Le jeudi 23 avril, les Femmes Prévoyantes Socialistes organisaient sur le campus de l’Université Libre de Bruxelles un colloque autour du thème «à qui appartient le corps des femmes?» Bien souvent érigé en «objet», tantôt «prisé», tantôt «méprisé» à la faveur des canons masculins, il est bien plus rare de le consacrer comme «objet d’étude». Il y a pourtant beaucoup à dire? et à faire afin de favoriser le respect et la liberté des femmes et de leurs corps.
Dans les années 70′, les femmes clamaient: «Mon corps m’appartient», revendiquant la liberté de porter ou non des enfants quand et si elles le décidaient. Pour faire le point: les femmes ont-elles acquis, au même titre que les hommes, la maîtrise et la responsabilité de leur sexualité, de leur santé, de leur capacité reproductive? Réponse mitigée?
Dominique Plasman, secrétaire générale des FPS, parle du malaise généré par l’usage du corps des femmes dans un contexte d’économie néolibérale où se côtoient les marchés lucratifs de la prostitution, de la traite des êtres humains, de la pornographie et celui de la publicité usant du corps des femmes. L’appropriation violente du corps d’autrui, majoritairement exercée par les hommes sur les femmes ou encore l’instrumentalisation exercée par le pouvoir politique ou religieux sur les femmes et leurs corps dans de nombreuses régions du globe sont autant de prises de pouvoir sur le corps des femmes, de refus de l’égalité, de déni de la dignité des femmes et des hommes, et de leur liberté?
Michela Manzano, chercheuse à l’Université Paris Descartes, présentait «Marchandisation et instrumentalisation du corps des femmes: pornographie, prostitution, consentement». Une croissante confusion entre liberté et libération, entre liberté individuelle et confrontation à de nouveaux conformismes (émanant par exemple de la sphère pornographique) produit une forme larvée de violence de genre, l’imposition d’un modèle sociétal, qui plus est dénigrant et vulgaire.
D’autres interventions sur «Les contraintes du genre dans la chirurgie esthétique» et celui de la gynécologue Françoise Kruyen qui évoque la réfection de l’hymen. Deux univers radicalement opposés? C’est une norme culturelle genrée qui s’impose au corps des femmes. Le procédé de la chirurgie esthétique est chargé de violence symbolique, à travers un discours de médicalisation et de pathologisation de ce qu’il définit comme la «laideur». La gynécologue souligne combien la question de l’hymen est voisine de celle des violences intra familiales qui guettent celles qui dérogent à la norme. Fragilisées par le déracinement culturel, certaines familles surinvestissent ces questions où l’honneur est en jeu. Dans ce cadre, Françoise Kruyen en appelle à une prise de conscience des gynécologues envers leur rôle, pour la sécurité de ces jeunes filles.
Tant que les femmes n’auront pas compris et appris à se défendre physiquement elles-mêmes, elles seront toujours perçues comme plus faibles, sans défense, si ce n’est sous la protection d’un mari, d’un compagnon.
Quelques échos: http://www.reseauviolences.be/actualite.php?NewsId=42 http://www.ifeelgood.be/Ifeelgood/Themes/reportage-photos-latitude-jeunes-reporters.htm. Ou encore l’étude et la campagne de sensibilisation à l’égalité dans les relations amoureuses des jeunes: http://www.aimersansviolence.com/fr/mythes/