au camp de Ravensbrück. En octobre 1944, elle est placée en isolement au «bunker» du camp, décision prise afin de l’utiliser comme monnaie d’échange, à une époque où Charles de Gaulle gouverne la France libérée. Elle a tiré de cette expérience «La Traversée de la nuit».
Après la guerre, elle fut membre active puis présidente de l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance, et s’est engagée dans le Mouvement ATD Quart Monde, dont elle préside la branche française de 1964 à 1998. En 1987, elle témoigne sur la barbarie nazie lors du procès de Klaus Barbie. Nommée en 1988 au Conseil économique et social, elle se bat pendant dix ans pour l’adoption d’une loi d’orientation contre la grande pauvreté. La loi fut votée en 1998.
Germaine Tillion (1907-2008) fut une résistante et une ethnologue française. Elle a reçu le prix Pulitzer en 1947, pour ses actes héroïques durant la Seconde Guerre mondiale. Le grade de commandant dans la Résistance lui fut attribué. En 1943, elle fut déportée sans jugement au camp de Ravensbrück. Auparavant, elle fut ethnologue et fit des missions dans l’Aurès. En 1945, elle réintègre le CNRS, où elle va se consacrer à des travaux sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale (enquête sur les crimes de guerre nazis).
En 1955, membre du cabinet du gouverneur général chargé des affaires sociales et éducatives à Alger, elle élabore avec d’autres le projet des Centres sociaux en faveur de paysans algériens devenus citadins précaires. En 1959, dans le cabinet du ministre de l’Éducation nationale, elle s’occupe de la question de l’enseignement dans les prisons en France, alors quasi inexistant. Elle s’engage particulièrement pour l’émancipation des femmes de Méditerranée qui doivent par obligation économique avoir beaucoup d’enfants mais aussi privilégier les fils. Son livre Le Harem et les cousins (1971) suscite des réactions hostiles dans le monde musulman. De même, sa prise de position contre l’excision en 1979, perçue par certains comme «colonialiste». Elle s’engage aussi au sein de l’Association contre l’esclavage moderne.
En 2014, le président François Hollande a annoncé le transfert au Panthéon des dépouilles de ces deux grandes dames. Cependant, leurs familles ont demandé qu’elles ne soient pas séparées des familles.