Bien loin de la parité, le système éducatif français développe une fracture sexuée qui est en passe de devancer la fracture sociale. Selon JL Auduc, les filles réussissent mieux que les garçons. Quel que soit le niveau scolaire, les résultats des filles dépassent ceux des garçons. En fin de parcours, 47% des filles obtiendront un diplôme du supérieur contre 37% des garçons. Il est même établi que les filles issues de catégories sociales classées comme défavorisées réussissent nationalement aussi bien ou mieux en lecture ou au baccalauréat que des garçons issus de catégories sociales caractérisées comme favorisées.
Parallèlement à cette évolution, on assiste à une spécialisation sexuée des filières. Dans le post bac, les filles fournissent 80% des étudiants des formations sociales, mais seulement 26% des futurs ingénieurs et 24% des étudiants en université de technologie.
Ces écarts reflètent l’importance des stéréotypes sexués. «Quand ils se jugent très bons en français, seul 1 garçon sur 10 va en section littéraire (contre) 3 filles sur 10. Quand ils se jugent très bons en maths, 8 garçons sur 10 vont en section scientifique (contre) 6 filles sur 10». Du coup les filles ont plus de mal à s’insérer socialement. Elles sont moins nombreuses à travailler et moins représentées dans les emplois d’encadrement.
Dans l’ensemble, le système éducatif s’est peu penché sur une mixité qui puisse offrir ses chances à tous. Faut-il comme on l’entend parfois, séparer les sexes systématiquement? Toutes les études menées dans les pays anglo-saxons concernant les classes séparées garçons-filles pour l’ensemble des apprentissages scolaires montrent qu’elles n’améliorent en rien les résultats scolaires des garçons et ne diminue pas leur décrochage scolaire. Ces classes séparées renforcent les stéréotypes sexuels, encouragent l’ignorance et le préjudice envers l’autre sexe, accentuent les différences dans l’éducation.