Alors que à notre époque et dans nos régions, beaucoup de professions tendent à la mixité hommes – femmes certains métiers se caractérisent encore par une présence déséquilibrée de personnes d’un des deux sexes. Les soins aux personnes sont un secteur dans lequel les femmes demeurent largement majoritaires malgré la présence d’infirmiers, techniciens de laboratoire, aides soignants, etc.. Il en est de même pour les personnes s’occupant de la petite enfance : puéricultrices et institutrices «maternelles», gardiennes privées, sont infiniment plus nombreuses que les hommes, tandis que les femmes ne forment qu’une part infime dans les pers métiers de la construction.
C’est aussi le cas pour les marins, ce qui est mis en lumière dans une monographie consacrée aux femmes marins par le Bureau international de Travail «Women seafarers» (voir revue du BIT, n°49, décembre 2003).
Faisons deux remarques préalables:
- L’histoire garde le souvenir de femmes marins célèbres qui ont vécu à diverses époques et dans des régions variées; la plupart du temps ces femmes prenaient une identité masculine, certaines embarquaient seules tandis que d’autres accompagnaient un membre masculin de leur famille.
- On se permettra de souligner au passage la trivialité de certains arguments utilisés naguère par ceux qui interdisaient la présence de femmes dans les équipages : la promiscuité en raison de l’exiguïté des espaces destinés à certains locaux.
L’étude du BIT insiste sur le caractère pénible de la plupart des travaux de l’équipage, des horaires et sur la rudesse du monde marin. Il y a aussi les longues absences.
Indépendamment des manoeuvres proprement dites, il y a aussi des postes à pourvoir pour les communications. On observe une pénurie de personnel notamment parmi les officiers mais les chances d’avancement semblent réduites pour les femmes. Très souvent, les corvées les plus pénibles et les plus sales sont «confiées» aux femmes.
Le travail diffère selon la nature des voyages; il y a le transport des marchandises mais aussi les bateaux de croisières sur lesquels tout un personnel hôtelier doit servir les passagers, les ferries qui transportent des trains. Certains navires font des escales fréquentes ou du cabotage, certains font de longues traversées. Il faut aussi rappeler qu’il existe une flotte dans le cadre de la défense nationale.
L’ouvrage démontre que la plupart des femmes de la marine ont des emplois subalternes, sans beaucoup d’avenir, et qu’en outre, minoritaires, elles sont en butte au harcèlement moral et sexuel. De plus, leurs collègues masculins mettent souvent leurs compétences en doute. Il importe que dans la formation de tout le personnel, l’égalité hommes-femmes soit enseignée. Ce n’est que lorsqu’il y aura un nombre suffisant de femmes dans ce secteur que l’égalité hommes femmes sera acquise.
Ce que nous, les féministes, réclamons, il est bon que cela soit déclaré et appliqué par «l’autorité».