Marie-Christine: l’adieu des siens

Je voudrais d abord vous remercier au nom de maman, papa, Renaud et moi d’être là. Nous ne nous attendions pas à vous voir aussi nombreux, en recevant vos marques de sympathie durant cette semaine nous avons découvert le rayonnement qui émanait de maman et combien elle pouvait toucher les gens.

Aujourd’hui nous disons au revoir à une femme, épouse et mère. Une femme avec un grand F, de ce genre de femmes qui font comprendre aux hommes qu ils ne sont après tout pas la composante principale de l’humanité. Une Femme de caractère et de convictions qui avait besoin de combats pour se réaliser, que ce soit dans la laïcité ou dans le féminisme.

Maman tu es entourée ici de tout ceux que tu as marqués sans parler de ceux qui n ont pu se joindre à nous. Maman tu es le ciment d une famille de 3 gars fiers comme des coqs qui s’aiment énormément et juste de façon évidente, sans se le dire. Nous t’aimeront toujours plus que tout, tu nous as imprégnés de tes convictions tu as fait de nous des hommes heureux, avec papa vous nous avez donné les outils pour être des êtres bons, humains simplement. Nous sommes fiers de t’avoir comme mère et épouse. Dorénavant, ton absence s’instillera dans les milles choses qui forment notre quotidien et directement nos pensées se ramèneront à toi, amers d’abord à cause du manque et douces en suite grâce aux souvenirs que nous avons de toi.

Nous continuerons à nous aimer et à t’aimer profondément, tes idées restent en nous et nous continuerons à les défendre. Jeudi matin, je t’appelais pour t’annoncer une bonne nouvelle, la relève que tu espérais tant devrait pointer le bout de son nez, j’aurais tellement voulu entendre ta surprise et ta joie. Nous allons essayer de l’éduquer comme toi tu l’as fait avec nous mais il faut dire que tu as mis la barre très haut, j’espère que papa sera là longtemps pour nous aider; en tout cas nous lui parlerons de toi, de sa grand-mère et de ses combats.

A tous ses amis je demanderais après un certain temps de supporter notre papa, mais vous le connaissez, 10 fois il vous dira non, alors insistez, invitez le 11 fois?.

Maman, nous connaissons tous tes convictions laïques, les croyances ne devraient jamais être que personnelles, se limiter à l’intérieur de la sphère privée, pourtant tu es partie le jour de l’ascension, une femme laïque jouant le rôle de jésus, voila un joli pied de nez. Nous connaissons aussi tous ton engagement féministe, je n’ai même pas été étonné quand j ai appris cette semaine seulement que le titre de ton mémoire obtenu en 1973 à l’ulb en science po est «la participation active des femmes dans la vie publique belge», autre remise à niveau, j’étais déjà enfant de la veuve et par ton départ tu rétablis une dernière fois l’égalité des sexes.

A l’ordre.

Chaque midi quand je serai sous le soleil et la lune réunis, je penserai à toi qui siège maintenant à l’orient en cette heure éternelle. Lorsque je serai dans l’ombre tu brilleras entre les astres. Lorsque le silence se fera et que je serai entouré, les yeux baissés sur les carrés, je penserai à toi. Nous ne sommes pas ici pour pleurer celle qui s’en est allée car nous savons qu’elle est vivante dans le grand temple éternel, notre joie est silencieuse et sincère, restez fidèles à l’idéal qu elle nous a montré. Nous nous réjouissons parce qu’elle a triomphé de la mort.

La mort n’est terrible que pour les enfants de l’obscurité.

Il est minuit maintenant, l’heure à laquelle les ténèbres les plus épaisses étendent leur voile de deuil. Alors, nous devons nous envelopper dans le manteau de la tristesse, dans le manteau de l’humilité.

Gémissons, gémissons, gémissons mais espérons.

Marie-Christine Exsteyl, de la Porte OuverteMarie-Christine Exsteyl, de la Porte Ouverte

Pensez au jour de votre mort. Cherchez la lumière que la mort ne peut éteindre, cherchez la vie que la mort ne peut ravir. Ton corps a rejoint les ténèbres mais ton esprit brûle toujours; que ton exemple nous guide et malgré notre douleur, que demeure l’espérance. Tu es maintenant plus près du pays de la beauté éternelle que nous qui attendons la vraie lumière.

Ton combat est fini, l’acacia symbole de notre espérance, je le mets sur ton sarcophage qui nous est sacré.

Voilà le point du jour, le soleil entre dans le temple de l’univers comme tu entrées dans la grand temple éternel où brille une lumière sans ombre.

Mes amis, espérons en confiance et sérénité.

Maman, tu seras toujours ma petite souris avec tes yeux qui se plissent et ton petit nez retroussé quand tu ris, voilà l image que je garderai de toi.

Merci pour tout maman et bon voyage.

Texte lu par Sylvain Nicolay, son fils, le jour de l’inhumation.

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