Éditorial

Parmi toutes les discriminations, la discrimination de sexe/genre a une place particulière, qui n’est pas – loin de là – une place privilégiée dans les préoccupations de ceux et celles qui combattent les droits que l’on appelle si bien les « droits de l’homme ».

Elle est notamment universelle et ubiquitaire, elle atteint chacune des personnes qui appartient au genre féminin, quel que soit son rang dans la hiérarchie d’une autre classification (race, classe sociale, fortune, etc.). La discrimination à l’encontre des femmes, elle est pratiquée même chez les personnes et les groupes qui défendent d’autres groupes discriminés. Elle a aussi une longue tradition – qui ne la justifie pas – dans les siècles et les millénaires, comme le rappelle une anecdote.

Une femme. Agnodice est un nom de femme. Elle s’est dit que cette loi interdisant aux femmes d’être accoucheuse était déplorable et on ne peut plus incommode ; elle voulait être à tout prix accoucheuse et elle a réfléchi trois jours et trois nuits au moyen de le devenir. À l’aube du troisième jour, elle a entendu un bébé pleurer dans la maison voisine, et elle a trouvé sur-le-champs ce qu’elle devait faire. Elle a coupé ses longs cheveux sans plus tarder, s’est vêtue d’habits masculins et s’en est allée écouter les cours de Hiérophile. Quand elle a su ce qu’elle voulait, elle a commencé sa pratique et elle a eu un succès considérable, madame. (Natsumé Soseki, Je suis un chat, Gallimard).

La ségrégation vestimentaire coutumière des personnes a dû être enfreinte par de nombreuses femmes pour accéder à des études ou à des professions exercées jusque là exclusivement par des hommes; on pensera, par exemple, aux métiers des armées et à Jeanne d’Arc. Mais ici, dans le cas d’Agnodice, il s’agit d’une activité qu’on pourrait croire « naturellement féminine » et l’on redécouvre le phénomène d’éviction des femmes dans le même domaine quand, au XIXe, les médecins – métier alors fermé aux femmes – supplantèrent les sages-femmes.

Il est inutile de rappeler à nos lecteurs et lectrices que c’est précisément la spécificité de notre Groupement que de lutter contre l’éviction des femmes, comme le rappelle cette photo datant de 1975 montrant trois membres de notre groupement lors de l’émission du timbre consacré à Marie Popelin dont la lutte pour devenir avocate est à l’origine du mouvement féministe dans notre pays.

Nous avons déjà rappelé l’initiative «Quo vadis» du Ministre fédéral qui appelle à l’entrée des femmes dans les métiers dits masculins.

Au moment où l’industrie automobile (19 août 2000) recherche du personnel et se déclare disposée à le former, exprimons notre volonté de voir davantage de femmes dans les garages, les ateliers et les bureaux d’études de ce secteur.

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