Assemblée générale de 2011 – Autres résolutions
Droits génésiques des femmes et indépendance économique
Parler de droits génésiques des femmes consiste à évoquer les droits et les contraintes spécifiques liées aux particularités de sexe et aussi à celles du genre1. Les contraintes liées au sexe féminin et à son corollaire, la maternité, pénalisent les femmes tant dans le monde du travail qu’en matière éthique, allant parfois jusqu’à restreindre la libre disposition de leur corps.
En ce qui concerne leur place dans le domaine professionnel, mais aussi social, plusieurs dispositions légales existantes ou en projet, complétées par des conceptions stéréotypées sur le rôle de chaque sexe et sur les impératifs attribués au genre féminin, limitent indirectement les droits des femmes vers l’égalité avec les hommes.
Le Groupement belge de la Porte Ouverte («P.O.») demande instamment que des dispositions significatives en termes d’impact financier et de changement des mentalités et des rôles soient reprises dans la prochaine déclaration gouvernementale.
En ce qui concerne le domaine professionnel:
- Statu quo en matière du nombre de semaines de congé de maternité: 15 semaines; prise de position auprès de la Commission européenne en ce sens au nom de la Belgique.
- Extension du congé de paternité à tous les types de travailleurs y compris les indépendants.
- Meilleure rémunération de ces congés pour les rendre attractifs pour les hommes.
- Octroi de ce congé lors de la naissance et de l’adoption de chaque nouvel enfant.
- Obligation de prendre ce congé de paternité à la naissance du bébé2.
- Campagnes de sensibilisation et incitants pour changer les mentalités en matière de partage des tâches familiales afin de mieux concilier vie professionnelle et familiale.
- Travail avec les partenaires sociaux, afin de trouver des moyens pour améliorer la combinaison des deux responsabilités et ce pour les 2 parents.
- Campagnes de sensibilisation vers les employeurs pour montrer les avantages de l’aménagement des conditions de travail.
En ce qui concerne les domaines éthique et économique
Le GB de la PO demande:
- que des campagnes de sensibilisation soient menées pour «dédiaboliser» l’avortement et pour fournir toutes les informations nécessaires pour pouvoir y accéder;
- que les jeunes soient mieux informés, dans le cadre de l’école, des possibilités offertes en matière de contraception et d’avortement;
- que les médecins qui invoquent des cas de conscience respectent l’obligation de transférer les cas de demandes fermes vers un autre médecin;
- que toutes les instances politiques et d’influence réaffirment pour la femme, la libre disposition de son corps quelle que soit sa nationalité ou son origine ethnique; que tout manquement à ce droit humain et universel soit spécifiquement puni;
- que soit amélioré le remboursement des contraceptifs, notamment en faveur des jeunes filles.
ANNEXES: Les considérants
De nombreux arguments militent en faveur des positions ci-dessus.
1. Quant aux femmes en âge de procréer
1.1. Dans le domaine professionnel
L’employeur peut avoir des préjugés et des suspicions quant aux futures maternités et absences qui y sont liées.
A ce propos, les projets concernant la durée des congés de maternité et leurs rémunérations font problème.
En octobre dernier, le Parlement européen a voté en faveur de l’allongement du congé de maternité jusqu’à 20 semaines de durée minimum et pour l’instauration d’un congé de paternité obligatoire de minimum 2 semaines consécutives non transférables à la mère, les deux étant rémunérés à 100%.
Pour rappel, les femmes belges ont quinze semaines avec rémunération variable, durée qui les pénalise déjà dans nombre de situations professionnelles ce qui rend indispensable de répartir l’effort patronal sur les deux parents (via congé de paternité).
En Allemagne le congé est de 14 semaines avec un salaire maintenu à 100%;
En Suède, il est aussi de 14 semaines mais prend la forme de «congé parental»
En cas d’allongement de quinze à vingt semaines, nous entrevoyons des conséquences qui pourraient influencer négativement l’emploi et la carrière des femmes. En effet, des problèmes peuvent se poser en ce qui concerne:
- Le retour au travail.
- La réinsertion de femmes qui ont allongé leurs congés pour élever de petits enfants et le faible taux des allocations de chômage qu’elles percevront en chômage de longue durée.
- L’impact du cumul éventuel des divers congés thématiques accessibles (allaitement, parental).
- Le recours au travail à temps partiel, avec les conséquences financières immédiates et à terme sur la pension.
- L’accentuation des différences de salaires.
- Le ralentissement de l’octroi de subsides pour la création de structures d’accueil suffisantes; de services de garde à domicile des enfants malades.
- Le ralentissement de votes de réglementations facilitant l’accès à des services d’aide ménagère à domicile à prix abordable.
- La prise en charge des personnes âgées ou dépendantes dans le cercle familial.
- L’accentuation des discours prônant le rôle de la femme et de la «bonne mère» entièrement consacrée au seul bon développement de son enfant. A ce sujet, lors du débat au parlement européen, des eurodéputées ont souligné le risque de stigmatisation accentuant le stéréotype de la mère «maternante» et le report du changement de rythme et du fardeau de la double journée. Une eurodéputée belge remarquait d’ailleurs que «protéger les femmes, c’est avant tout ne pas créer les conditions de nouvelles discriminations à l’embauche et au retour au travail».
- Le possible renforcement de distanciation du père par rapport au petit enfant.
- Le choix ou l’obligation d’accepter un emploi dans des secteurs dévalorisés, peu payés mais à moindre responsabilité et à horaire plus facilement adaptable à l’enfant et à la vie de famille.
1.2 En matière éthique et de droit à la liberté de disposer de soi
Nous identifions les difficultés suivantes:
- Difficultés d’accès aux moyens de contraception ou restriction à ceux-ci en raison de prescrits religieux ou culturels.
- Difficultés d’accès à l’avortement libre et aux structures qui le pratiquent.
- Influence des mouvements «pro-vie» qui reprennent de la vigueur dans plusieurs pays occidentaux, ainsi que dans les milieux religieux.
- Influence des courants politiques natalistes et de la parentalité multiple, du type famille nombreuse.
2. Quant aux personnes de sexe féminin en général
Des contraintes liées au sexe et au genre superposées militent aussi en faveur des politiques prônées supra.
2.1 Dans le domaine professionnel
- Les grands principes de solidarités familiales envers les parents âgés ou handicapés reposent souvent sur les femmes qui adaptent alors leur parcours professionnel en conséquence (voir plus haut).
- La double journée de travail et les freins à la conciliation des vies professionnelle et familiale par les deux parents.
- Le choix de filières de formation ou le choix d’emploi dits traditionnellement féminins, correspondant à des secteurs moins bien rémunérés et moins valorisés, entre autres parce que considérés comme liés à la fonction maternelle et/ou d’éducation des enfants.
2.2 Dans les domaines éthique et culturel
- Le rôle des médias et de la publicité: thématiques choisies, images de femmes objets et séductrices, de femmes superficielles…
- Les savoir-faire acquis dans la sphère familiale ne sont ni reconnus ni valorisés.
- La persistance des notions de «chef de ménage» et de «traitement d’appoint» pour la rémunération de la femme.
- Le rôle majeur des femmes dans le bénévolat et la louange du concept de «dévouement».
- Les conséquences de la violence et de l’intimidation par certains partenaires.