Musulmane pratiquante, avocate de la laïcité, Dounia Bouzar s’oppose fermement à la burqa. «Le voile intégral est une création des salafistes! Ils ont matérialisé leur discours de secte avec ce drap noir qui recouvre les femmes, et ils imposent ainsi leur propre définition de l’Islam, vieux, lui, de quatorze siècles!». Inlassablement, Dounia Bouzar, spécialiste de l’Islam, ancienne chargée de mission pour l’application de la laïcité, explique sa position sur le débat autour de la burqa. Cette docteure en anthropologie, qui a entamé des études universitaires en 2001 après avoir donné naissance à trois filles et seize ans passés sur le terrain à Roubaix et Tourcoing comme éducatrice, connaît bien le sujet.
«Oui, il faut une loi, comme en Belgique, qui ne stigmatise pas les musulmans, mais qui interdise tout ce qui cache publiquement l’identité d’une personne, casque, cagoule ou voile. Si on ne fait rien, la burqa va se banaliser, et dans dix ans, quand on verra une femme voilée, on dira: «Voilà une musulmane?, alors que ça n’a rien à voir!». Dans son dernier livre, «La burqa ou la République» (Albin Michel), elle rappelle que la burqa, création moderne, a soixante-dix ans à peine. Et qu’on est sans cesse dans l’amalgame entre intégristes et musulmans, d’où la difficulté des pouvoirs publics à traiter le problème. «Le mot secte signifie ‘suivre’ et ‘séparer’, dit-elle, lorsque le mot religion veut dire ‘relier’». Je ne porte pas le voile, et ma religion ne regarde que moi». Plus d’infos sur le site du Monde.