Patricia Romito a publié il y a quelques mois aux éditions Syllepse un ouvrage intitulé «Un silence de mortes, la violence masculine occultée»,
Elle y montre qu’aussi bien les petites filles abusées par leur père que les femmes maltraitées par leur mari étaient encore, il n’y a pas si longtemps, traitées de menteuses ou de mythomanes. Actuellement, la presse fait état de cas très médiatiques, présentés isolément et à condition que les auteurs y apparaissent au coeur d’une situation d’exception parce que sous l’emprise d’émotions incontrôlable («il l’aimait trop et ne voulait pas la perdre») ou au contraire malade d’une absence pathologique des dites émotions.
Toute une série de professions (des psychologues aux avocats, en passant par les travailleurs de la santé) s’est emparée de ces cas faisant la part belle à une stratégie consistant à médicaliser et professionnaliser le phénomène. Des thèses en vogue pour défendre les auteurs comme celle du «syndrome d’aliénation parentale» est très en phase avec la montée des lobbies de pères divorcés ou séparés qui organisent la défense des hommes accusés d’inceste ou des hommes «injustement accusés» de violence; le concept d’«incapacité à protéger» accuse les mères qui n’ont pu épargner à leurs enfants les violences d’un père,
Des «experts», des cinéastes ou des écrivains osent même défendre la pédophilie au nom de «l’amour entre enfants et adultes» ou comme une belle initiation à la sexualité. À côté d’eux, il y a Monsieur ou Madame Tout-le-monde ou ceux et celles qui ne peuvent pas y croire et admettre que ce soit si courant ou alors «dans certains milieux»; ainsi s’additionnent toute une série de mécanismes parvenant à occulter l’ampleur de la violence masculine et à éviter de prendre des mesures qui pourraient l’empêcher,