Éditorial

Même si la question peut sembler éloignée de notre préoccupation concernant le droit des femmes au travail professionnel, nous revenons sur l’enquête socio-économique 2001; la dite enquête suscite plus que des vagues dans l’opinion et les médias. Le Groupement, lui, a depuis plus d’un an réclamé du ministre compétent la suppression de la question, posée à toutes les femmes de plus de 14 ans, au sujet de la naissance de leur premier enfant.

Cette indiscrétion sexiste relaie et amplifie les investigations que beaucoup de femmes rencontrent lorsqu’elles sollicitent un emploi.

A ce titre, cette affaire concerne les féministes.

Mais il y a même davantage; alors que les vagues dans la presse se rapportent essentiellement à des craintes fiscales relatives à la discrétion des fonctionnaires qui procéderont au dépouillement nous nous inquiétons de la non-confidentialité de l’expédition et du renvoi des questionnaires individuels aux bons soins de la personne de référence ( sans doute, dans la plupart des cas, le chef de ménage ou le Pater familias ).

Posée à des mineures, la question qui suscite notre ire est contraire au black out dont on couvre les activités des personnes âgées de moins de 18 ans (protection de la jeunesse).

Dans une famille, dans un ménage, comment se protéger de la curiosité des autres membres de la famille (les formulaires qui traînent, une seule enveloppe collective gratuite pour l’expédition des réponses). Il y a la curiosité mais il y a aussi un risque certain de violence. Qui le saura jamais?

Il nous reste à faire une remarque générale. On sait, par les travaux des historiennes, quelle fut la lutte sourde dans les partis politiques pour retarder le droit de vote des femmes. L’affaire que nous traitions n’est-elle pas un épisode de cette lutte? Le ministre responsable de l’enquête ne mine-t-il pas sourdement les efforts faits et récemment renouvelés par la ministre qui combat les violences intrafamiliales. Ce n’est pas un incident propre à un gouvernement de coalition mais l’un est un simple ministre et l’autre une vice présidente du gouvernement.

Voilà bien une longue réflexion quand on cherche à décrypter le sexisme qui apparaît dans une question très brève. C’est la raison pour laquelle votre éditorialiste, qui en a assez écrit, refusera de répondre à la question.

Adèle Hauwel

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