Virginité

La revue «Secouez-vous les idées» n° 79 de novembre 2009 (www.cesep.be) reprend le texte de l’intervention de la gynécologue Françoise Kruyen lors du colloque présenté sur le thème«A qui appartient le corps des femmes». La gynécologue se dit régulièrement sollicitée en matière d’hymen et de virginité, que ce soit dans le cadre de certificat médico-légal lié à un viol dénoncé par la patiente ou son entourage, ou à la suite d’une demande de certificat de virginité exprimé par une jeune femme de sa propre initiative, ou à la demande d’un TIERSou encore dans le contexte d’une demande de plastie de «réfection» de l’hymen.

Historiquement l’importance de la virginité prénuptiale n’était pas spécifique au monde musulman et l’Eglise catholique avait également conféré une valeur mystique à la virginité. Bien que le Coran n’en parle pas textuellement, des interprétations du texte ont fait émerger la notion «d’honneur» et dans ces types de sociétés patriarcales, les femmes sont instituées principaux agents d’application des préceptes et des normes. En situation d’immigration le modèle familial traditionnel se trouve fragilisé et les femmes se trouvent prises au PIEGE de la solidarité familiale et de la nécessité de défendre une identité culturelle COLLECTIVE. Il y a une vingtaine d’années chez nous, les filles issues de l’immigration maghrébine n’hésitaient pas à jouer un rôle hors de la famille et à occuper l’espace public. Le chômage et la précarité ont modifié la situation: l’inactivité des PERES (à la retraite ou licenciés), le manque de perspective d’emploi pour les fils, leur décrochage scolaire et leur marginalisation, ont concouru à la dégradation de la situation sociale de ces familles.

La première conséquence en fut le renforcement du contrôle exercé sur les filles par les hommes (pères et surtout frères) avec d’autant plus de sévérité que le statut des hommes à l’extérieur du foyer était contesté ou dévalorisé (NDLR: Karl Marx disait aussi que la femme est le prolétaire de l’homme!). L’honneur de la famille repose alors quasi exclusivement sur «l’honneur» des filles, donc leur virginité et leur soumission aux règles patriarcales?pire encore, la virginité des filles semble devenir l’emblème de l’honneur et même de la virilité des garçons! On connaît des exemples tragiques où cette perception du «déshonneur familial» a conduit jusqu’à l’assassinat de la malheureuse femme coupable de virginité perdue… Nous évoquerons dans une prochaine circulaire les réactions de gynécologues et des mouvements féministes islamiques.

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