Hommage à Marie Popelin

Action de suffragettes renversant une urne dans un bureau de vote au temps où les femmes ne pouvaient pas voter

La Cour de cassation du Palais de Justice de Bruxelles a résonné le 6 mars 2009 des discours du Premier Président de la Cour de cassation, des autorités du monde judiciaire et d’avocats belges et étrangers qui, profitant de l’hommage posthume rendu enfin à Marie Popelin, ont souvent déploré, statistiques à l’appui, combien les femmes ont encore à se battre pour faire reconnaître leur droit élémentaire à la parité, l’égalité des chances ou simplement de revenus égaux pour le même travail.

Une ancienne candidate à la présidence du Bénin, avocate elle aussi, a retracé les embûches inouïes auxquelles elle a dû faire face. Elle a fait vibrer la salle par sa volonté de continuer ses combats. Mais nous étions toutes là, de la féministe de base à la secrétaire d’Etat, en passant par toutes celles qui ont fait de leurs revendications égalitaires le slogan de leur vie, dans une euphorie douce-amère, pour rendre un peu justice – et l’endroit était propice – à la première femme docteur en droit de Belgique et la première à demander sans succès à être admise à la profession d’avocat. Intéressante exposition aussi de caricatures, photographies et illustrations, et apposition dans le couloir des avocats d’un bas-relief réalisé par l’avocat de La Palud. Il représente Marie Popelin devant le Palais de Justice (issu des collections de l’ULB).

En disponibilité à 37 ans, Marie Popelin entama des études de droit à l’ULB. Malgré la qualité des défenseurs qui plaidèrent son admissibilité devant la Cour d’Appel en 1888 (Me J. Guillery, deux fois Bâtonnier, Député, futur Ministre d’Etat, et Me L. Frank, jeune avocat brillant), l’arrêt de la Cour d’appel considéra que:«?la réserve inhérente à son sexe, la protection qui lui est nécessaire, sa mission spéciale dans l’humanité, les exigences et les sujétions de la maternité? la direction du ménage?, la placent dans des conditions peu conciliables avec les devoirs de la profession d’avocat et ne lui donnent ni les loisirs, ni la force, ni les aptitudes nécessaires aux luttes et aux fatigues du Barreau».

Relief de Marie Popelin

Marie Popelin, à 42 ans, était célibataire et sans enfant! Révoltée, Marie Popelin fonda en 1892 la Ligue belge des Droits des Femmes, avec Isala Van Diest, la première femme-médecin de Belgique et Hector Denis, recteur de l’ULB, L. Frank et C. Devos, ses avocats devant la Cour d’Appel et la Cour de Cassation, et H. Lafontaine, avocat qui sera prix Nobel de la Paix.

En 1905, en contact avec des associations étrangères, elle fonda le Conseil national des Femmes, qui existe toujours, et décéda à Ixelles 1913, épuisée par ses luttes et ses regrets professionnels. La loi autorisant les femmes à devenir avocat, pourtant introduite par Emile Vandervelde déjà en 1902, deux fois refusée, fut votée en 1922. D’autres manifestations en son honneur auront lieu cette année comme une comédie musicale à l’espace Delvaux les 8 et 9 mai.

Remerciements à notre membre, l’avocate Daniela Coco, instigatrice de cette manifestation, pour ses informations documentées et son attachement à notre Groupement qui a fait un discours étonnant sur l’époque et le parcours de vie de Marie Popelin et de ses sœurs.

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