Le journal Le Soir publiait récemment une analyse du vécu de plusieurs femmes exerçant dans des milieux professionnels dits masculins (garage, bâtiment, ébénisterie). La carrossière travaille dans le bureau d’un garage; la carreleuse a travaillé deux ans sur chantier et puis s’est arrêtée dégoûtée par les incessantes blagues salaces et les «approches» de ses collègues masculins; en ébénisterie, une seule fille en classe et l’entourage ne comprenait pas ce qu’elle faisait «là». En Wallonie, 7500 postes sont à pourvoir annuellement dans la construction, pourtant l’IFAPME (Institut de Formation en Alternance) n’a jamais vu une seule fille en maçonnerie et les entrepreneures recrutent dans les pays de l’Est.
Une spécialiste en sociologie du travail constate que, bien que le marché du travail se soit féminisé depuis 1970, les progressions se sont faites via des professions déjà féminisées comme les soins aux personnes, l’enseignement, les services alors qu’une «carreleuse ou une maçonne reste un phénomène». Le taux d’emploi féminin reste toujours inférieur à celui des hommes car «tout est bétonné dans la société quand on considère que la moitié féminine du monde doit s’occuper de cette activité passionnante mais contraignante de s’occuper des enfants.» Les pionnières dans les secteurs non traditionnels ont vécu des difficultés et un manque de considération ainsi que subi le poids des stéréotypes, facteurs qui les ont désillusionnées et ont stoppé le progrès en ce sens.
L’indifférenciation des sexes dans le travail n’aurait pas un avenir prometteur étant donné que «les gens redoutent l’indifférenciation».