Feu le professeur Sylvain Decoster (de l’Université libre de Bruxelles) qui s’intéressait beaucoup aux mécanismes de l’ascension sociale; il y a plus ou moins un quart de siècle, constatait que l’ascension sociale des hommes se faisait par les études et celle des femmes par le mariage.
Le vaincu de Waterloo, le nommé Bonaparte, dont les successeurs ont, malgré sa défaite, imposé son code aux femmes pendant des décennies et des générations professait que «les femmes n’ont pas d’état»; elles n’en avaient apparemment pas moins d’ambitions sociales puisque, mariées, elles portaient, comme un étalage ambulant, le titre professionnel de leur mari; on entendait le titre académique de Frau doktor pour l’épouse d’un universitaire; en français, la pharmacienne, la notairesse et l’ambassadrice étaient les épouses d’un pharmacien, d’un notaire et d’un ambassadeur au point qu’il a fallu forger d’autres termes pour les femmes qui exercent elles-mêmes ces fonctions; il en était de même ainsi pour les titres militaires. Actuellement, la promotion sociale des femmes se fait aussi par leurs études, comme c’est le cas pour les hommes.
Mais il serait intéressant de savoir si, dans certains milieux, les filles reçoivent les mêmes incitations que les garçons pour faire des études et si les femmes jeunes ou moins jeunes et déjà engagées dans la vie et ayant des charges familiales profitent comme les hommes des chances offertes par l’enseignement de promotion sociale. Ou bien sont-elles plus que les hommes handicapées par les difficultés de mobilité ou les horaires, par exemple, et peut-être encore davantage pour l’intégration d’une culture du sacrifice à autrui ?