Un coup de projecteur sur une profession: médecin

Le retentissement dans les médias qu’a eu la publication des statistiques concernant cette profession nous amène à en parler assez longuement. En effet, la presse n’a pas manqué d’en faire de grands titres, comme La Libre Belgique des 3 et 4 août 2002 avec «Dix fois plus de femmes médecins qu’il y a trente ans» en première page.

Ce que l’on souligne dans les commentaires, ce n’est pas seulement l’accroissement de la proportion des femmes dans le métier, mais leur pénétration dans tous les secteurs et spécialisations; mais on souligne aussi qu’elles sont majoritaires à commencer les études ou à exercer les spécialités peu rémunérées (dermatologie ou anatomie pathologique par exemple), qui ont un rendement financier modeste.

Observation un peu étrange: elles sont loin d’être majoritaires en obstétrique?Quant à la hiérarchie dans l’enseignement ou à l’hôpital, il y a certes des femmes depuis plus de soixante ans, -comme le rappelle dans «semper» (revue médicale) la professeure M. De Rood, qui fut en son temps désignée comme «femme de l’année»-, mais leur proportion est moindre qu’à la base.

Sans doute ne manquera-t-on pas de dire qu’ «il faut du temps!». On ne manque pas non plus de souligner que les femmes auraient tendance à consacrer plus de temps à chaque prestation que les hommes, et à se contenter d’horaires de travail moins chargés, ce qui, à plus ou moins long terme, aurait pour effet de créer une pénurie de prestataires.

Autrement dit, «la place des femmes» alimente l’argumentation dans les disputes au sujet des diverses conceptions de la pratique professionnelle. Enfin les femmes interviewées déclarent leur gratitude aux membres de leur entourage qui les libèrent des charges ménagères et familiales.

Témoignages

Quelques témoignages retracent des situations auxquelles des femmes médecins ont dû faire face à une époque assez récente:

  • «A l’Université de Liège, à cette époque, le professeur B. était titulaire de la chaire d’obstétrique. C’était la clinique de manœuvres obstétricales; dans la salle pleine, les étudiantes étaient clairsemées; l’éminent pédagogue, voulant démontrer un exercice difficile mais ignorant manifestement la longue tradition des remarquables obstétriciennes qui l’avaient précédé auprès des parturientes, brandissait un forceps ou quelque autre instrument en proférant superbement que les femmes peuvent bien être accoucheuses, mais qu’elles ne peuvent pas être médecins accoucheurs. Et de fait il n’y avait aucune assistante dans son service. Nous les quelques étudiantes présentes, protestâmes en silence en frottant les pieds sur le sol». Docteur X
  • «C’était pendant la guerre 40-45, il y avait des bombardements sur Bruxelles. Pour renforcer leurs services dans ces circonstances, il fut décidé par les chefs de service que les stagiaires devraient au plus tôt, dans ce cas, rejoindre l’hôpital. Quand cette décision nous fut communiquée, et que ledit chef de service eut quitté le local, quelques étudiants en mal de «galanterie» déclarèrent que les filles devraient être dispensées de cette obligation. Sentant bien l’astuce, et la volonté que nourrissaient quelques machos (le terme n’était pas utilisé à cette époque) de se réserver le bénéfice d’une expérience professionnelle supplémentaire, nous, les filles, fûmes unanimes à refuser cette «dispense» et l’affaire en resta là». Docteur N.
  • «Je venais d’obtenir mon diplôme de médecine et mes études avaient été brillantes; Ce vieux médecin, ami de la famille, me félicite, me disant: «vous pouvez envisager de devenir adjoint des hôpitaux». Je ressentis immédiatement la restriction! Je me demande encore s’il savait que la réussite professionnelle et sociale dépend en (grande) partie des attentes manifestées par l’entourage et la société.» Docteur Z.
  • Sans remonter à ces époques relativement lointaines, nous lisons, dans une revue médicale de cette année 2002, le témoignage d’une consœ ur qui explique que,»spécialisée en chirurgie, elle ne trouva pas d’emploi dans l’hôpital de sa région et dut se contenter d’avoir à pratiquer la «petite chirurgie» en privé».
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